[INTERVIEW AUTEUR] Le portrait de Gaëlle Josse, l'autrice de La nuit des pères !
La rentrée littéraire est désormais bien installée en librairie. Parmi les 490 romans qui sortiront cette année, nous vous avons dévoilé notre sélection de coups de cœur de la rentrée littéraire française.
Pendant toute la durée de la rentrée littéraire, nous vous proposons de découvrir chaque semaine une interview exclusive pour CulturaLivres de l'un des auteurs de notre sélection de coups de cœur.

 

Découvrez le nouveau roman de Gaëlle Josse, La nuit des pères. L'histoire d'Isabelle qui doit revenir au chevet de son père après de longues années sans l'avoir vu. Elle va devoir renouer avec un père destructeur et difficile à aimer. Famille déchirée, non-dits... découvrez un roman d'une grande fragilité.

 

@James Weston@James Weston
  • Pouvez-vous présenter votre roman pour les membres qui ne l’ont pas (encore) lu ? 
La nuit des pères

 

77_9782882507488_1_75.jpgAvec plaisir ! Comme la plupart de mes livres, il s’agit d’une histoire simple, qui permet d’explorer nos vies, nos choix, nos émotions, nos relations avec les autres, nos fragilités. Ici, c’est une femme, Isabelle, appelée par son frère Olivier, qui va rejoindre le village des Alpes dont ils sont originaires. La santé de leur père âgé, ancien guide de montagne, décline. Après de longues années d’absence, elle appréhende ce retour, elle qui a fui un père colérique, violent, silencieux, mais elle comprend que c’est aussi l’ultime possibilité de comprendre qui était ce père si destructeur, si difficile à aimer. Entre eux trois, pendant quelques jours, l’histoire familiale va se nouer et se dénouer, éclairée par les aveux de ce père au soir de sa vie.  
J’ai voulu écrire sur la complexité, l’ambivalence des sentiments filiaux, sur ce mystère que constitue la vie de nos parents, et sur ce moment où les rôles s’inversent, à l’heure où nos parents vieillissent. Comment prendre soin de celui qui ne nous a jamais protégés, jamais regardés ? Et est-ce que comprendre ses raisons, comprendre ses inguérissables blessures, son histoire, permet de pardonner ?  
On ne sait jamais qui sont réellement nos proches, et nous sommes parfois pris dans une histoire qui n’est pas la nôtre… Dans une fratrie, personne ne vit la même histoire, c’est quelque chose qui me frappe beaucoup. C’est avec ces questions-là que cette histoire s’est construite, avec la montagne en toile de fond, splendide et terrifiante, elle est le domaine du père... 
Disponible en format numérique
Ce que @JG69 en a pensé : "Un magnifique roman empreint d'une douce mélancolie. Une plume toujours aussi soignée. Un titre très beau. Un roman délicat, sensible, très beau."

Retrouvez son avis complet

 

 

  • Votre livre est-il de l’autofiction ou de la création pure ? Peut-être l’écrivain met-il toujours une part de lui dans ses écrits ? 
Je serais tentée de dire qu’il s’agit des deux à la fois ! Ni pure autofiction ni fiction totale ! Ce livre est certainement celui qui m’est le plus personnel, le plus intime, le plus fort pour moi sur le plan émotionnel, même si dans chacun de mes romans, dans chaque page il y a quelque chose de moi. J’ai mis du temps à aborder par l’écriture cette question du père, très à vif pour moi, je savais que je devais y arriver un jour, et aujourd’hui le livre est là. 
Pour moi, un livre qui raconte juste une histoire, si elle n’entre pas en écho avec ma vie, avec mon histoire, avec mes questionnements, mes contradictions, mes peurs, mes émerveillements, a peu d’intérêt. Je crois que c’est la sincérité de l’auteur qui donne sa force, sa vibration à une histoire, même si la place de l’imaginaire est grande et permet des explorations plus vastes encore. 
 

 

  • Concernant le conflit entre la France et l’Algérie, pour quelle raison avoir voulu traiter de cette page de l’histoire ? 
J’ai toujours été frappée, dans mon enfance, avec un père et deux frères de ma mère ayant pris part à ce conflit, de la violence de ce vécu, des souvenirs, des questions, des hantises, des blessures sur lesquelles on ne mettait pas de mots à cette époque.  
Guerriers malgré eux d’une guerre coloniale honteuse, combattants sans gloire d’une guerre qui ne disait pas son nom, jeunes gens arrachés à vingt ans à leur vie du jour au lendemain pour basculer dans l’horreur pendant deux longues années, confrontés à la peur, l’angoisse, l’horreur.  Des hommes pris dans un conflit dont ils ne savaient pas grand-chose, d’une histoire qui n’était pas la leur, conduits à subir et faire subir l’horreur. Je trouve ça terrible. Tout cela est resté à vif. Voir un vieil homme pleurer à cause de ce qu’il a vu ou fait plus d’un demi-siècle auparavant, c’est impressionnant... 
 

 

  • Comment s’est passée l’écriture de ce nouveau roman ? Avez-vous un rituel d’écriture ? 
J’ai peu de rituels, en fait, si ce n’est ceux liés au document sur lequel je travaille. J’ai besoin de présenter mon texte toujours de la même façon, place du titre, police de caractères, marges, espacements, j’ai besoin d’une photo sur la première page, comme pour une couverture de livre, je la change parfois en cours d’écriture, et j’ai besoin de donner un titre, de nommer le travail en cours, ce titre peut parfois changer, ou demeurer parce que je sens que c’est le bon. 
Pour le reste, j’écris lorsque les choses sont déjà mûres dans ma tête, jamais je ne m’installe à l’ordinateur en me demandant ce que je vais écrire, et j’ai toujours un cahier avec moi qui me permet d’accueillir ce qui arrive à tout moment, voire d’écrire à la main certains passages particulièrement fort émotionnellement. La main, le cerveau, le cœur, un chemin bien mystérieux… 
Et même lorsque je ne suis pas en train d’écrire, le livre continue dans ma tête... Je crois que l’écriture d’un livre est une obsession, une présence à laquelle il faut donner vie... 
 

 

  • Que représente la rentrée littéraire pour vous ? 
Un vrai grand moment de découvertes multiples ! Je suis une grande lectrice, d’une insatiable curiosité, je passe beaucoup de temps en librairies à explorer les tables, à me laisser tenter, à hésiter, à laisser un livre, y revenir… Je regrette en revanche que parmi les centaines de titres publiés, seuls quelques-uns d’entre eux vont rencontrer leurs lecteurs, alors qu’il y a tant de merveilles… C’est là tout le sens du travail des libraires, de mettre en avant des titres qui passeraient inaperçus et de permettre à leurs lecteurs de découvrir des joyaux… Et la rentrée ne doit pas faire table rase des titres parus quelques mois avant, les livres ont aussi besoin de temps... 
 

 

  • Avez-vous un récent coup de cœur à partager aux membres de la communauté CulturaLivres ? 
J’ai lu cet été un merveilleux bouquin, Hamnet, de Maggie O’Farrel, en poche 10/18. On y rencontre l’épouse et les enfants du dramaturge Shakespeare, qui n’est jamais nommé. C’est une histoire bouleversante autour de la perte d’un enfant, autour d’une fratrie, c’est un portrait de femme et mère somptueux, c’est aussi une histoire d’amour d’une force rare, dans les décors, les mœurs, les vies d’une Angleterre du XVIe siècle. La fin est d’une émotion et d’une puissance époustouflante. Allez, aucune hésitation !! 
 
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