La rentrée littéraire est enfin lancée ! Pendant toute la durée de la rentrée littéraire, nous vous proposons de découvrir chaque semaine une interview exclusive pour CulturaLivres, découvrez également Les amants du Lutétia d'Emilie Frèche, Chaleur humaine de Serge Joncour ou encore Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea.
Découvrez le nouveau roman de Thomas B. Reverdy, Le grand secours. L'écrivain nous plonge dans un drame social mêlant actualité, documentation et tension constante !
Résumé : Il est 7 h 30, sur le pont de Bondy, au-dessus du canal. C'est un de ces lundis de janvier où l'on s'attend à ce qu'il neige, même si ce n'est plus arrivé depuis très longtemps. Sous l'autoroute A3 qui enjambe le paysage, un carrefour monstrueux, tentaculaire, sera bientôt le théâtre d'une altercation dont les conséquences vont enfler comme un orage, jusqu'à devenir une émeute capable de tout renverser. Nous la voyons grossir depuis le lycée voisin où nous suivons, au fil des cours et des récréations, la vie et le destin de Mo et de Sara, de leurs amis, mais aussi de Candice, la prof de théâtre, de ses collègues et de Paul, l'écrivain qu'elle a fait venir pour un atelier d'écriture. Tout au long de cette journée fatidique, chacun d'entre eux devra réinventer le sens de sa liberté, dans un ultime sursaut de vie.
Ce n’est pas évident du tout. D’ailleurs, j’ai longtemps hésité. Je fais assez attention, en général, à ne pas mélanger les « deux vies » que je mène, au lycée et à ma table d’écriture. Je dirais que le piège principal est éthique : il s’agit de ne pas trahir les gens qu’on croise tous les jours, les élèves mais aussi les professeurs, qui sont des gens dévoués et courageux qui n’ont pas du tout envie de se retrouver dans des fictions qui les caricaturent. Le piège, c’est toujours la caricature. C’est vrai du milieu scolaire, mais c’est aussi vrai de la banlieue, c’est aussi vrai des jeunes eux-mêmes ou de la jeunesse en général. Éviter le cliché. Se tenir au plus près du réel.
Cette idée est double, elle provient de deux exigences. La première, c’est qu’il s’agit d’une forme, c’est-à-dire d’un principe d’organisation. Les heures de la journée qui défile correspondent à ce qu’est avant tout l’école, aussi bien pour les élèves que pour les profs : un emploi du temps. À 8 heures, maths, à 9 heures histoire, etc. Et parfois des choses qui se passent en même temps et qu’on ne perçoit pas, parce que quand vous êtes en maths, en B212, vous ne savez pas ce qui se passe dans la salle à côté. Je voulais qu’on soit immergé dans l’école. Qu’on reçoive tout à travers et dans cette forme-là. La deuxième exigence tient à ce que le roman raconte, qui est une sorte de tragédie, le surgissement du malheur, implacable et injuste. Le modèle — qui nous vient de la culture scolaire — en est la tragédie classique, avec son unité de temps, de lieu, d’action. L’emploi du temps, la tension qui monte d’heure en heure, cela correspondait aussi à ça.
C’est définitivement un roman. Une fiction. Ce que je trouve merveilleux dans le roman, c’est que vous pouvez espérer toucher une vérité, parce que vous racontez ce qui se passe du point de vue de personnages qui sont comme nous, des gens, multiples, complexes, avec leurs contradictions. Ce n’est pas intellectuel. Vous n’êtes pas obligé de choisir une idée contre une autre, comme dans un roman à thèse ou un essai. Vous observez vos personnages se débattre. Comme une sorte d’expérience morale. Ce que j’aime aussi, dans le roman, c’est qu’il englobe tous les autres : vous pouvez aussi y glisser de vraies informations, des faits, vous pouvez même avoir un personnage qui écrit des poèmes !
Je crois que le « grand secours » incarne une sorte d’espoir malgré tout. La maison brûle, mais il y a des pompiers. Des gens qui se retroussent les manches et vont au feu. Vous savez, quand on observe les choses en intellectuel, de haut, on peut se désespérer parfois, trouver que tout va mal. C’est même assez facile, quand il s’agit des banlieues déshéritées, des jeunes ou de l’éducation. Mais quand vous êtes dans l’action — quand vous êtes prof par exemple, vous ne pouvez pas vous permettre le désespoir. Vous êtes là, avec des gamins de 16 ou 17 ans, il y en a 36 par classe, et il va bien falloir faire quelque chose, leur apprendre des trucs, les intéresser, sinon ça va mal se passer très vite. Vous êtes bien obligé d’espérer. De croire en eux, en leur capacité à devenir quelqu'un de bien. C’est un luxe d’intellectuel, le désespoir.
Même pour Mo ou Sara il y a de l’espoir. Quand vous faites votre boulot d’écrivain, que vous vous penchez sur des personnages en essayant de leur donner une forme de vie, de vérité, eh bien ils deviennent comme des gens. Alors évidemment, il y a de l’espoir. Les choix qu’on fait, la révolte, l’amour, la rencontre de la beauté, il y a plein de façons de se sauver.
J’ai publié mon premier roman en 2003, il y a 20 ans, à la rentrée. Et j’ai rencontré mon éditrice actuelle il y a exactement 10 ans, en 2013, c’était à la rentrée aussi, à l’occasion d’un roman que j’avais écrit en vivant au Japon, Les Évaporés. Cette rentrée est une sorte d’anniversaire.
Je suis en train de lire le dernier roman de Jeff Noon paru aux éditions de la Volte : La Ville des histoires. C’est un roman fantastique dont l’argument fait penser aux nouvelles de Borgès : une enquête un peu folle dans une ville où tout le monde écrit et où chacun peut se faire embarquer dans les histoires plus ou moins dangereuses des autres. Une sorte de mise en abîme jubilatoire de la fiction. Les récits des littérature de l’imaginaire ont ce pouvoir particulier de nous parler directement de la matière dont sont faites les histoires et, quand elles sont bien écrites, c’est une leçon de littérature que les écrivains de littérature générale auraient tort de sous-estimer.
Alors, cette interview vous a t-elle convaincue de lire Le grand secours ? Avez-vous déjà lu un livre de Thomas B. Reverdy ?
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