C’est un livre bouleversant, sans doute le plus beau de cette rentrée littéraire. Le talent d’Éric Reinhardt, c’est d’avoir réussi à faire exister son personnage principal, Bénédicte Ombredanne. Une héroïne de notre temps, infiniment émouvante, terriblement complexe. Inoubliable.
Pourquoi vous intéresser au harcèlement moral dans le couple ?
Je me suis toujours senti concerné par les personnes en situation d’avilissement, ou qui sont en résistance contre une oppression quelconque, sociale ou familiale. Les femmes harcelées dans leur couple sont menacées dans leur intégrité d’être humain, on leur dénie le droit d’être autonomes, uniques, et d’avoir une vie propre, un prix. Ces situations déclenchent chez moi la colère et donc l’envie d’écrire.
Quelle est la part d’autobiographie ?
J’ai écrit ce livre en m’inspirant de témoignages recueillis auprès de lectrices harcelées par leur mari et d’une femme rencontrée dans un train, qui m’avait vu à la télévision, et s’était promis que je raconterais son histoire un jour. À partir de tout ça, j’ai construit le personnage de Bénédicte Ombredanne et me suis transformé moi-même en personnage de fiction, pour dire la vérité profonde de ce que j’avais vécu avec chacune de ces femmes, toute l’émotion que j’en avais retirée.
Comment définiriez-vous Bénédicte Ombredanne ?
Entravée. Empêchée. Idéaliste et exigeante, rêveuse, mais incapable de mettre ses actes au diapason de sa volonté, pour partir définitivement, faire des choix radicaux. Une force mystérieuse la retient prisonnière. De ce point de vue, elle est pour moi une énigme.
Dans la deuxième partie du roman, on a une vision très différente de l’héroïne.
Je savais qu’on l’aborderait au cours du livre selon différents points de vue, le sien propre, celui de l’écrivain et enfin de sa soeur jumelle. J’avais aussi envie qu’il y ait de légères divergences entre ces trois visions, car Bénédicte Ombredanne est différentes personnes selon les circonstances et ses interlocuteurs, et elle ne parvient pas à les concilier. C’est une femme plurielle, qui se cherche.
Vous êtes omniprésent dans le roman, vous intervenez comme acteur, pas seulement comme narrateur. Pourquoi ?
Pour donner du relief à Bénédicte Ombredanne, afin qu’on sente que ce n’est pas un personnage imaginaire, mais une personne réelle. Ma présence dans le livre fait aussi de cette femme une lectrice, c’està-dire une femme dont la vie est nourrie par les livres qu’elle lit.
Le roman d’Éric Reinhardt semble avoir fait sortir Bénédicte de sa dépression. La littérature aurait-elle aussi cette fonction ?
Oui. On a tous lu des livres qui nous ont aidés à vivre, à trouver notre place dans le monde réel.
L'intrigue :
L’écrivain Éric Reinhardt reçoit une lettre d’une lectrice. Elle lui dit que son dernier roman a changé sa vie. Il accepte de la rencontrer : c’est Bénédicte Ombredanne, mère de famille brillante mais sombre, qui lui fait des confidences. Victime du harcèlement de son mari, elle raconte cette journée où elle s’est enfuie pour un autre et où elle fut heureuse. Presque un rêve éveillé. Mais un bonheur de courte durée : de retour chez elle, l’acharnement de son mari empire.
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