[INTERVIEW] Les Éditions Afitt : la mort est leur métier !
CharlotteV
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☠️ La mort est leur métier ☠️

 

Créées en 2011, les éditions Afitt proposaient dans un premier temps un catalogue d’ouvrages techniques dédiés à la formation des thanatopracteurs. Le thanatopracteur ou la thanotractrice intervient sur le corps des défunts pour une réalisation de soins qui rendent au mort un aspect présentable. 

 

Depuis 2022, les éditions Afitt se sont également lancées dans la fiction ! Qui de mieux que ces experts de la mort et de la conservation des corps pour éditer de frissonnants romans policiers ? Ils le disent eux-mêmes, la ligne éditoriale d’Afitt éditions fiction est simple : La Mort, avec un grand M. 

 

Découvrez le portraits de Sébastien Mousse et Nicolas Delestre éditeurs... et thanatopracteurs ! 

 

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  • Présentez-vous. Quel est votre parcours scolaire et professionnel ? 

Sébastien Mousse (SM) : Pour ma part, j’ai commencé par un CAP de menuisier, je fabriquais des cercueils dans une entreprise de pompes funèbres, puis, en 1991, je suis devenu thanatopracteur, et ensuite formateur en thanatopraxie et thanatoplastie.

La passion de l’édition est venue en 2012, j’ai travaillé pour plusieurs maisons d’éditions, et en 2015, je suis passé de l’autre côté de la barrière en devenant auteur sous le pseudonyme de Stanislas Petrosky.

 

Nicolas Delestre (ND) : Je me nomme Nicolas Delestre, je suis diplômé en thanatopraxie, président des centres de formation AFITT spécialisés dans les sciences liées a la mort et directeur de la maison d’éditions AFITT. La passion de l’édition et du livre est familiale pour moi, elle me vient de mon père qui a fait l’école Estienne et a débuté sa carrière comme imprimeur, les livres ont toujours été très présent dans ma vie.

 

  • La mort est votre métier pour reprendre votre slogan. Présentez-nous les éditions Afitt.

 

ND : Les éditions AFITT sont née de la rencontre entre Sébastien et moi, rencontre organisée par le fondateur de l’école AFITT, Michel Guénanten. À l’origine notre catalogue se concentrait sur les ouvrages techniques liés à nos métier, puis en discutant avec le diffuseur Harmonia Mundi qui diffusait une collection que je dirigeais pour un autre éditeur, l’idée a germé de mettre à profit notre connaissance technique et historique de la mort pour initier la création d’ouvrages de littérature.

 

  • Quelles sont les valeurs que reflètent votre maison d’édition ? 

ND : Nous mettons en avant tout d’abord notre vision scientifique de la mort, une réalité du crime qui se démarque du fantasme que l’on rencontre bien souvent dans le thriller ou le polar et nous mettons un point d’honneur sur nos séries historique à ce que tout ce qui est intégré dans le roman soit validé par un historien afin de coller au plus près de la réalité. Nous avons également mis un point d’honneur à fabriquer nos ouvrages en France et a être le plus écologique possible en terme de fabrication et de transport, enfin AFITT éditions c’est avant tout de l’humain et rien ne se ferait si nous n’étions pas tous soudé par une amitié qui permet d’avancer tous ensemble.

 

  • Vous proposez une collection de romans policiers dans votre catalogue. Comment vous est venue l’idée de vous ouvrir au roman ?

 

SM : Plusieurs choses, la première, c’est que c’était un souhait de Michel Guenanten, le fondateur d’Afitt. Ensuite, en tant qu’auteur, je voulais revenir à l’historique, mon seul souci, c’est que j’avais deux idées en tête et ne savais laquelle choisir…

Nicolas n’est pas qu’un associé, c’est aussi, et surtout, un ami, je l’ai donc interrogé sur ces deux sujets, lequel il aurait le plus envie de lire. Et là, il m’en a donné un troisième, Alexandre Lacassagne. J’ai trouvé ça intéressant et motivant, je lui ai juste rétorqué que je doutais qu’un éditeur se risque à publier une série sur l'histoire de la médecine légale, il m’a répondu : « eh bien on le fera nous-même ! »

 

J’ai trouvé ça un peu osé, voir fou, mais quitte à le faire, nous avions besoin d’un diffuseur distributeur, quand nous avons raconté notre projet d’une maison d’édition autour de la mort, par des spécialiste de la mort, à Harmonia Mundi, ils ont tout de suite validé le projet, et c’était parti pour une belle aventure que je souhaite très longue…

 

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  • Comment choisissez-vous les romanciers avec lesquels vous souhaitez travailler ? Comment les accompagnez-vous ?

SM : Soit je les connais déjà et j’apprécie leur façon d’écrire, leur style, leur univers, et en ce cas, je leur propose d’écrire autour de notre ligne éditoriale, soit je reçois un manuscrit qui me plait.

L’accompagnement est, au départ, celui de toutes les maisons d’éditions, un premier travail éditorial, puis des corrections, un maquettage, ensuite, ce qui va changer de certaines maisons, c’est que nous allons trouver un illustrateur qui va savoir mettre en beauté le texte de l’auteur, puisque toutes nos publications sont illustrées par des grands noms de la bande dessinée, Michel Montheillet, Christophe Chabouté, Ugo Panico, Gérard Goffaux, Jean-Louis Thouard, David Sala... Puis, comme notre ligne éditoriale est La mort est notre métier, nous sommes les plus à même de les conseiller sur les scènes de crime, les scènes médico-légales, les procédures judiciaires, etc.

 

Nous tenons à un grand réalisme dans toutes ces actions des romans, nous sommes aussi un centre de formations, donc, nous nous devons d’être au plus près de la réalité. Les scènes de tortures de quatre pages où la victime est logiquement décédée à la fin du second paragraphe, nous n’en voulons pas !!

 

  • Pour Sébastien Mousse : En plus d'être éditeur pour les Éditions Afitt, vous êtes également auteur. Comment gérez-vous cette double casquette ?

J’ai la chance de pouvoir me concentrer facilement, c’est-à-dire que lorsque je lis, annote un manuscrit, je ne suis pas pollué par mes personnages, mes propres écrits. C’est d’ailleurs pour moi un test, si je commence une lecture et que d’un coup j’ai une idée pour un livre, c’est que je ne suis « pas dedans », donc ça ne le fera pas.

Simplement parce que j’ai besoin d’aimer un ouvrage pour le porter, s’il m’a simplement paru agréable, qu’il ne m’a pas marqué, que ce soit par l’ambiance, l’histoire, les personnages, je n’aurais pas l’enthousiasme nécessaire pour en faire la promotion auprès du diffuseur distributeur, des libraires…

 

Je préfère un texte qui me touche vraiment, mais dont je sais qu’il ne sera pas forcément facile de lui trouver le plus grand public, que quelque chose « à la mode » qui me laisse tiède. Il n’y a rien de pire qu’un texte fade, vous ne pouvez motiver les gens à le lire, alors que s’il porte une force, vous aurez les arguments nécessaires pour convaincre.

Et quand je suis auteur, l’éditeur, ce n’est plus moi, je travaille avec une personne qui pointe mes erreurs, mes incohérences, me faire refaire un passage pour qu’il soit encore meilleur, car c’est une légende de croire qu’un premier jet est abouti. Toujours remettre l’ouvrage sur le métier, c’est ce qui permet d’avoir un livre, qui ne plairait pas forcément à tout le monde, mais dont vous serez fier, parce que vous avez donné le meilleur de vous-même.

 

  • Avez-vous 3 nouveautés romans de votre catalogue à nous recommander ?

SM : Eh bien autant prendre les trois premiers, surtout que cela permet de découvrir trois univers différents, trois genres différents. Par ordre de parution : L’affaire de l’île Barbe, un roman policier historique qui vous plonge aux prémices de la médecine légale moderne à la fin du XIXe siècle, Le sacrifice des Affreux, un polar pur jus, où le héros est un thanatopracteur qui résout des enquêtes, tel un Poulpe du funéraire, il change d’auteur à chaque opus, pour celui-ci, c’est Jean-Noël Levavasseur, qui nous emmène dans les jours sombres du Katanga. Et pour finir, Wonderland Babe de Benoit Marie Lecoin, un vrai roman noir oppressant qui nous plonge dans le Gotham des années 70 aux côtés d’un médecin thanatopracteur fou amoureux de son assistante légèrement perturbée…

 

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L Affaire de l île Barbe de Stanislas Petrosky

Résumé : Janvier 1881, on découvre sur les bords de la Saône, le cadavre d'une femme mutilée. Les restes sont transportés sur la morgue flottante de Lyon, où ils seront autopsiés.
C'est pour Ange-Clément Huin le début d'une grande aventure aux côtés de son maître, le profes- seur Alexandre Lacassagne.
Comment cette mauvaise graine, cet Apache, est devenu le fidèle auxiliaire d'un des plus grands pontes de la médecine légale, c'est ce que vous découvrirez dans ce premier carnet secret...
Le professeur Alexandre Lacassagne est l'un des fondateurs de la médecine légale moderne, précurseur de la police scientifique. De manière romancée, Stanislas Petrosky raconte ses plus grandes affaires et l'évolution de la médecine judiciaire.
Le docteur Amos Frappa, spécialiste du grand professeur, reprend les grands points de l'affaire, explique comment Lacassagne s'est retrouvé face au crime...

 

4_9782379650284_1_75.jpgLe sacrifice des affreux de Jean-Noël Levasseur

Résumé : Trouver de belles pièces de viandes bien présentées sur un étal de boucherie, c'est chose logique. En revanche, le plus souvent c'est du boeuf, du porc, du mouton, plus rarement un notable du cru.
Un homme qui paraissait bien sous tous rapports : membre du Rotary, président de l'association locale des anciens combattants, PDG d'une grosse entreprise qui a fait prospérer la région.
Que pouvait-il bien cacher pour qu'on lui veuille à ce point ?
Pour trouver les petits secrets de quelqu'un, il suffit de savoir chercher, et Luc Mandoline a fait ses preuves comme fouineur professionnel.
Une aventure sur fond historique qui ne sera pas de tout repos pour Mandoline.

 

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Wonderland Babe de Benoit Marie Lecoin

Résumé : Kessy, une jeune femme albinos, est en journée l'assistante d'un médecin thanatopracteur, Ron, qui est aussi son amant. La nuit, elle se maquille pour passer inaperçue dans le New York de la fin des années 1970. Mais surtout pour commettre des crimes dans les boîtes disco et les coins crasses de Big Apple.
Par amour, ou par folie, Ron va la suivre dans cette folle équipée.
Lire Wonderland Babe, c'est chevaucher une montagne russe qui s'emballe lors d'une nuit glaçante, à Coney Island, c'est suivre les pérégrinations meurtrières de Kessy et Ron dans Gotham, cette ogresse de cité, c'est partager le quotidien d'un couple qui vit d'amour et de proies fraîches !

 

 

  • Si vous ne deviez emporter qu’un seul livre des éditions Afitt dans la tombe, lequel serait-il ? 

 

SM : L’affaire de l’île Barbe, désolé pour les copains, mais autant choisir celui que j’ai écrit…

 

ND : Je dirais Par l’encre et le sang d’Amos Frappa parce que j’ai trop lu celui de Sébastien. Smiley MDR

 

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Par l encre et le sang de Amos Frappa

Résumé : Alors que les séries anglo-saxonnes font des gorges chaudes sur les innovations policières américaines, d'aucuns se plaisent à rappeler l'antériorité de la police scientifique française. Et ils n'ont pas tort. Dans un XIXe siècle marqué par le sceau du scientisme, dans un XIXe siècle baignant dans le paradigme de l'indice, dans un XIXe siècle voyant l'institutionnalisation de la dactyloscopie, c'est le nom d'Alphonse Bertillon qui s'impose.
Avec Edmond Locard, que ses confrères surnommaient malicieusement Sherlock Holmes, il va devenir le socle d'une police scientifique française.

 

 

Le monde du livre vous intéresse ? Retrouvez également toutes nos autres interviews d'acteurs du monde du livre.

Devenir Acheteur BD : un métier de passion ! 

 

 

Connaissiez-vous les Éditions Afitt ? Lequel de ces livres vous tente le plus ? 

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