Vive les vacances

Je m’appelle Lapindou… Si tu savais ce qui m’arrive… Bon, je te raconte…

 

 Hier, c’était le dernier jour de l’école ! Quel bonheur ! Sur le chemin de la maison, Romane me serrait fort dans sa main gauche. Elle me tenait par la patte, et c’était rigolo, tu sais, car ainsi, je me balançais au rythme de son pas. J’étais si heureux de ces premières heures des vacances d’été ! Je savais que j’allais être tranquille au moins pour deux longs mois ! Et puis, l’année scolaire a été vraiment difficile ! Romane, c’était sa première école, « la petite section » ils appellent ça ! Alors tu penses bien que pour se rassurer, elle m’amenait tout le temps avec elle. Au début, c’était plutôt sympa, ça me plaisait bien l’école. Je m’étais fait toute sorte de copains : des éléphants roses, des moutons blancs, des poupées de chiffon… Tous déposés, pendant que les enfants travaillaient, dans la même panière.  Mais la maîtresse, un jour, elle a dit : « J’ai décidé, pour des raisons d’hygiène, que vos doudous vous attendront désormais pendus dans le couloir ». Les petits n’ont pas bronché, mais nous, le mot « pendu » nous a fait  froid dans le dos… Des mains d’adultes se sont emparées de  nos petits corps, nous ont portés dans le corridor, nous ont accrochés, qui par les oreilles (comme moi), qui par les cheveux, qui par la peau du cou, à des épingles à linge géantes ! Tous sacrifiés le long de la grande baie vitrée, alignés comme des crayons de couleur dans leur boîte, pendant désespéremment au bout de longs rubans multicolores ! Tu te rends compte ! Jamais je n’aurais cru une maîtresse capable d’une telle cruauté ! Romane, le premier jour de cette infamie, elle est venue à la récréation me faire un bisou au travers du carreau. Puis, les jours suivants, elle m’a oublié ! Et l’année scolaire s’est poursuivie comme ça…

 

Voilà pourquoi j’étais si heureux, hier, que l’école soit finie ! Mes deux longues oreilles allaient enfin pouvoir se reposer ! Bon, c’est ce que je croyais ! Car, ce matin, la maman de Romane s’est écriée : « Voyons ma chérie, nous ne pouvons pas emmener Lapindou en vacances dans cet état-là ! Il a traîné toute l’année à l’école ! Et puis, il fait super beau, nous allons lui faire un brin de toilette.» Et voilà ! Romane, elle m’a regardé tourner un bon moment par le hublot de la machine à laver, et elle m’a oublié…

 

C’est du jardin que je te raconte toute mon histoire ! Je sèche ! Pendu au fil à linge par les deux oreilles !!!

 

 

 

 

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