Il m’a fallu des années avant de comprendre comment lâcher prise. On dit que c’est facile. Dans les films, l'héroïne prend une grande inspiration: de la bonne volonté et des poumons en bonne santé et hop, ses angoisses s’en vont sur une joyeuse musique de fin de film. Mais c’est vrai qu’en général vous loupez peut-être ce passage parce-que vous vous endormez au bout d’un quart d’heure. Pas moi. C’était pas mon cas. Je ne dormais pas d’abord parce-que je pensais à tous ces mannequins sur les magazines, et à mon corps qui aurait fait tâche. Puis quelques mois après, c’était l’angoisse qui me tenait éveillée. Un oiseau dans une cage était plus libre que moi seule dans ma maison. Et je n’ai pas repris mon envol en consultant des médecins. Seule moi pouvait ouvrir la porte de cette cage et en sortir. Tout ce qui m’empêchait de voler c’était les poids qui étaient attachés à mes pieds et me retenaient vers le bas. Comme celui qui me poussait à vouloir paraître parfaite physiquement. Ou celui qui s’occupait du regard des autres. Ou encore celui qui me faisait étudier nuit et jour. Quand j’ai compris ça, ce n’est pas une inspiration débile qui m’a sauvée, c’est moi quand j’ai retiré ces poids de mes pieds. J’ai accepté le fait qu’il n’existe personne de parfait, j’ai relativisé, et soudainement, après des mois de captivité, je me suis envolée.
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