Bouleversant, poignant, réaliste... Voici les trois premiers mots qui me viennent en tête pour décrire l'oeuvre si parfaite qu'est "Celle que je suis" de Claire Norton. Cette auteure, chère à mon coeur, m'avait préalablement conquise avec "En ton âme et conscience" puis "Malgré nous". Pensant qu'elle ne pourrait pas franchir un seuil de plus dans l'émotion de sa plume, "Celle que je suis" m'a prouvé le contraire.
Le fait que l'histoire débute par un extrait du journal de Valentine plante déjà le décor et nous invite d'emblée à plonger dans l'intimité de cette jeune mère, afin que l'on puisse comprendre son ressenti et s'attacher, voire s'identifier, à elle. Valentine est, comme encore de trop nombreuses femmes, victime de violences conjugales. Tout le monde en entend parler, dans les journaux, à la télé, sur les réseaux sociaux mais personne n'imagine vraiment le calvaire que vivent ces femmes. Et Claire Norton dépeint parfaitement toutes les étapes de cette ascension vers l'innommable. Valentine est une femme au passé douloureux, marqué par l'abandon de sa mère et le ballotage entre les familles d'accueil. Jusqu'à celle qui a fait la différence et où le fils de ses bienfaiteurs est tombé sous son charme. Vincent, son premier amour. Seulement, la mort tragique du père de ce dernier les séparera durant de longues années. Voulant à tout prix quitter Verdun, sa ville natale, elle fait la rencontre de Daniel. Et celui-ci, parfait à tout point de vue, réussit à la conquérir. S'en suivront un déménagement, un mariage puis un enfant, nommé Nathan. Mais pas seulement. Les brimades, les humiliations, les coups et la peur seront également de la partie. Pourtant, Valentine, persuadée de pouvoir réparer en Daniel l'enfant brisé en manque d'amour qu'il a été, pardonne - sans pour autant les oublier - ses crises de colère, persuadée qu'elle en est la fautive. Claire Norton met le doigt sur un point essentiel : la culpabilité de la victime. "Celle que je suis" n'est pas seulement un roman. C'est le récit on ne peut plus juste des ressentis d'une femme battue. Daniel, pervers narcissique manipulateur, a réussi à mettre en tête à son épouse qu'elle n'était bonne à rien et qu'elle avait beaucoup de chance qu'il veuille toujours d'elle malgré son incompétence. La capacité de l'homme violent à couper du monde sa victime pour la posséder est parfaitement décrite par Claire. Daniel empêche Valentine de travailler à temps plein, de sortir, de posséder tout autre papier que sa carte d'identité. En plus d'être régulièrement molestée, elle est séquestrée. Claire Norton met aussi en avant les phrases clichées trop souvent entendues "Pourquoi tu ne pars pas ?" "Si tu restes, c'est que tu dois aimer ça." Ces propos m'ont toujours fait bondir. Plongé dans les pensées et le quotidien de Valentine, le lecteur peut enfin ressentir sa peur quotidienne lorsque le bourreau introduit la clé dans la serrure, découvre des échalotes dans son plat principal, s'énerve lorsqu'il ne trouve pas sa chemise préférée...Le moindre petit écart est prétexte à une crise de violence, aux cris, aux coups et aux brimades. Valentine n'est pas seulement un personnage. Elle peut être n'importe quelle femme sur cette Terre. Et c'est auprès de Suzette, sa nouvelle voisine, que la jeune maman trouvera secrètement du réconfort, avec son fils, Nathan.
Car oui, Valentine est maman d'un petit garçon de six ans. Et en intégrant ce petit bout de chou à l'histoire, Claire a, avec succès, dépeint le quotidien d'un enfant terrorisé par un climat familial perpétuellement anxiogène. Bien trop souvent, même s'ils ne sont pas touchés physiquement par le bourreau, les enfants n'en restent pas moins des victimes collatérales. Nathan est un enfant qui a a appris à jouer en silence, à finir son assiette malgré son dégoût pour la nourriture qui la remplit, à s'éclipser de la pièce lorsqu'il sent la tension monter. Même à l'école, l'enfant n'est pas comme tous les autres. Il s'isole et ne joue pas avec ses petits camarades. En abordant l'histoire du point de vue de Nathan, Claire a su mettre le doigt sur un sujet encore trop tabou : les traumatismes des enfants face à la violence. Souvent monnaie d'échange ou de chantage, le petit garçon est interrogé à de nombreuses reprises par Daniel sur les faits et gestes de sa maman. Mais l'enfant sait parfaitement ce qu'il en coûtera s'il dit la vérité. Alors il a appris à mentir.
Beaucoup de personnes sont mentionnées dans ce roman, à titre de simples témoins. Et là, nous pouvons tous nous y reconnaître. Qui n'a pas un jour été confronté à de la violence dans le voisinage ? Ecoutant seulement les cris sans pour autant agir de peur de se mêler d'une affaire qui, à nos yeux, ne nous concerne pas ? Claire décrit sans mal ces regards fuyants des voisins lorsqu'ils croisent Valentine dans l'escalier, un foulard autour du cou pour cacher les marques de doigts de Daniel sur sa gorge, ou le fond de teint destiné à masquer les hématomes. La passivité tue.
J'ai été touchée par cette histoire plus que par n'importe quelle autre. Valentine est un personnage attachant, au petit soin pour son fils, et toujours d'une tendresse infinie malgré les 15 dernières années de sa vie marquées par une violence montant crescendo. Lorsque Suzette emménage dans l'appartement d'en face avec son mari Guy et que le regard des deux femmes se croise, Valentine semble reprendre vie. Le petit bonheur quotidien qu'elle trouve par la suite, avec Nathan, chez ce couple soudé et uni, est une vraie bouffée d'oxygène pour eux deux. Comme si elle avait pu lire en elle, Suzette comprend rapidement que quelque chose ne va pas chez Valentine, et pour découvrir quoi, se confie elle-même sur son passé alcoolique et sa renaissance auprès de Guy. Au fil de ma lecture, j'ai considéré Suzette comme une bonne fée, au même titre que celle de Cendrillon. Elle débarque au moment où cette dernière a le plus besoin d'espoir. Démunie de baguette magique, son seul pouvoir a été de libérer la parole de la jeune maman. Dans un monde fermé où la seule évasion pour Valentine se trouvait dans les livres, Suzette a brisé sa carapace et lui a fait comprendre que ce qu'elle vivait n'avait rien de normal, que s'habituer graduellement à l'intolérable menait à la passivité.
A de nombreuses reprises, j'ai du faire une pause dans ma lecture pour sécher mes larmes. Avant de débuter mon roman et connaissant ma sensibilité, Claire m'avait prévenue qu'il serait particulièrement dur à lire, émotionnellement. Les scènes de violence de Daniel envers Valentine, Nathan ou même le hamster de ce dernier m'ont donné des nausées. La plume de l'auteure est tellement réaliste que j'avais l'impression d'être dans cet appartement, tel un fantôme, assistant à ces scènes atroces, aussi impuissante que Nathan, dissimulé sous le lit, lors du viol qu'a subi sa mère.
Claire ne s'est pas simplement contenté d'écrire une histoire. Elle a levé le voile sur les violences conjugales, les traumatismes infantiles, les séquelles psychologiques, les chiffres des statistiques derrière lesquels se cachent de véritablees personnes au visage bien réel dont le coeur s'est arrêté de battre sous la violence du conjoint. Alors, merci à elle, pour ce roman destiné, j'espère, à faire évoluer les mentalités, à dénoncer des bourreaux et à parler haut et fort de l'indicible. Merci à ces personnages comme Gaëlle, Dominique, Suzette, Vincent, Guy, Lise qui ont contribué à sauver Valentine et Nathan de ce cauchemar.
Bien plus qu'une simple histoire, "Celle que je suis" est avant tout un message d'espoir pour toutes les victimes, un appel à l'amour entre parents et enfants, une réponse aux appels à l'aide muets de certaines femmes. Une lecture pour un public averti, dont on ne ressort pas indemne.
Victime de violences conjugales, Valentine Ravier puisait jusqu'à maintenant sa force dans les yeux de son fils Nathan et dans ses lectures, mais cela n'est plus suffisant.
C'est avec l'aide de sa voisine Suzette, ancienne infirmière et l'amour de Vincent, le premier homme qu'elle a aimé, qu'elle trouvera le courage et la détermination de quitter son mari, son bourreau, Daniel.
Mais son combat, long à mener, ne sera pas sans dommages.
En effet, elle aura besoin de puiser dans ses toutes dernières ressources pour trouver la force et la détermination de sortir de cet enfer.
Celle que je suis : Claire Norton - 2266323008 - Livres de poche | Cultura
#Livresenvacances
Ce roman est passé plusieurs sur les réseaux sociaux en étant une lecture coup de cœur pour de nombreux lecteurs.
J'ai eu envie de le découvrir à mon touret je me suis plongée dans ce récit pendant mes vacances d'été.
Un roman abordant le thème des violences conjugales, sujet difficile et non léger pour la période estivale. Je pressentais que l'écriture de l'auteure amènerait le sujet d'une manière délicate, humaine et sensible.
L'auteure dépeint avec brio les mécanismes de l'emprise mais aussi le portrait du pervers narcissique.
Une lecture qui peut-être éprouvante, selon la sensibilité du lecteur, mais qui me semble essentielle pour mieux comprendre toute la difficulté qu'ont ces femmes à quitter leur foyer tellement elles sont terrifiées, maltraitées, battues, harcelées, humiliées.
D'une justesse impitoyable, c'est une histoire qui remut et bouleverse et dont la fin est d'une tension extrême. Difficile alors de lâcher ce livre !
C'est une lecture qui m'a beaucoup plu et forcément touchée. Le sujet principal, les violences faites aux femmes, est bien traité et très réaliste sur le calvaire que vivent les femmes auprès des conjoints ou maris violents.
Etonnamment malgré la dureté de l'histoire, c'est aussi un texte solaire et optimiste. Il y a de très beaux moments où l'amitié, l'entraide, l'amour est mis en avant, ce qui allège l'ensemble.
Je ne peux que vous conseiller de lire ce roman car c'est le combat d'une femme, d'une mère qui lutte pour survivre et protéger son enfant.
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