Disons que je suis un gars qui est né et a grandi près des montagnes, ce qui est toujours très pratique pour se rapprocher des étoiles. Disons aussi que j'ai mis un peu de temps pour tomber dans la marmite des "mots qui soufflent de belles histoires", c'était quelque part entre le brevet et le bac, grâce à des profs de français qui, sans le savoir, m'ont mis la tête dans cette fameuse marmite, ce dont je les remercie. Depuis, chaque fois que c'est possible, je passe du temps avec des personnages imaginaires. Je les invite dans mon bureau, ils me racontent leurs aventures, et moi, eh ben, je les écris !
Un beau jour, donc, j'ai commencé à écrire Jeux et Merveilles, qui vient de paraître aux éditions L'école des loisirs. C'était un matin de printemps, et dans l'air flottait le parfum de l'enfance; vous savez, c'est ce parfum enchanteur qui donne envie de jouer à l'aventurier, au cow-boy, au pirate, au magicien, au chasseur de trésor... Après avoir un peu trop respiré ce parfum si particulier, j'ai eu envie d'écrire sur ces différents univers, envie d'écrire un livre qui ressemblerait un peu à un catalogue de Lego ou de Playmobil : on change d'ambiance à chaque page, passant du moyen-âge à l'espace, de l'espace aux dinosaures, des dinosaures aux corsaires... Là, pareil. J'ai donc imaginé une sorte de jeu (hommage revendiqué à Jumanji) dans lequel Tibotie (le jeune héros) se retrouve soudain propulsé. Dans cette espèce de jeu de l'oie, les différentes cases ont tour à tour un petit quelque chose de Pirates des Caraïbes, d'Alice au pays des merveilles, de Mary Poppins, de l'indien du placard, de... Le reste, je vous laisse le découvrir.
Jeux et merveilles de Aurélien Loncke
Cela faisait environ trois mille huit cent cinquante jours que Tibotie s'ennuyait ferme dans le manoir de son grand-père, le capitaine Drimme, un navigateur à la retraite. Trois mille huit cent cinquante jours pendant lesquels il ne s'était jamais rien passé de drôle, d'extraordinaire ou de palpitant. Et puis, le trois mille huit cent cinquante-deuxième jour... Le vent apporte un rectangle de parchemin vulgairement déchiré, pour être précis. Le genre de papier un peu ocre, un peu miteux, sur lequel on dessine des cartes au trésor...
Pourquoi la littérature jeunesse ? Parce que c'est le domaine du conte, du "tout est possible", des étoiles dans les yeux. Ecrire de la littérature jeunesse, c'est chercher à retrouver l'émerveillement de l'enfance. J'y arrive parfois. Cela dure environ trois battements d'ailes de fée, c'est court, mais pendant ces trois battements d'ailes, j'ai à nouveau dix ans, des mondes imaginaires sont à ma portée, et bon sang que c'est agréable !
Avec L'école des loisirs, ça a été un coup de foudre. Cela date d'une époque où je travaillais en bibliothèque, et plus spécifiquement au rayon jeunesse, tiens tiens... Il y avait ces collections que les enfants empruntaient : Mouche, Neuf, Medium... Les couvertures à l'époque étaient on-ne-peut-plus-fades, mais sous ces apparences un rien ternes se cachaient des textes de grande qualité, portés par de belles plumes. Par textes de qualité, j'entends : textes bien écrits ET qui ont quelque chose à dire. J'ai alors pensé ceci : "Voilà un éditeur qui n'a pas peur de publier des auteurs ayant du style, du relief, ce qui à première vue n'est pas forcément compatible avec la demande du marché !" Bref, un éditeur qui n'a pas peur de faire un pas sur le côté pour regarder le monde, la vie, sous un angle différent. Ca m'a plu. Quand est venue l'heure d'envoyer mon premier texte jeunesse (un conte intitulé L'histoire d'un épouvantail débutant), L'école des loisirs a été une évidence, et les étoiles se sont alignées pour moi. Merci les étoiles !
Pour le moment, non. Mais il ne faut jamais dire "Fontaine, je ne boirai pas ton eau..."
Des rituels ? Plutôt des "trucs". Par exemple, je ne sors jamais sans carnet et crayon. Pourquoi ? Facile : par malice, les meilleures idées vous tombent toujours dessus quand vous êtes en voiture, en promenade, au boulot, ou au rayon papier toilette du supermarché du coin. Il faut donc pouvoir les capturer, ces bonnes idées, avant qu'elles ne s'envolent comme des papillons. Et le meilleur piège à idées, c'est encore le carnet. Une idée + une idée + une idée + un nom de personnage + une idée + un nom de lieu + une idée = un début de roman.
Une fois que la colonne vertébrale de l'histoire est en place, solide, il ne reste plus qu'à piocher dans la besace aux jolis mots pour utiliser les meilleurs, ceux qui brillent comme l'or et les diamants, afin que le récit soit le plus charmant possible, même s'il ne l'est jamais assez à mon goût...
C'est compliqué, les journées en librairie sont physiquement fatigantes, mais ne nous penchons pas trop là-dessus. Gardons le côté positif du difficile mais si beau métier de libraire (oui, je préfère dire libraire) : la possibilité de côtoyer au quotidien des œuvres nées de l'imaginaire de personnes différentes les unes des autres, qui ont chacune leurs rêves, leurs doutes, leurs univers, leur propre sensibilité, et leur manière de le dire... Cela fait un sacré bouquet d'histoires et d'auteurs à découvrir, et c'est hyper stimulant !
Après une courte auto-analyse, allongé sur mon divan, j'en suis venu à la conclusion que ma passion pour les mots (les miens et ceux des autres) est un réflexe de défense face à un monde que je ne comprends pas, et qui m'effraie par bien des aspects. Chaque jour, il suffit d'ouvrir le journal pour mesurer la bêtise de l'Homme. Je pourrais ici faire la liste de ses travers, mais ça prendrait quatre pages. Alors, pour me réfugier le plus loin possible d'un monde triste, gris, dominé par la pollution, les guerres, les maladies, les conflits, les envies de croissance éternelle et j'en passe, je cours le plus vite possible dans cette bulle de bien-être : le livre. Et l'écriture. Avec une tasse d'un excellent café (et un carré de chocolat), je vous garantis que ça a un petit goût de paradis !
M'inspire tout ce qui, à un moment, à mes yeux, va me donner la certitude que ça vaut la peine d'être raconté, d'y passer du temps. Jeux et Merveilles, par exemple, c'est deux mois d'écriture pour le premier jet, suivis d'un an de corrections, modifications... Ecrire un roman, c'est partir pour un long, long voyage. Il y aura des erreurs de trajet, des pannes de moteur... Alors autant être certain que les paysages, à l'arrivée, en valent le coup.
Des coups de cœur, j'en ai des charrettes pleines ! Mais s'il fallait en retenir un, eh bien ce serait... disons... voyons voir... mon dieu que c'est difficile de choisir ! Bon, je vais fermer les yeux et en tirer un au sort. Voilà. Et l'heureux vainqueur est : Mémoires de la forêt, de Mickael Brun-Arnaud, éditions L'école des loisirs. Sur un sujet rarement porté en littérature jeunesse (c'est en gros l'histoire d'une vieille taupe qui souffre de la maladie de l'Oublie-tout), l'auteur a cuisiné une histoire profonde, intelligente, pleine de charme et d'émotions, le tout porté par des illustrations d'une grande qualité. Et donc, chapeau bas !
Concours -- RESULTATS
Vous avez envie de découvrir le roman de Aurélien Loncke ? Ca tombe bien, on a 3 exemplaires dédicacés de Jeux et Merveilles à vous offrir. Pour participer, laissez un commentaire sous cet article.
Tirage au sort à partir du 31 mai.
Bravo à @kryan, @Lectrix16 et @nine27. Vous remportez un exemplaire dédicacé du roman de Aurélien Loncke.
Envoyez-moi un message privé avec votre adresse et le prénom à qui s'adresse la dédicace.
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