Le secret des écrivains

Tous les jours après l’école, la petite Coraline allait chez ses grands-parents en attendant que sa maman vienne la chercher après son travail. Elle arrivait, telle une tornade, passait la tête dans le bureau de Papi pour lui dire bonjour et allait directement à la cuisine où l’attendait un bon goûté préparé par Mamie.

 

Mais aujourd’hui, cet enthousiasme débordant n’était pas là. Mamie, un peu inquiète, lui demanda ce qui lui arrivait :

 

 - J’ai eu une mauvaise note à ma rédaction, dit Coraline tristement.

 - Ce n’est pas grave, lui répondit Mamie, tu feras mieux la prochaine fois.

 - Oui, mais je voulais devenir écrivain, comme Papi, dit-elle, des trémolos dans la voix.

 - Pourquoi n’irais-tu pas lui demander quelques conseils ? Après tout, c’est lui le spécialiste, répondit Mamie avec un sourire bienveillant.

 

Le bureau de Papi était une pièce impressionnante pour la petite fille qu’elle était. Les murs étaient couverts d’étagères de livres, du sol au plafond, on ne distinguait même plus le papier peint, en admettant qu’il y en ait eu un. Sur un grand bureau, une machine à écrire se reposait, une pile de feuilles de chaque côté, une dont les pages blanches et lisses attendaient patiemment d’entrer en action et l’autre dont les pages gondolaient légèrement sous le poids des mots. Face au bureau se tenait un vieux fauteuil en velours, fatigué par le poids des ans, mais toujours aussi confortable …

 

Papi était debout, devant l’une de ses étagères, absorbé dans ses pensées, cherchant LE livre dont il avait besoin. L’irruption de Coraline dans son bureau le fit donc sursauter, mais sa bonhomie repris vite le dessus car il adorait sa petite-fille.

 

Coraline lui raconta ses malheurs et lui demanda conseil. Après tout, ayant déjà écrit et publié de nombreux romans, il devait bien connaître le sujet.

Papi s’assit dans son vieux fauteuil qui grinça un peu sous son poids, et pris Coraline sur ses genoux.

 

 - Je vais te raconter comment j’ai découvert le secret des écrivains, commença doucement Papi. Quand j’étais petit, je me posais la même question que toi. Je suis donc allé dans une librairie tenue par un vieux monsieur un peu grincheux. Il considéra ma question avec un sourire malicieux et me dit :

 

« Pour devenir écrivain, il faut avant tout lire beaucoup de livres ; alors tu sauras comment écrire des histoires. »  

 

Il m’indiqua le rayon des livres pour enfants vers lequel je me dirigeais, pas vraiment satisfait de sa réponse. Je parcourais les livres, quand une petite créature apparut entre deux rangées. Elle ressemblait à une petite fille, mais pas plus grande qu’un livre, avec une robe bleue et des ailes dans le dos. Et voici ce qu’elle me dit :

 

« Ce vieux grincheux de libraire est un adulte, il a oublié qu’il y a de la magie dans les livres. Quand tu lis une histoire, elle prend vie dans ton imaginaire et elle active la production de la poudre d’imagination. C’est ça qui va te donner des idées pour écrire des histoires ! »  

 

Cette petite créature m’a souri, toute fière de m’avoir révélé son secret, puis elle est repartie, se faufilant entre les livres et je ne l’ai plus jamais revue. Mais elle avait raison.

 

Coraline regardait son grand-père, ne sachant pas trop quoi penser de cette histoire.

Papi ajouta alors :

 

 - Je crois que j’ai gardé mes premiers livres dans une malle au grenier. Viens avec moi, tu pourras en choisir un pour commencer et tu verras bien si la magie fonctionne encore.

 

Le grenier regorgeait d’objets et de meubles recouverts d’une épaisse couche de poussière. Après quelques minutes de recherche ce bric-à-brac, Papi dénicha enfin la malle dans laquelle il fouilla pour trouver le livre grâce auquel tout avait commencé. Coraline le prit, retourna dans le bureau, s’assit dans le grand fauteuil en velours et commença à lire…

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