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le manga Eclat(s) d'âme (tome 1) de Yuhki Kamatani.
Peu avant les vacances d'été, Tasuku est surpris en train de regarder une vidéo **bleep** **bleep**. Outé malgré lui, il envisage de se suicider. Mais alors qu'il s'apprête à passer à l'acte, il voit une femme le précéder. Sa rencontre avec cette étrange apparition puis avec le groupe de discussion qu'elle héberge suspend son geste et l'aide à s'accepter. Une nouvelle pépite au catalogue d'Akata.
Yuhki Kamatani nous offre un titre lumineux, malgré la noirceur de ce qu'on peut y lire. Homophobie « ordinaire », difficultés du coming out et tentatives de suicide des personnes LGBT+, bien plus nombreuses que les autres à commettre cet acte, sont au cœur de cette série qui peint les angoisses d'un adolescent outé au lycée tout en demeurant pleine d'espoir.
Eclat(s) d'âme évoque les difficultés des jeunes à se reconnaître eux-mêmes comme homosexuels dans une société qui les stigmatise, les violences verbales. Il met aussi en scène l'homosexualité « dans le placard », en cachette de ses proches, à travers le couple formé par Haruko et Saki, deux femmes qui ne peuvent avouer à leurs familles qu'elles vivent ensemble.
Le récit « tranche de vie » social se teinte également d'une couche de fantastique, grâce à la mystérieuse Daichi, cœur du salon de discussion où Tasuku se réfugie durant l'été.
Le trait crayonné, peu tramé, donne une teinte poétique à l'ensemble par sa fluidité et sa finesse. Loin de se cantonner à la sensibilité, il se révèle parfois cartoonesque, s'accompagnant d'un découpage dynamique très agréable à lire.
On recommandera sans réserves ce manga engagé et tout en délicatesse.