Editeur de BD, un métier de passion : rencontre avec Nadia Gibert
LeaCultura
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Le monde du livre regorge de métiers tous plus passionnants les uns que les autres. Et c'est à travers une série d'interviews d'acteurs de la chaîne du livre que nous vous proposons de les découvrir.
Après la présentation du métier d'acheteur BD avec @SebastienG, celui de directeur de collection romans noirs, de e-libraire ou encore d'éditeur de mangas, découvrez aujourd'hui le métier d'éditeur de bandes dessinées. 
C'est Nadia Gibert, éditrice chez Rue de Sèvres qui a accepté de répondre à nos questions. 
Choix des projets à éditeur, fabrication, accompagnement des auteurs... Nadia vous dit tout sur son métier passion. 

 

 
  • Présentez-vous. Quel est votre parcours scolaire et professionnel ?
J’ai eu un Bac littéraire, ensuite j’ai fait une fac de langues étrangères appliquées. J’ai commencé à travailler dans l’édition, j’ai connu différents postes qui m’ont donné une bonne vision du marché et des métiers du livre. Je suis passée par un service commercial, ensuite par un service de fabrication. J’ai également travaillé pour une revue de bandes dessinées dans laquelle j’ai pu aussi approcher différentes facettes pour finalement devenir éditrice.
 
  • Quel est votre métier et en quoi consiste-t-il ?
Je suis éditrice de bandes dessinées. Ce travail consiste à développer un catalogue, ce qui signifie, trouver les auteurs avec lesquels nous pourrions travailler, les accompagner dans leur travail et finaliser toutes les facettes de l’album avant qu’il ne parte chez l’imprimeur. Nous pouvons aussi nouer des contacts avec des éditeurs étrangers auxquels nous pouvons acheter des projets, les traduire en français et les publier. Il nous arrive également d'adapter des romans en bande dessinée, il faut alors trouver le dessinateur qui aimera le livre et aura envie de dessiner l’histoire. 

 

  • D’où vous vient votre passion pour la bande dessinée ? Quels albums vont ont marquée ?
Le métier d’éditeur est un métier de passion, car nous sommes à l’affût de toutes les bonnes idées que l’on pourrait voir se développer en bande dessinée. Il faut être curieux de tout, être ouvert au monde dans lequel on vit. Les albums qui m’ont vraiment marquée : les romans graphiques de Taniguchi, qui avait une véritable maestria pour dire les petites choses du quotidien avec poésie et avec beaucoup de sensibilité. Les Indes fourbes d’Alain Ayroles et Juanjo Guarnido, qui a été un immense plaisir de lecture. Les albums dans une veine réaliste de Zep, The End ou Ce que nous sommes, m’ont beaucoup marquée, car l’être humain est toujours au centre de la problématique et essaie de trouver des solutions. Il y a beaucoup d’empathie pour les personnages.
 
  • Présentez-nous les éditions Rue de Sèvres.
Rue de Sèvres est une maison d’édition que nous avons créée il y a pile 10 ans, en 2013. Nous étions 4 personnes autour de Louis Delas, le patron. Nous avions à cœur de faire une maison dans laquelle l’auteur est au centre du projet. Ne pas trop produire d’albums par an, mais prendre le temps de bien les faire, accompagner les auteurs avec bienveillance tout au long de la création. Nous voulions développer des bandes dessinées adulte, tous publics et jeunesse. Tout était possible, à condition d’avoir une très bonne histoire. La bande dessinée c’est avant tout une bonne histoire. Le dessin est très important, mais le lecteur doit êtes captivé par le récit. C’est ce qui fait la différence entre une très bonne bande dessinée et une bande dessinée lambda.

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  • Comment choisissez-vous les bandes dessinées à éditer ? Si un auteur souhaite vous proposer un projet, ça se passe comment ?
Les auteurs nous envoient par mail le projet qui est composé d’un synopsis détaillé et de quelques planches. Nous lisons le projet attentivement. Si le projet est intéressant nous travaillons avec l’auteur pour l’amener jusqu’à la parution, en accompagnant l’auteur dans toutes les phases du projet (scénario, storyboard, encrage et couleur) s’il le projet ne nous intéresse pas, nous déclinons la proposition. Quand un auteur propose un projet, il faut que le dossier soit assez développé pour que l’on puisse avoir une bonne vision de ce qu’il veut faire. S’il s’agit d’un one shot, il faut que l’histoire soit assez écrite pour que l’on comprenne les enjeux, les différents développements. Si nous décidons de publier le projet, nous faisons une proposition financière à l’auteur et ensuite un contrat.
 
  • Quelles contraintes principales rencontre-t-on quand on édite une bande dessinée plutôt qu’un texte de type roman ?
La bande dessinée est plus chère à fabriquer. Les albums sont souvent en couleur, les papiers sont qualitatifs, toute la fabrication coûte plus chère que celle par exemple d’un roman. Les réimpressions sont souvent plus longues également, il faut prévoir plus de temps que pour réimprimer un roman. Le prix de vente ne doit pas être trop élevé, car le public est habitué à payer une bande dessinée moins chère, même si aujourd’hui ces tendances ont évolué.

 

  • Quelle bande dessinée auriez-vous aimé éditer ?
Maus de Art Spiegelman

 

  • Pour finir, avez-vous un coup de cœur à partager aux membres de la communauté CulturaLivres ?
Mon coup de cœur est un album d’un jeune auteur que nous avons publié : Hoka Hey.
C’est un album de 224 pages de Neyef. C’est un récit initiatique brillant tant par le dessin que par la narration. Il est très rare, sur une longue pagination, de réussir à maintenir le lecteur en haleine. Ici Neyef réussit ce challenge avec maestria. Il y a une véritable osmose entre le dessin et l’histoire, c’est un album époustouflant. Même quand on ne lit pas de BD, cette histoire vous emporte.
 
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 Hoka Hey de Nefef
Résumé : Dès 1850, les jeunes amérindiens étaient internés de force dans des pensionnats catholiques pour les assimiler à la nation américaine. En 1900, la population des natifs en Amérique du Nord avait diminué de 93%. La plupart étaient morts de nouvelles maladies importées par les colons, d'exterminations subventionnés par l'état, et lors des déportations. Georges est un jeune Lakota élevé par le pasteur qui administre sa réserve. Acculturé, le jeune garçon oublie peu à peu ses racines et rêve d'un futur inspiré du modèle américain, en pleine expansion. Il va croiser la route de Little Knife, amérindien froid et violent à la recherche du meurtrier de sa mère. Accompagné de ses deux comparses, celui-ci arrache Georges à sa vie et l'embarque dans son périple. Au fil de leur voyage, l'homme et le garçon vont s'ouvrir l'un à l'autre et trouver ce qui leur est essentiel : l'apaisement de la colère par la transmission de sa culture pour l'un et la découverte de son identité et de ses origines pour l'autre.
12 Commentaires
CharlotteV
Community Manager

Merci beaucoup @LeaCultura pour cette passionnante interview, c'est super de pouvoir découvrir un peu plus le métier d'éditrice de bande dessinée !

spitfire89
Team Lecture

merci @LeaCultura et Nadia Gibert pour nous avoir partagés ce métier j'aime lire comme vous le savez et si j'avais la chance d'être entouré de toutes ses BD je ne mettrai plus les pieds dehors et je serai déconnecté du monde je ne me lasserai jamais de toutes ses lectures. Smiley clignant de l'œil

montagne85
Team Lecture

@LeaCultura Merci pour cet article sur l'édition de la BD. C'est très intéressant car Nadia Gibert explique bien tout le déroulement.

soff78
Team Lecture

Merci pour cette super interview @LeaCultura !!!

"Moon", édité chez Rue de Sèvres est sur ma table de nuit, dans le cadre du défi de @CharlotteV . Je ferai mon post très vite.

Et puis comme Nadia Gibert, j'ai adoré "Les Indes fourbes", aussi bien pour son histoire incroyable que pour les dessins magnifiques.

 

https://www.cultura.com/p-les-indes-fourbes-9782756035734.html

 

https://www.cultura.com/p-moon-9782810214228.html

LeaCultura
Community Manager

@soff78 Moon me tente bien aussi. Je lirai ton post avec envie. Des éditions Rue de Sèvres j'ai lu il y a quelques années La guerre de Catherine que j'avais adoré. Et puis bien évidemment Edmond dont je suis fan (également en film !).

marie-sylvette
Grand Explorateur

@LeaCultura merci, il est toujours intéressant d'apprendre de nouvelles choses dont les métiers 

LeaCultura
Community Manager

Merci @marie-sylvette. Les métiers du livre sont passionnants. 

emeline2094
Team Lecture

Merci @LeaCultura !!! J’adore découvrir ces posts sur les métiers du livre… Super intéressant comme toujours !!!!!

LeaCultura
Community Manager

Merci beaucoup @emeline2094. C'est super encourageant d'avoir tous ces retours de votre part et ça nous encourage à vous proposer toujours plus de contenus enrichissants. 

kryan
Guide

Tout à fait!

NessaBooks
Passager

@LeaCultura Merci pour cet article, c'est toujours intéressant de découvrir les différents métiers du livre. Cela nous permet de connaitre ''le parcours d'un livre''.

LeaCultura
Community Manager

@NessaBooks Merci beaucoup. N'hésitez pas à nous dire quel autre métier du livre vous aimeriez découvrir. 

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