[INTERVIEW] Découvrez Par la force des choses de Claire Norton !

[CharlotteV]

Alors que nous vous proposions de découvrir Claire Norton il y a quelques mois dans un portrait réalisé grâce à @deepestblue, notre ambassadrice CulturaLivres a eu l'opportunité de pouvoir lire le tout nouveau roman de l'écrivaine afin de réaliser l'interview ci-dessous ! 

Claire Norton nous propose cette fois-ci Par la force des choses, une fresque amoureuse et familiale, bouleversante, qui défie le temps, à paraître le 21 septembre 2023.

• Bonjour Claire Norton. Nous sommes ravis de vous accueillir pour la première fois sur la communauté de lecteurs CulturaLivres. Votre nouveau roman Par la force des choses, sort le 21 septembre prochain. Pouvez-vous le présenter à la communauté ?

Au démarrage de ce roman, nous rencontrons Lisa, une jeune femme déterminée et pragmatique. Élevée par une mère célibataire et féministe engagée, elle conçoit avant tout le couple comme un partenariat qui se construit sur l’envie d’avancer ensemble.

Mais une rencontre avec un homme marié et père de deux enfants, aussi rationnel et pragmatique qu’elle, va faire voler en éclat toutes ses convictions, voire certitudes. Car tous deux vont basculer dans une histoire d’amour interdite et démesurée qui va s’imposer à eux, et qui va totalement leur échapper…

Par la force des choses 

Résumé : Si vous aviez su ce que la vie vous réservait, auriez-vous fait les mêmes choix ?

Farouchement indépendante, Lisa n'a jamais cru au grand amour . Pour elle, un couple est avant tout un partenariat. Et la vie, une succession de décisions à prendre.

Pragmatique, elle s'efforce d'oublier la rencontre magique faite lors d'une nuit festive, afin de poursuivre son chemin, sereinement. Mais le destin est têtu : lorsque, quelques années plus tard, elle recroise cet homme, toutes ses certitudes volent en éclats. Lisa doit alors se confronter à ses contradictions, à ses choix et, par la force des choses, à ceux des autres et à leurs conséquences.

Rien n'est plus difficile à décrire qu'un amour qui emporte tout sur son passage. C'est pourtant ce tour de force que réussit Claire Norton en nous entraînant dans l'inoubliable histoire de Lisa et Victor.

Disponible au format numérique également 

• Tout d'abord, pourquoi ce titre qui laisse à penser à une certaine fatalité ?

J’ai voulu ce titre pour deux raisons.

La première parce que nous trouvons dans ce roman une sorte de confrontation entre une argumentation déterministe, qui consiste à penser que chacun de nos choix nous fait prendre un chemin, et une autre qui consisterait davantage à penser que nos trajectoires sont le fruit de hasards ou de la fatalité. Ce roman combine ces deux approches, car ce sont toutes ces dimensions-là qui vont venir impacter, dans une interaction complexe entre différents facteurs et forces, le devenir d’une relation très forte entre les personnages du roman.

La seconde raison est que cette expression me permettait de rendre hommage à une grande dame qui a beaucoup fait pour le droit des femmes. Mon personnage féminin principal milite en effet pour la cause féministe, et à ce titre elle admire Simone de Beauvoir, dont les œuvres et les prises de position résonnent encore aujourd’hui comme des symboles intemporels de l’engagement féministe. Or, Madame de Beauvoir a écrit une autobiographie dont l’un des tomes s’intitule « La force des choses »…

• Lisa est une femme indépendante qui semble convaincue, au début, que l'amour n'existe pas. Pourtant, sa rencontre avec Victor va anéantir ses certitudes. Pensez-vous qu'un coup de foudre peut radicalement changer notre vision des choses et de la vie en général ?

Je pense qu’un coup de foudre peut transitoirement changer notre vision des choses. Car il éveille un sentiment à ce point intense qu’il provoque un réel bouleversement émotionnel et mental. Ce séisme rend subitement possible la fusion avec un(e) autre que soi, où chacun renonce un peu à lui-même tout en idéalisant l’autre. Mais la passion est l’amour des débuts. Car le temps fait toujours son œuvre, et le sentiment du « coup de foudre » doit nécessairement se transformer en autre chose pour devenir une relation plus profonde -ou pas-.

Ce nouvel attachement, plus authentique, implique alors pour chacun d’avoir retrouvé sa propre individualité et d’avoir appris à aimer l’autre pour ce qu’il est réellement, et non plus pour ce qu’il aurait souhaité qu’il soit.

Et lorsque cette relation-là s’inscrit dans le temps, oui, je crois qu’elle peut changer radicalement et durablement la vision des choses et de la vie de celui qui aime…

• Charles, le compagnon de Lisa, a tout du pervers narcissique et manipulateur, une personnalité détestable qu'on a pu retrouver dans l'un de vos précédents romans Celle que je suis. Pourquoi est-ce important pour vous de mettre en lumière ce genre de comportement déviant dans vos récits ?

Charles n’a pas tout à fait la même personnalité que Daniel, dans « Celle que je suis ». Certes, Charles est manipulateur et n’hésite pas à transgresser certaines règles ou à user de pratiques immorales pour parvenir à ses fins. Mais il reste très attentif au qu’en-dira-t-on et à l’image que les gens ont de lui (image qui est quasiment son « fonds de commerce » puisque son métier suppose une image irréprochable…).

Quoi qu’il en soit, j’aime explorer la complexité de la psychologie humaine, décrire des formes d’altérité ou de différence entre les uns et les autres. Tout en essayant à chaque fois de les comprendre (sans pour autant les excuser). Il suffit de regarder attentivement autour de soi pour réaliser que ces comportements déviants n’existent malheureusement pas que dans les romans…

• Céleste est très perturbée par la séparation de ses parents. Choisir de raconter une partie de l'histoire de son point de vue était une évidence pour vous dès le départ ? 

Non, j’avais au départ l’intention de ne prendre que Victor et Lisa comme personnages principaux. Mais en voyant Céleste traverser certaines vicissitudes de la vie en tant que petite fille, puis en la faisant grandir, j’ai trouvé intéressant de voir l’histoire de Lisa au travers de son regard. Car Céleste va soudainement voir Lisa non plus comme une mère mais comme une femme, pour essayer de comprendre quelque chose qui lui échappe.

• A la fin de la cinquième partie, Lisa et Céleste traversent la même peine au même instant. Était-ce un timing voulu de votre part ou un pur hasard ?

C’était bien voulu. Le sentiment amoureux est un sentiment qui a tellement de visages qu’on ne peut le définir de manière générale. Nous l’avons tous vécu de manières différentes, et aucune histoire n’est identique à une autre. Chacun y voit quelque chose d’intime, donc de différent, en fonction de son expérience mais également de la période où il est arrivé de sa vie. Mais beaucoup de romances ont en commun l’adversité, de mêmes pics d’euphorie, de semblables (et douloureuses) désillusions. 

Céleste et Lisa n’échappent pas à cela, et leur faire vivre en parallèle un moment difficile dans leurs histoires respectives me permettait autant d’appuyer sur leur complicité que de rappeler qu’un chagrin d’amour se vit seul, malgré tout (et tous)…

• Au démarrage de l'écriture de ce roman, le destin de Lisa était-il déjà acté dans votre esprit ? 

Non, il m’a été soufflé par une question posée à mi-chemin d’écriture, à savoir : quand on dit « aimer à la folie » ou « aimer à perdre la raison », qu’est-ce que cela signifie ? Ne plus pouvoir vivre sans l’autre ? Être prêt à mourir pour elle/lui ? Perdre ses propres valeurs et convictions ? Se perdre soi au sens propre du terme ?

L’une de ces hypothèses-là m’a particulièrement inspirée…

• Avez-vous conscience que vos lecteurs vont être scindés en deux groupes concernant leurs (re)sentiments envers Victor ? 

Il s’agit-là de la magie de la lecture : laisser plusieurs lecteurs cheminer au côté d’un même personnage, au travers de mêmes mots, et aboutir à des avis bien différents sur sa personnalité, ses convictions et ses choix…

Je me sens moi-même tiraillée entre Victor et Lisa, car ils incarnent des courages bien différents que je trouve tout autant respectables, voire admirables.

Voici la promesse de riches échanges lors des salons et dédicaces à venir !

• Vous faites référence à de nombreux titres de Jean-Jacques Goldman au fil des pages. Écrivez-vous en musique ? 

J’écris généralement sans musique. Mais celle-ci peut me servir d’ancrage.

Ainsi, pour tous les passages qui me semblent délicats, qui s’annoncent longs, ou qui doivent être travaillés en plusieurs temps, je choisis un même morceau que je repasserai en boucle tout le long de l’écriture. Il me suffira de mettre ce passage pour me reconnecter instantanément à ma scène.

Vous savez désormais d’où m’est venue l’inspiration pour l’une des « techniques » expérimentées par Lisa dans le roman…

• Enfin, avez-vous un récent coup de cœur littéraire à faire découvrir aux membres de la communauté ?

Son odeur après la pluie de Cédric SAPIN-DEFOUR. Quiconque aura connu le lourd chagrin de la perte d’un animal se laissera entraîner dans ce tourbillon d’émotions. Ce récit, d’une grande humanité, est une prose enchanteresse, une ode à la tolérance, à la vie. C’est beau, tout simplement.

J'espère que cette interview vous donnera envie de découvrir Par la force des choses ! Avez-vous déjà lu un roman de Claire Norton ?