Alerte gros coup de cœur pour un premier roman qui vient de sortir : Le gardien de Téhéran de Stéphanie Perez
Ce roman s'inspire d’une histoire vraie. Histoire du musée d'Art contemporain de Téhéran, ouvert en 1977 et de son gardien, un homme simple et timide, qui a protégé les œuvres qui risquaient d'être détruites car considérées comme subversives par les fanatiques religieux, cet homme a gardé un patrimoine culturel inestimable dans la réserve du musée veillant sur elles comme sur ses propres enfants.
Ce roman retrace une page d'histoire de l'Iran, l'auteure raconte l'atmosphère de Téhéran du temps du Shah, les excès et intrigues de la Cour, les scandaleux écarts de richesse dans la population, la corruption, la répression exercée, par la Savak, redoutable police secrète du Chah, la censure de la presse, les emprisonnements et la torture.
Stéphanie Perez raconte aussi la volonté de Farah Diba, surnommée "l'impératrice des arts", de contribuer à la quête de modernisation de son pays en ouvrant un musée qui avait pour ambition de servir de passerelle entre Est et Ouest, regroupant œuvres iraniennes et chefs-d'œuvre occidentaux.
Nous revivons l'inauguration du musée fin 1977, la colère qui monte face aux excès du régime "les folies précédent toujours les grandes catastrophes... L'Iran danse sur un volcan", les prémices de la révolution jusqu'à la main mise de Khomeiny sur le pays.
Ce roman brosse aussi le portrait de Cyrus, un homme sans diplôme ni formation artistique, qui se sent attiré par ce milieu qui n'est pas le sien. Stéphanie Perez décrit sa découverte de ce monde, sa volonté d'apprendre et l'éveil de sa sensibilité artistique, sa sensation d'être écartelé entre deux mondes, le monde de l'art qui gravite autour du couple impérial et le monde populaire des bas quartiers de Téhéran auquel il appartient . Deux mondes qui vont finir par rentrer en collision.
Extrêmement fluide et très bien romancée cette histoire est instructive et captivante. Un roman qu'il est impossible de lâcher !
