Découvrez le métier d'éditeur de mangas
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Le monde du livre regorge de métiers tous plus passionnants les uns que les autres. Et c'est à travers une série d'interviews d'acteurs de la chaîne du livre que nous vous proposons de les découvrir.
Aujourd'hui ce sont deux éditeurs de mangas chez Kana, Yuki et Timothée, qui ont accepté de répondre à nos questions. Comment travailler sur des textes en japonais ? Comment sont sélectionnées les séries de mangas publiées en français ? Découvrez les coulisses d'un métier aussi riche que passionnant, celui d'éditeur de mangas.
 
 
  • Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes. Quel est votre parcours scolaire et professionnel ?
Yuki :
Je m’appelle Yuki Takanami et je suis éditrice chez Kana.
Mes études étaient orientées évènementiel et communication, mais après avoir obtenu mon diplôme, j’ai voulu travailler dans le milieu de l’édition.
Mon profil un peu particulier (japonaise née en Belgique, bilingue japonais-français de langue maternelle, lisant du manga) a attiré l’attention de Christel Hoolans, directrice éditoriale de Kana à l’époque, qui m’a accueillie dans son équipe en 2008. D’abord en freelance, puis ensuite en tant qu’employée. J’ai pris le poste d’éditrice en 2018.
 
Timothée :
Je fais partie de cette génération qui a été bercée par les génériques des premiers dessins animés japonais diffusés en France (Goldorak, Capitaine Albator). Lecteur amateur de Bande Dessinées depuis l’enfance, ce n’est qu’à l’université que je vais me pencher plus attentivement sur le 9e art et lors de ma maîtrise en histoire contemporaine je vais rédiger un mémoire sur la publication, en France, d’un comics américain de super-héros : Les X-Men. J’ai enchaîné avec un Master en métiers du texte et de l’édition où je devais faire un stage. Je voulais le faire dans une maison d’édition BD et je me suis dit que sur Bruxelles je devrais trouver facilement. C’est comme ça que je suis arrivé, en 2006, dans l’équipe éditoriale des deux maisons éditions Dargaud Benelux et Kana, sous la direction de Yves Schlirf et Christel Hoolans. Embauché comme assistant éditorial j’ai poursuivi mon parcours dans les deux maison jusqu’en 2014 où je suis passé responsable éditorial sur Kana avant de devenir éditeur en 2018.
 
 
  • Quel est votre métier et en quoi consiste-t-il ?
Yuki :
J’effectue ce qu’on appelle le « sourcing » : le repérage de futures séries qui seront publiées chez Kana. Ainsi que la veille : il s’agit du suivi de l’actualité au Japon sur le manga et l’anime en général et la récolte d’informations liées aux séries et aux auteurs que nous publions.
Ce sont les tâches qui occupent 90% de mon temps.
Je participe ainsi à la sélection des titres, la préparation des offres pour obtenir les droits de publication en français et le partage des informations à toute l’équipe, une fois que l’on a obtenu les droits, la présentation de ces titres à nos partenaires professionnels internes et externes.
En tant que bilingue de l’équipe, il m’arrive aussi de faire de la traduction et de l’interprétariat.
 
Timothée :
On doit dénicher les perles rares, les futurs hits, tout en veillant à alimenter et animer notre catalogue. Et cela pour un public qui va de 7 à… 77 ans Smiley clignant de l'œil C’est ça qui est passionnant avec le manga, comme il s’agit d’un marché très jeune en France, on accompagne nos lecteurs et on s’efforce de toujours trouver des titres qui seront en adéquation avec leurs envies. On ne lit plus forcément les mêmes choses à 30 ans que ce qu’on lisait à 15 ans. Mais par contre, on va toujours aimer lire du manga. A nous donc de trouver les bons titres pour tous ces publics.
Et puis il ne faut pas oublier les auteurs occidentaux. Eux aussi ont grandi avec le manga, ont envie de se confronter à cette forme de narration. Et tant qu’éditeur, c’est aussi notre rôle d’accompagner cette création.
 
 
  • Présentez-nous les éditions Kana.
À l'initiative d'Yves Schlirf, libraire bruxellois et éditeur de Dargaud Benelux, passionné de manga, Kana est créé en 1996 et commence en publiant deux manhwa de Hyun Se Lee, Angel Dick et Armagedon. Dès 1997, Kana décroche plusieurs shonen phares dont Détective Conan, Slam Dunk, Saint Seiya, Hunter X Hunter ou encore Yū Yū Hakusho qui deviendront le socle du catalogue Kana.
En 2002, Kana décolle avec Naruto qui fera l’exception en France, en devenant numéro 1 des ventes et un des piliers du marché du manga.
Ces succès permettront à l’éditeur de diversifier son catalogue et de lancer dans les années qui suivent le seinen, avec Monster, sous son label Big Kana, du shonen un peu plus Dark, avec Death Note, mais aussi du shojo avec Blue Spring Ride. Suivront des titres plus niches et la découverte d’auteurs comme Asano ou encore Matsumoto Taiyo dans le label Made in et des grands maîtres du manga comme Otomo, Ishinomori, Matsumoto Leiji etc, dans le label Sensei.
Aujourd’hui, Kana porte un catalogue diversifié avec quelques belles séries contemporaines comme Assassination Classroom, Undead Unluck, Mission Yozakura, certaines à l’esprit plus décalé, La voie du tablier, ou des récits « tranche de vie » comme Love Fragrance. En 2021, l’éditeur a même fait le buzz en publiant la BD Goldorak, dans son label Classics.
 
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  • Comment choisissez-vous les titres que vous décidez d’adapter en français ?

Notre moteur, c’est l’envie de donner à notre public francophone l’occasion de découvrir une autre culture, d’autres artistes.

Vaste programme, alors, pour ne pas se perdre en chemin il y a notre exigence qui repose sur les critères suivants :
un mariage réussi entre une personnalité graphique forte, un scénario solide et original et, un sens de la narration qui va littéralement embarquer le lecteur.
 
 
  • Comment travaille-t-on sur des textes en japonais ?
En matière de processus, nous commençons par l’acquisition du matériel original, qui sera traduit, corrigé, lettré puis corrigé à nouveau.
L’approche choisie pour l’adaptation du texte dépendra du traducteur, qui choisira une fidélité littérale ou une adaptation aux références occidentales, selon le ton, le thème, le langage utilisé dans l’œuvre d’origine. Bien entendu, pendant tout le processus des échanges ont lieu entre l’équipe éditoriale et les traducteurs/correcteurs notamment pour s’assurer qu’on sera toujours fidèle à l’œuvre originale, de ne pas trahir l’intention de l’auteur. Pour cela, si nous en sentons la nécessité, nous n’hésitons pas à interroger l’éditeur et/ou l’auteur pour être sûr que nous avons bien compris cette intention.

 

 

  • Avez-vous des contacts réguliers avec les mangakas ou les éditeurs japonais ? Quelles libertés avez-vous en adaptant les titres en France ?
En règle générale, nous n’avons pas de contact direct avec les auteurs ou leurs éditeurs sauf lorsque nous avons l’opportunité de les inviter lors d’un festival comme Angoulême par exemple. Notre point de contact auprès des ayants droit japonais est le plus souvent les membres du département des droits étrangers au sein des maisons d’édition ou les agents représentant les ayants droit.
En de très rares occasions, il arrive que nous puissions discuter avec les éditeurs japonais, ce qui est toujours une expérience enrichissante nous permettant de découvrir leurs méthodes de travail fort différentes des nôtres, dans la BD par exemple.
En ce qui concerne la liberté d’adaptation, cela dépend grandement de la maison d’édition, des éditeurs, des auteurs mais aussi de l’œuvre en question. Il arrive que nous n’ayons aucune marge de manœuvre et à l’autre extrême, que nous puissions adapter jusqu’au sens de lecture de l’œuvre.
 
 
  • Comment vous êtes-vous intéressé au manga ? Etes-vous passionné par la culture japonaise ?
Yuki :
Mes deux parents étant tous les deux japonais, mon enfance a été fortement influencée par leur culture à eux. Ma mère en particulier est fortement attachée à la culture et pop-culture japonaise, ce qui fait que le manga a toujours et tout naturellement fait partie de mon quotidien.
J’ai lu mes premiers mangas avant mes 10 ans et acheté mes volumes à moi, avec mon argent de poche, dès le collège. Depuis, je ne suis plus jamais sortie du bain !
 
Timothée :
Comme beaucoup, quand j’ai découvert que les dessins animés que je regardais plus jeune étaient en fait basés sur des mangas. Et le manga a été pour moi une porte d’entrée sur la culture japonaise. Pour mieux la comprendre, pour en découvrir d’autres facettes, je suis allée voir ce qu’elle proposait via sa littérature, son cinéma, sa photographie. J’ai adoré les romans L’école de la chaire de Yukio Mishima et La femme des sables de Kobo Abe par exemple. Et le travail de Noboyushi Araki en photo me fait bien marrer.
 
 
  • Pour finir, avez-vous un coup de cœur à partager aux membres de la communauté CulturaLivres ? 
 
Yuki : Darwin Incident et The Yakuza’s Guide to Babysitting : nos deux bijoux de la rentrée !
 
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Résumé : Charlie est né en laboratoire à la suite d'expérimentations génétiques, d'un père humain et d'une mère chimpanzé ; il est un « humanzee ». Spécimen unique, Charlie est recueilli et élevé en famille par un couple formé par un scientifique spécialiste des primates et par une avocate. 15 ans plus tard, Charlie le humanzee intègre le lycée et il fait la rencontre d'une jeune fille du nom de Lucy. Pourtant, l'arrivée de Charlie dans la communauté humaine va créer une onde de choc. Bien vite, les implications de son existence secouent la société américaine et, au-delà, suscite des questions au niveau mondial... Entre des activistes vegan radicaux qui veulent en faire leur emblème et les bien-pensants qui estiment qu'il est la preuve vivante des dérives de la science, Charlie, qui incarne l'évolution malgré lui, va se retrouver au centre de bien des enjeux ! Lui qui aspire juste à avoir la vie la plus normale possible... On a hâte de savoir quelles réponses l'intelligence particulière de Charlie va trouver face aux terribles difficultés qui se présentent à lui !
 
 
Timothée :
Cette année, je ne peux pas ne pas citer le Saint Seiya de Jérôme Alquié et Arnaud Dollen. Le dessin animé avait été une claque monumentale quand il avait débarqué sur la TV. Ensuite, j’intègre Kana, la maison qui édite le manga de Masami Kurumada et maintenant je travaille sur la version BD que réalise Arnaud Dollen et Jérôme Alquié. Qui en plus va avoir droit à sa pré-publication au Japon. Editeur, c’est aussi des moments comme ça et c’est magique !
 
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Résumé : Plongez au coeur de la nouvelle aventure des Chevaliers du Zodiaque !
Les chevaliers d'Athéna ont vaincu bien des adversaires. Découvrez aujourd'hui le récit de la plus terrible épreuve qu'ils aient traversée : la Grande Guerre sainte contre Hadès, le dieu des enfers. Mettant en scène de nouveaux héros, mais aussi d'anciennes figures familières, voici le premier tome du récit inédit de la légendaire bataille qui a opposé Hadès à Athéna il y a plus de deux siècles !
 
 

 

 

Retrouvez toutes nos interviews sur les métiers du livre : 
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