Porté disparu

Mais qu'était-il advenu de notre petit voisin ?

Cela faisait près d'une semaine que je ne l'avais pas vu, comme s'il avait disparu, envolé !

Les vacances se terminaient et pléthore de projets demeuraient en suspens : La cabane, n'était pas terminée, sans toit ni mur... Nous avions juste monté le plancher, une palette hissée au milieu d'un cerisier au moyen d'une corde et part un ingénieux système de poulie. L'échelle, était constituée de planches cloutées horizontalement, tout du long de l'arbre. Aussi, nous devions déterrer un trésor : Quelques économies réalisées en gardant la monnaie chaque fois que nos parents nous envoyaient chercher une baguette à la boulangerie. Il avait fallut que nous nous sacrifions un peu. Pendant quelques temps, langues de chat, Carambar, Malabars et leurs tatouages éphémères étaient proscrits. Dans la boîte à cigares, à une trentaine de centimètres sous terre, sommeillaient également breloques, imageries iconographiques et bracelets Scoubidou. Enfin, nous devions aussi nous entrainer avec nos biclous à fignoler quelques figures, parce que l'on se projetait de faire un spectacle de cascadeurs façon Colt Seavers dans "L'homme qui tombe à pic", pour la prochaine ducasse au village.

Maintes fois j'étais allé frapper à sa porte, en vain. J'avais pour réponse de la bouche de sa mère qu'il ne souhaitait pas sortir jouer avec moi et profiter du beau temps, préférant rester cloitré dans le salon, les volets baissés. Etait-il puni, malade ou dépressif ? J'en avais aucune idée...

Mon père m'avait interdit de toucher au téléphone depuis que j'avais passé un appel en Australie. Je souhaitais vérifier s'il était vrai qu'au pays des kangourous, les gens marchaient la tête en bas et que l'eau tournoyait dans le sens inverse lorsque qu'un évier se vidait. Profitant d'un moment sans surveillance, je décrochai le combiné pour appeler mon compagnon de jeux mais sans plus de succès, ce dernier refusa toujours de me répondre. Avait-il un contentieux contre moi ? Nous étions-nous disputés ? Je n'en avais pas le souvenir...

S'en était trop ! J'avais besoin de savoir. Un jour où je vis la mère de mon ami sortir avec la 405, je décidai de lui rendre une petite visite improvisée à son domicile pour en discuter. Comme je l'avais fait des dizaines de fois, je frappai à la porte : Pas de réponse. Je sonnai, toujours aucun de signe de vie ne se manifestait à l'intérieur. Je décidai de faire le tour de la maison, la porte de derrière était grande ouverte.

" _ Ya quelqu'un ?", Criai-je.

En retour je n'entendais qu'une étrange petite musique dont la mélodie m'était encore complétement inconnue. Je franchis le seuil de l'entrée prudemment, jetais un coup d'œil dans la pénombre du salon et vis le visage de mon copain que seul l'écran de la tv éclairé. Il semblait captivé, les yeux exorbités, et comme pris de spasmes, ses mains gigotaient frénétiquement. Rien ne pouvait détourner son attention. Rien ou presque, par je ne sais quel mécanisme, il tourna la tête un instant dans ma direction et me vit planté là dans la buanderie. Non sans une gène il m'invita à le rejoindre dans le salon et à prendre une chaise. Alors je découvris le pot aux roses, mon petit voisin avait eu pour son anniversaire une console de jeux, une Nintendo avec Super Mario Bros, un type de cadeau qui dans un futur proche, bouleversera à jamais les habitudes de jeux des enfants et adolescents...

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la chute de l'histoire est bien trouvée!

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