Les intrigues de cet écrivain bousculent le monde avec près de 5 millions d’exemplaires vendus pour son livre sorti en 2012 La vérité sur l’affaire Harry Quebert. Succédé ensuite par deux autres romans à succès Les derniers jours de nos pères et Le livre des Baltimore. Prisé des lecteurs, et décrit comme le surdoué de la littérature, il revient aujourd’hui avec un nouveau roman intitulé L’Enigme de la chambre 622. Un livre qui s’apparente au genre policier.
Crédit photo : © Jeremy Spierer
Pouvez-vous nous faire le pitch de votre prochain livre ? Nos lecteurs sont curieux de connaitre le thème de votre nouveau roman.
Un écrivain, après une rupture sentimentale et le décès de son éditeur, se rend pour des vacances dans un palace de montagne. Mais son repos sera de courte durée : il découvre que des années auparavant, un meurtre a eu lieu dans la chambre voisine de la sienne. Le crime n'a jamais été résolu. Il se lance dans une enquête qui va le conduire dans la mémoire des lieux et d'une banque privée genevoise.
Dans votre livre vous rendez hommage à votre ancien éditeur Bernard de Fallois, quel lien entreteniez-vous avec lui ?
Homme très important pour moi, il est l'artisan du succès de Harry Quebert et des livres qui ont suivi. Il a été le premier à croire en moi. A me voir comme un écrivain. Je lui dois tout.
On imagine qu’il tenait une grande place dans votre vie, que vous a-t-il apporté dans votre vie professionnelle mais également personnelle ?
Vie professionnelle : il m'a appris une partie du métier d'éditeur et m'a initié au monde de l'édition. Il voyait son métier avec grande ouverture d'esprit et une immense curiosité. Il abordait la vie avec cette même curiosité et je garde cela dans ma vie personnelle aussi aujourd'hui. Il m'a également donné mon identité d'écrivain que j'avais de la peine à faire ressortir du fin fond de moi-même.
Durant la lecture, on comprend rapidement que le héros, Joël Dicker, est un auteur à succès, nommé aussi comme écrivain. Pourquoi avez-vous choisi ce mode de narration ? Et quel ressenti avez-vous d’être le héros du roman ?
Ce livre est un récit autour de Bernard de Fallois dans lequel je raconte mes souvenirs avec lui, et autour duquel se construit un roman de fiction. Le narrateur de la fiction s'appelle Joël comme moi simplement pour alimenter ce jeu de miroir entre réalité et imaginaire. Mais ce Joël du roman n'est pas vraiment moi et je ne me suis pas senti héros du livre. Il n'est qu'un personnage de fiction, comme les autres.
Aussi, vous employez un ton humoristique, avec notamment beaucoup de dialogues drôles. Ce ton est différent devos précédents livres. Pourquoi ce choix ?
J'avais très envie d'être drôle. Pas simple d'être drôle dans un livre car ce qui vous fait rire à l'écriture est forcément moins drôle à la relecture. Comme une blague que vous avez déjà entendue. Il m'a donc fallu un peu de temps pour oser passer ce cap, très heureux que cet humour se soit ressenti.
Une des thématiques du livre tourne autour de la réussite et du devoir. Pensez-vous que ces deux notions sont étroitement liées ? On souhaite avant tout réussir dans la vie pour rendre fier ces proches ? Que signifie pour vous la réussite ?
Non ce n'est pas forcément lié pour moi, bien au contraire : j'entends la réussite comme étant la capacité à suivre sa propre route, suivre son envie, son instinct, sa volonté et bâtir une vie comme on l'entend. Le devoir c'est tout l'inverse : le devoir, c'est l'empêchement. C'est être forcé à suivre un destin qui n'est pas le nôtre uniquement pour faire plaisir à quelqu'un, notamment à notre famille. Pour moi, la réussite c'est être heureux. C'est aimer et être aimé.
La force de vos livres réside en grande partie par votre talent de raconteur d’histoire, avec des rebondissements insoupçonnés. Comment trouvez-vous cette inspiration débordante ? Avez-vous été déjà confronté au syndrome de la page blanche ?
Je ne crois pas que l'inspiration "se trouve". L'inspiration est une énergie que l'on a en soi et qu'il faut savoir utiliser, canaliser, pour en faire quelque chose. Je suis très joueur quand j'écris, je me demande où je pourrais aller, comment je pourrais essayer d’aller plus loin encore. Je n'ai, du coup, jamais connu de symdrome de la page blanche, mais il arrive que l'énergie de l'inspiration se retourne contre vous, vous empêchant par exmple de faire le tri dans toutes vos idées et de ne plus arriver à les canaliser.
Certains écrivains ont des rituels d’écriture, est-ce le cas pour vous aussi ?
Oui j'ai besoin écrire dans mon bureau, hors de chez moi, où je m'isole complètement. J'ai besoin de musique aussi comme pour créer une bulle dans laquelle je me protège du monde réél pour créer un monde imaginaire.
Votre roman devait sortir initialement en mars et a été reporté suite au confinement. Comment avez-vous vécu ce rapport et cette période de confinement ?
Sur le moment, l'ambiance était anxiogène. Non seulement le roman était reporté mais le monde entier ou presque était à l'arrêt. Après coup, que le livre sorte en mars ou en mai, ce n'est pas très grave. Certains on vécu des drames sociaux, humains, économiques pendant cette période. Donc je ne suis pas à plaindre.
De nombreuses rencontres et dédicaces étaient prévues, notamment chez Cultura. Comment gardez-vous le lien avec vos lecteurs alors que les rencontres physique ne sont plus possibles ?
Autant que possible par instagram ou facebook. Il y a aussi des événements en direct, comme le FB Live avec Cultura. Mais évidemment le contact humain avec mes lecteurs me manque beaucoup. Ce n'est pas la même chose à travers un écran. L'écriture comme la lecture sont des activités solitaires, les rencontres en librairie permettent donc enfin de mettre des visages sur les lecteurs et les auteurs. Quelle tristesse de ne pas pouvoir vivre ce contact pour le moment.
Un grand merci à Joël Dicker d’avoir joué le jeu de l’interview ! ✨