Mostarghia de Maya Ombasic

‎16-07-2020 15:14

Mostarghia de Maya Ombasic

L’odeur des arbres sucrés irriguée par l’impétueuse rivière Neretva, l’echo des bavardages qui résonnent dans les ruelles moyenâgeuses, la ville de Mostar vit heureuse blottie dans ses collines.

 Pourtant ce jour d’avril 1991, les cerises noires cueillies par une enfant espiègle auront le goût amer de la fin de l’enfance, de la joie et de l’insouciance  et pour son père le début d’une lente agonie.

La violente guerre des Balkans a commencé.

Le début de l’exil pour Maya et sa famille.

 

Maya Ombasic rend hommage à son père défunt en lui écrivant une longue lettre, où transparaît la sérénité et la promesse d’un avenir meilleur.

Des mots comme des pierres pour construire un nouveau pont, relier les liens père-fille pour clamer avec force leur attachement viscéral à ce qui était pour eux leur berceau. Leur pays.

Son père était un bohème, un poète de la lumière et un peintre des couleurs, un homme extrêmement sensible à tout ce qui l’entourait.

Sa liberté était de ne pas se définir par rapport à une religion, une ethnie ou une langue. Il ressemblait à sa terre des origines, une terre multiple, tolérante et généreuse. Une ville bâtie et des jardins semés par des peuples venant d’horizons différents mais soudés par l’amour qu’ils portent à leur territoire, à leurs monuments, au goût de la fraternité et de l’entre aide, à l’invitation de toutes les portes ouvertes des maisons de Mostar avant la guerre.

Devenu apatride, privé de ses racines et loin des rives tourmentées de l’Adriatique, le père de la narratrice veille désormais sur un autre bleu.

 

J’ai été touchée par la sincérité et la profondeur des sentiments filiaux qui sont admirablement écrits par l’auteure. Son insoumission aussi à ce qui peut entraver sa liberté d’être, une femme qui revendique sa religion et ses idées, parce qu’elle les partage et non parce que c’est dans l’ordre des choses ou qu’on les lui impose. Tout n’est pas déterminé, la liberté est une parcelle à conquérir chaque jour et à conserver.

Ce texte est un très beau message d’amour à une figure paternelle disparue et à un pays perdu, l’un et l’autre indissociablement liés.

J’ai aimé particulièrement le passage où Maya Ombasic emprunte les mots d’Orhan Pamuk quand il se tient sur le pont du Bosphore : «  Lorsque je suis monté sur ce pont et que j’ai regardé le paysage, j’ai compris que c’était encore mieux, encore plus beau de voir les deux rives en même temps. J’ai saisi que le mieux était d’être un pont entre deux rives. S’adresser aux deux rives sans appartenir totalement à l’une ni à l’autre dévoilait le plus beau des paysages ».

 

Je remercie Lecteurs.com et les éditions Flammarion pour ce très beau moment de lecture.

 

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