Ma monstrueuse famille

Je m’appelle Eulalie, J’ai 10 ans. J’ai une tête, deux bras et deux jambes mais je ne suis pas tout à fait comme les filles de mon âge car en fait, je suis une petite monstre. Je viens d’arriver ici en France avec mes parents, Anne et David, et mon petit frère Emilien car mes parents ont eu des problèmes dans notre ancien pays : La Franstre.

 

La Franstre est un pays caché quelque part sur Terre où il n’y a que des monstres de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Nous, dans notre famille, nous avons à peu près la même morphologie que la plupart des humains mais nous sommes verts de la tête au pied ! Mais ce qui différencie le plus les monstres de la plupart des humains, c’est leur comportement : les monstres passent leur temps à effrayer leurs congénères qu’ils n’hésitent pas à mordre ou même à dévorer s’ils ont vraiment très faim. Un jour, mes parents en ont eu marre, ils avaient peur qu’un voisin affamé nous dévore Emilien et moi. Alors mon père a essayé de convaincre tous les monstres de Franstre de ne plus manger les enfants sans défense. Mais au lieu d’être écouté et soutenu par les autres, il a été rejeté et a été obligé de quitter le pays avec sa famille. La Franstre n’est pas un endroit pour les monstres gentils !

 

Voilà pourquoi nous sommes venus en France. On a trouvé une maison abandonnée mais pas tout à fait inhabitée. A l’intérieur, il y a trois petites créatures poilues aux oreilles pointues : ce sont des chats. Je le sais car avant d’arriver dans ce nouveau pays, je me suis beaucoup renseignée dans les livres et sur internet pour connaître le mode de vie des humains. Je décide alors d’adopter ces trois créatures comme ça se fait ici, ils seront mes animaux de compagnie ! Je leur donne un prénom à chacun : Dudu, Pringou et Noisette. Ils ont un comportement un peu bizarre : ils aiment jouer avec moi et me faire plein de câlins. Si nous étions en Franstre, nous les aurions sûrement dévorés tout crus mais finalement, les câlins, c’est plutôt sympa.

 

Demain, j’irai pour la première fois à l’école, j’ai un peu peur mais c’est obligatoire. Je me maquillerai pour ne pas que les autres découvrent ce que je suis vraiment car, avec ma peau verte, je risque de faire peur aux enfants. Maman me dit qu’il ne faut pas que je mange trop sinon je vais mal dormir. Ce soir, il y a à manger une cuisse d’enfant périmée de sept ans, c’est trop bon mais je ne peux pas me resservir, dommage. C’est vrai, on avait dit qu’on ne mangerait plus d’enfant mais on est venus ici avec nos vieilles conserves pour être sûrs d’avoir de quoi manger les premiers jours et puis, ça évite de gaspiller cette délicieuse nourriture avant d’adopter le régime alimentaire des humains. Il paraît qu’ils mangent des légumes : des trucs verts et mous comme des haricots ou des brocolis, j’espère que ça sera bon. Papa m’a dit qu’il suffisait d’imaginer que je mange des bébés monstres, j’en connaissais qui ressemblait à ça dans mon ancien pays.

Je suis très fatiguée, je vais aller au lit :

« - Bonne nuit tout le monde !

-Bonne nuit ma punaise, répondent mes parents. »

Je cours me coucher dans mon petit lit douillé. Je n’arrive pas à dormir, c’est peut-être à cause du stress. La nuit passe vite, c’est déjà le jour. Pourtant, je n’ai pas dormi de la nuit. Je suis très fatiguée mais très excitée aussi. Je m’habille et je dévale les escaliers pour aller vite déjeuner. Maman a préparé hier soir des os de caméléon grillés, je n’aime pas trop mais il n’y a que ça à manger. Une fois le ventre bien rempli, je vais dans la chambre de mes parents :

- C’est l’heure de se réveiller, vite, levez-vous !

- C’est encore un peu tôt mon crapaud, grogne ma maman.

- Mais je ne veux pas être en retard pour mon premier jour d’école !

- Bon d’accord, on va se lever ! répond Maman en secouant mon père qui ronfle juste à côté d’elle.

Je me précipite alors dans la chambre de mon frère :

- Emilien, lèves toi, on va à l’école aujourd’hui !

- Non, Je ne veux pas y aller

- Mais si, ça sera chouette, il y aura plein d’enfants, tu te feras plein de nouveaux copains !

- C’est vrai, il y aura plein d’enfants ? me réponds Emilien en se léchant les babines.

- Oui mais tu te souviens qu’on a dit qu’on ne mordait plus ses camarades, on doit se comporter comme de vrais humains !

- D’accord… me dit-il avec résignation.

Je descends avec lui dans la cuisine où mes parents sont déjà à table. Je sens que ça va être difficile de vivre comme des humains. Chez nous les monstres, il n’y a pas toutes ces règles, on fait ce qu’on veut de nos journées : on dort quand on veut, on mange ce qu’on veut quand on veut. Mais on était tous d’accord pour changer de vie alors même si c’est difficile, on va y arriver. En attendant que tout le monde finisse de manger, je câline mes trois petits chats, ça me réconforte avant d’attaquer cette première journée d’humain. Je vois mes parents qui sourient en me regardant jouer avec mes nouveaux copains. Dans notre ancien pays, ces chats seraient sûrement déjà dans le ventre de mon père !

 

Tout le monde a enfin fini de déjeuner, l’heure tourne, ma mère nous maquille pour aller à l’école. Elle attrape un gros pot de peinture beige et nous badigeonne de la tête aux pieds et nous voilà prêts mon frère et moi. On ressemble à de vrais enfants humains ! Puis, ma mère fait la même chose sur elle et sur mon père. Je m’en étonne :

-Mais pourquoi vous vous maquillez vous aussi ?

- Parce qu’on va à l’école !

- Mais vous n’êtes pas des enfants !

- Non mais, on s’est fait embaucher comme professeurs dans votre école. Tu sais, ici pour pouvoir manger, il faut acheter sa nourriture. Et pour ça, il faut de l’argent. Et pour avoir de l’argent, il faut travailler. Et comme dans votre école, ils cherchaient deux personnes pour enseigner l’informatique, on a postulé et on a été embauchés.

- Ah bon. Dis-je, l’air dépité.

J’espère qu’ils sauront bien se tenir et qu’ils ne vont pas me mettre la honte. En plus, à part surfer sur leur smartphone quand ils sont aux toilettes, ils n’ont pas vraiment les compétences d’un professeur d’informatique.

 

- Montez dans la voiture ! dis ma mère, en route pour l’école !

Mon père roule vite, très vite en zigzaguant sur la route. Je lui avais pourtant dis que dans mes livres, j’avais lu qu’ici, il y avait un code de la route à respecter et qu’on ne faisait pas n’importe quoi au volant d’une voiture. Le trajet a été tellement rapide que nous arrivons déjà à l’école. On descend de la voiture mais je ne me sens pas très bien.

- Maman, j’ai mal au ventre !

- Tu as dû manger trop vite tes os de caméléon, dit ma mère, ça va passer.

Moi je crois que c’est plutôt le stress de l’école et la peur que mes parents fassent n’importe quoi.

 

J’arrive dans ma classe, c’est une salle sombre et très petite. Je suis accueillie par une grande dame aux cheveux bouclés et à l’air sévère : c’est la maîtresse. Elle me présente au groupe d’élèves et me demande d’aller m’assoir à côté d’un garçon. Elle nous explique le déroulement de la matinée :

-Nous allons commencer par un cours de littérature puis vous irez en informatique avec vos nouveaux professeurs qui sont les parents d’Eulalie.

La maîtresse me demande de lire un texte à haute voix. Moi qui d’habitude adore la lecture, je ne parviens pas à sortir un mot de ma bouche. La maîtresse agacée passe à un autre enfant.

 

Puis arrive l’heure du cours d’informatique.

Mes parents se présentent. Jusque-là, tout se passe bien puis mon père nous demande d’aller sur le site internet monstromontrueux.com. C’est un site normalement réservé aux monstres. On regarde des vidéos de montres qui mangent goulument des poignées de vers de terre ou de chenilles velues, d’autres qui se battent et se mordent entre eux… Bref rien à voir avec un vrai cours d’informatique ! J’ai tellement honte que je deviens rouge comme une tomate mais je vois autour de moi tous les élèves rigoler.

- Ils sont trop cool tes parents !

A ce moment-là, tous les enfants s’attroupent autour de moi pour devenir mes copains. Mais je vois mon père se frotter le ventre en regardant mes camarades, il fait toujours ça quand il a faim. Ma mère lui fait les gros yeux mais il s’est tellement frotté le ventre que le maquillage sur sa main est parti et ses doigts redeviennent verts. Un enfant lui demande alors :

- Mais Monsieur, pourquoi votre main est verte ?

 

Pris de panique à l’idée d’être démasqué, mon père nous attrape ma mère et moi puis nous partons vite récupérer mon frère dans sa classe et nous montons dans la voiture. Décidemment, quand mon père a faim, il fait n’importe quoi ! Il roule à toute vitesse vers un grand pont. Là, il percute d’abord un camion puis la rambarde du pont et nous entendons un grand « CRAC ». C’est le pont qui est en train de casser. Notre voiture tombe dans la rivière.

- Gardez votre calme, dit ma mère, et surtout n’ouvrez pas les portières.

Mais mon frère qui n’a rien écouté, comme toujours, ouvre sa portière. C’est la catastrophe !

Comme chez les monstres il n’y a que les filles qui savent nager, j’attrape mon frère, et ma mère attrape mon père pour remonter à la surface mais c’est difficile. Mon père qui voit que je vais lâcher me saisit à son tour. Tout le monde est alors accroché à ma mère qui nous ramène tous sur le rivage. On entend un « Pimpon » et des véhicules rouges se garent près de nous. Ce sont des pompiers qui viennent vers nous, ils nous regardent bizarrement mais nous demandent si tout va bien.

- Mais pourquoi vous êtes tout vert ? demande l’un d’entre eux.

A cause de l’eau de la rivière, tout notre maquillage a dégouliné. Mais mon père, trop heureux d’avoir sa famille saine et sauve leur répond honnêtement :

- Parce que nous somme des montres !

- Oui mais des monstres gentils, je rajoute de ma petite voix.

- Très bien, dit un pompier, peu importe qui vous êtes, l’essentiel c’est que vous alliez bien ! Et puis, vous avez l’air d’être une famille très unie !

On se prend alors tous les quatre dans les bras pour faire un énorme câlin collectif car c’est comme ça qu’on fait en France avec les gens qu’on aime. Et puis, le pompier a sûrement raison, peu importe qui nous sommes car on est vraiment la plus chouette des familles du monde !

Ma maman c’est la plus forte car elle nous a tous ramenés sur la rive.

Mon papa, c’est le plus courageux car il n’a pas hésiter à avouer qui nous sommes vraiment.

Et mon frère c’est le plus malin car s’il n’avait pas ouvert la portière, on serait peut-être restés coincés dans notre voiture au fond de l’eau.

Et moi… je suis la plus curieuse et je vais continuer à lire et apprendre plein de chose pour intégrer au mieux notre famille de montres dans ce nouveau pays !

Même si elle est monstrueuse ma famille, je l’adore, c’est la meilleure !

 

Histoire issue de la monstrueuse imagination d'Eulalie (10 ans)

Corrigée et parfois reformulée par Anne (Maman, 39 ans)

Relue par David (Papa, 42 ans)

Approuvée par Emilien (petit frère, 7 ans)

Avec l'aimable participation de nos 3 chats Dudu (13 ans), Noisette (4 ans) et Pringou (2 ans) dont les prénoms ont été légèrement modifiés pour ne pas citer de marques ;-)

Commentaires

Quelle monstrueuse imagination!!!👍

Monstrueusement intéressante cette aventure....on attend la suite. Bravo !

Super histoire ! Ton imagination est très fertile !

Manifestement, les monstres ne sont pas vegans !

Bravo Eulalie qu’elle imagination et quelle belle description de ta famille !!!

Quelle imagination👏. Bravo Eulalie !!!

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