Dis, Maman ?

Dis maman, c’était comment quand tu étais petite ?

 

C’était acidulé ! Je mangeais bien trop de bonbons. Aie, bonjour la crise de foie ! Avec mes pièces d’un franc ou deux, j’allais seule comme une grande à l’épicerie du coin, chercher un petit sachet de friandises. Les enfants du quartier défilaient à tour de rôle dans la petite boutique tenue par une dame âgée toujours souriante.

 

C’était parfumé ! Les fleurs de Monoï sur la peau en été, le chèvrefeuille, la vanille répandaient des senteurs délicates dans mes narines.  Même l’odeur de l’essence à la station-service me paraissait agréable.  Et les bons petits plats concoctés par ta grand-mère. Ils embaumaient toute la maison et me mettait l’eau à la bouche : le bouillon de légumes, le couscous, le poulet rôti avec des frites ! Mmmmm

 

C’était musical !  J’avais un petit poste de radio portatif appelé « Walkman ». Il fallait y glisser des cassettes. Je me baladais partout avec mon casque sur la tête. C’est à travers la musique que je découvrais les émotions. Certaines chansons me mettaient de bonne humeur, certaines m’ont fait pleurer, d’autres rêver, et parfois même réfléchir sur le sens de la vie.

 

C’était renversant ! Je grimpais partout et me suspendais comme un petit singe.  J’adorais avoir la tête en bas. Je gigotais sans cesse. Dans mon jardin, je voltigeais haut et fort sur ma balançoire en chantant à tue-tête. J’enchainais roues, roulades et cabrioles. A pieds ou à vélo, je chutais et dégringolais souvent. BIM !  faisaient mes genoux en se cognant.

 

C’était romanesque !  J’allais régulièrement à la bibliothèque emprunter des livres. J’y faisais même mes devoirs. Ce lieu était fascinant pour l’enfant que j’étais. Je me sentais bien dans cet endroit calme, multicolore, entourée d’une multitude d’œuvres qui développaient mon imagination.  J’étais libre de lire ce qui me plaisait, en particulier les livres qui faisaient peur !

 

C’était original !  Je subtilisais les jupes dans la garde-robe de ta grand-mère pour les positionner sur ma tête, comme pour imiter une longue chevelure.  Je chipais ses chaussures à talons, bien trop grandes pour moi, et déambulais telle une star face au grand miroir de la chambre. La brosse à cheveux, placée devant la bouche, me servait de micro. Je chantais et dansais devant une foule imaginaire en liesse qui scandait mon nom en agitant les bras vers le ciel.

 

C’était dépaysant ! Par beau temps, le week-end, je changeais d’air et allais en camping en bord de mer!  Je dormais dans une tente à côté de la caravane et les soirs d’orage, on mettait une pomme de terre sur les piquets pour éviter d’attirer la foudre. Je m’amusais bien avec les copains et les copines en escaladant les dunes à pied nus ! …Haaaa, et les booms le samedi soir, les slows et les premiers émois amoureux….

 

C’était revigorant ! Sur la plage, le vent s’engouffrait dans mes cheveux, ébouriffés comme ceux d’une sorcière. Le soleil me réchauffait la peau. Le sable fin glissait entre mes doigts de pieds et me chatouillait. A marée basse, les chars à voiles roulaient à vive allure sur l’immense plage. Les mouvements aériens des cerfs-volants me captivaient. Je collectionnais les coquillages. Parfois, je pêchais des crevettes avec mon épuisette ou cueillais des moules sur les rochers du port.

 

C’était  rocambolesque !  Chez mes grands-parents à la campagne, je cueillais des coquelicots et attrapais des criquets. Je gambadais avec frère, sœur, cousins et cousines dans les champs. Sur de vielles palettes en bois abandonnées,  j’embarquais à bord de mon navire de fortune qui tanguait dans un flot des vagues déchainées. Une tempête risquait de faire chavirer ma barque ; mais je ne tombais jamais à l’eau, bien trop habile pour cela. Ha, la grande aventure.

 

Dis, maman ? Tu sais ce n’est pas bon de manger des bonbons !

Commentaires

Très belle plume ! 

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