Interview de Claire Fauvel - Phoolan Devi
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Avec CultureBD, découvrez l'interview de Claire Parise, auteur de Phoolan Devi

 

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Phoolan Devi, c’est une jeune villageoise indienne qui, avant de rejoindre la vie politique, a embrassé le banditisme pour pourfendre violences et injustices. Entre humiliations, vengeance et révolte, cet incroyable destin est devenu une autobiographie que Claire Fauvel a fait ressurgir en BD. A l’occasion de sa sortie, l’autrice de La Guerre de Catherine, raconte la genèse de ce projet et sa fascination pour cette femme surprenante.

 

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Un destin hors-normes


Comment est né le projet d’adapter l’autobiographie de Phoolan Devi en BD ?
Claire Fauvel : J’avais découvert un peu par hasard l’autobiographie qu’a dictée Phoolan Devi. Le récit m’a marquée à l’époque et est resté dans un coin de ma tête. Quelques années après, j’en ai parlé à mon éditrice chez Casterman, Christine Cam, avec qui j’avais fait Une Saison en Egypte. Quand elle a entendu l’histoire, elle a trouvé qu’elle se prêterait bien à la bande dessinée car c’est quand même un récit de vie qui ne laisse vraiment pas indifférent.

 

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Beaucoup de choses m’ont plu dans cette histoire. C’est d’abord un récit très féministe car il aborde le droit des femmes. Un thème très actuel en Inde où les viols et les violences faites aux femmes sont encore très présents, mais aussi dans le monde entier. La vie de Phoolan Devi évoque également des éternelles inégalités entre les riches et les pauvres. Il y a aussi le côté anarchiste de cette femme et la violence du récit, qui révèlent les aspects durs et très négatifs de l’âme humaine. Mais l’héroïne reste quand même hyper attachante, avec un parcours tellement incroyable qu’elle nous marque dans le bon sens.

 

Quelle partie de son destin vouliez-vous mettre en avant ?

Je me suis plus concentrée sur sa jeunesse dans le banditisme, de ses dix-huit à vingt-deux ans. J’aurais bien aimé parler de sa période politique. Seulement ça fait trente ans de vie à raconter, ce qui n’est pas évident. Tout le monde a retenu son élection en tant que députée en Inde, ce qui est impressionnant vu la caste dont elle venait. Mais malgré cette victoire, elle a réalisé peu de faits remarquables car elle a été bloquée par les membres de partis opposés ou même de son propre parti qui la trouvaient vulgaire, pas assez éduquée. Et puis je n’avais pas beaucoup d’informations sur cette phase...

 

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Alors que j’avais plus de sources sur toute sa jeunesse. J’ai commencé le récit avec son enfance, car elle participe à sa construction. Je ne tenais pas à faire d’elle une énième femme forte, vengeresse et combative, car elle est beaucoup plus que ça. Elle est aussi une jeune fille au départ qui a été kidnappée très jeune par les bandits. Je tenais vraiment à dévoiler cette période adolescente et sa fragilité à ce moment-là.

 

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Capter les ambiances d’une époque


En plus de l’autobiographie, sur quoi vous êtes-vous basée pour construire le récit et son environnement graphique ?
Il y a bien trois-quatre romans qui ont été faits des écrivains ou journalistes sur Phoolan Devi. Je les ai relus pour recouper les informations, car les versions se différencient un peu. J’ai pris le parti me fier à son autobiographie, même si je pense qu’elle a romancé à quelques moments de son histoire. Je me suis également inspirée d’un film tournée sur elle dans les années 90, La reine des bandits de Shekhar Kapur : une superbe référence rien qu’au niveau des décors, des costumes et des ambiances. Avant de commencer la bande dessinée, j’ai aussi fait un voyage en Inde et ça m’a permis d’avoir de bons appuis graphiques.

 

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Comme Phoolan Devi, reine des bandits est une histoire assez actuelle et contemporaine, je tenais à ce que cela ressurgisse de façon réaliste sur planches. Surtout que le récit se déroulait dans un village, dans une zone très rurale de l’Inde. Cet endroit a peu évolué depuis les années 80 mais j’en avais une vision assez vague. Aller sur place était donc assez important et même très émouvant... J’ai retrouvé son village tel qu’elle le décrivait à l’époque, à part peut-être plus les jeunes qui ont leur téléphone portable.

 

On remarque également que la nature est très présente dans les planches...

Le récit qui se déroule dans des paysages assez incroyables de l’Inde, notamment des ravines, qui rappellent le Grand Canyon, ou la jungle. Je ne m’étais jamais rendu compte, mais dans mes bandes dessinées, j’aime bien accorder de l’importance à l’environnement général. Pour Phoolan Devi, je tenais justement à faire ressurgir cette nature à travers des ambiances colorées et lumineuses, qui comprennent aussi le ciel et les tenues indiennes auxquelles j’attache pas mal d’importance.

 

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Comment avez-vous conçu graphiquement l’héroïne et les personnages qui l’entourent ?
Une des difficultés restait de la faire vieillir. Je suis partie de photos de Phoolan jeune. Il y a un tout petit peu de photos quand elle était bandit et un peu plus d’elle en tant que députée. J’ai essayé d’imaginer comment elle pouvait être entre les deux et quand elle était enfant. Mon but était vraiment de sentir son évolution dans son parcours de bandit, de ses débuts où elle était encore un peu naïve aux événements assez traumatisants qui vont l’endurcir. Je me suis donc arrangée pour que cela se reflète sur ses traits.

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J’ai également fait intuitivement en sorte qu’on sente dans ses postures sa vivacité, son caractère, sa noirceur et sa colère. Pour les personnages qui l’entourent, je me suis basée sur les descriptions faites dans le roman, le reste tient de l’imaginaire. De mon voyage en Inde, j’ai aussi rapporté pas mal de photos, dont des visages qui m’ont marquée et servi d’inspiration.

 

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D’autres projets après ce troisième récit à caractère historique ?
Il est vrai que les BD que j’ai faites se déroulent à un moment particulier du passé, mais elles ne recherchent pas vraiment une justesse historique. Ce n’est pas tant une volonté mais un hasard total. Surtout que La Guerre de Catherine était une commande et non une idée venant de moi. Mais ça m’a plu de découvrir des univers complètement différents.

 

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Maintenant j’ai envie parler du monde actuel, notamment dans un nouveau projet racontant l’histoire d’une adolescente de banlieue qui va s’émanciper grâce à la musique. Il s’agit d’un projet plus intime et qui puise dans ma jeunesse !

 

Retrouvez l'article CultureBD autour de Phoolan Devi et la bande-dessinée Phoolan Devi sur Cultura.com. 

 

 

 

 

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