Bonjour ,
Un bonheur de descriptions sociales sans faux sentiments ... Les mots justes ... efficaces ... Des vies et des évènements où l'on se retrouve ...
Il y a Giono pour la Provence et Nicolas Matthieu pour notre Lorraine ...
Bonne Lecture
RB
J'ai attaqué ce roman reçu en cadeau pour mes étrennes, et depuis trois jours, je ne peux plus le lâcher, même si cela me tord l'esprit de replonger dans cet univers. En effet, je suis née dans l'Est, je m'en suis sauvée au propre et au figuré, et tout ce que raconte Nicolas Mathieu sent le vécu : je m'y revois, dans ce monde petit, étriqué, conformiste, qui ne voit pour ses enfants qu'un avenir médiocre, parce que pour eux "c'est comme ça" et qu'en gros, ils doivent en baver comme leurs parents. J'ai réussi à m'extirper de ce milieu grâce à mon esprit rebelle et à ma scolarité plutôt brillante, et arrivée à Paris, j'ai enfin pu devenir moi-même et me libérer de ces chaines. On ne me demandait pas ce que faisaient mes parents dans la vie, on me jugeait sur mes compétences objectives et mon intelligence. Un livre qui fait du bien et du mal. Bien écrit, avec vocabulaire souvent parlé ou argotique mais qui nous plonge vraiment dans la tête de ses protagonistes et de leurs conflits intérieurs. Il me confirme que je ne retournerai jamais là-bas, même les pieds devant !!! Je précise que j'ai lu également les deux autres livres de cet auteur, et que je les ai bien aimés également (dont "aux animaux la guerre" adapté à la télé, fidèle au livre). J'en suis à la moitié de ce roman, mais je vois se dessiner la suite (sûrement noire, connaissant Nicolas Mathieu)
Bonjour, il faut avoir vécu dans l'Est pour ressentir tout ce que roman fait ressurgir... d'horreur quotidienne ;-)
Merci @spitfire89 pour votre commentaire. A mon tour de vous livrer le mien.
Nicolas Mathieu signe ici un roman sur la société et ses fractures sociales, sur le monde du travail qui ravage des vies dans des open spaces uniformisés, sur la crise de la quarantaine où un bilan de sa vie s’impose, enfin sur la « réussite sociale » et l’échec familial.
D’une écriture poétique et fouillée où chaque mot est pesé, à un rythme lent accompagné de longues descriptions, Nicolas Mathieu traite de tous ces sujets sociétaux au travers de deux protagonistes.
L’auteur nous entraine à la suite d’Hélène et de Christophe, deux quadragénaires que tout oppose, sauf leur passé lycéen commun.
Nous sommes en 2017, dans les Vosges, où Hélène, enfant du pays, a travaillé dur et a réussi à s’extraire de son milieu par de brillantes études qui l’ont amenée à Paris dans un cabinet de Consulting. Cela jusqu’à ce qu’un burn-out la fasse revenir dans sa région natale avec mari et enfants.
Christophe, ancienne gloire de l’équipe de Hockey, adulé de toutes les filles du lycée est maintenant un père divorcé, il n’a jamais quitté Cornécourt, vend de la nourriture pour chiens et vit avec son père dans l’antique maison familiale.
Nous voyons dés le départ que les dés sont pipés mais le génie de Nicolas Mathieu et de nous faire espérer quelque chose, tout comme ses protagonistes.
Hélène s’ennuie dans son couple où la routine et l’indifférence se sont peu à peu installées. Le hasard va mettre, sur son chemin Christophe, l’ancienne gloire du lycée qui ne l’a jamais regardée. Une relation s’installe entre eux malgré le fossé qui les sépare. Hélène, la parisienne surdiplômée revenue au pays a enfin séduit ce garçon inabordable au lycée maintenant englué dans sa petite vie de commercial pour nourriture canine et affublé d’un père qui commence à perdre la tête.
Nicolas Mathieu, par des chapitres alternant le passé de chacun, les années lycée, la vie présente d’Hélène et de Christophe, leurs moments à deux nous invite dans le tourbillon sensuel que vont vivre ses personnages. Par de longues descriptions il nous entraîne, à un rythme lent et cadencé, dans cette relation qui est pour Hélène une revanche sur le passé et pour Christophe un émerveillement qu’une telle femme puisse s’intéresser à lui. Même si chacun a des doutes secrets sur la durabilité de celle-ci mais veut y croire.
La confrontation de ces deux mondes que tout oppose est merveilleusement bien travaillée et ne laisse pas beaucoup d’illusion quant à la conclusion…mais qui sait ?
Un roman, assez sombre et pessimiste mais plein de lucidité et très documenté sur les dérives du monde du travail où les burn-out éclosent comme fleurs au printemps, où le retour aux sources et la mise au vert font un carton chez les surdiplômés, ainsi que sur les complexes et les préjugés persistants dus à l’extraction sociale.
Encore une fois, Nicolas Mathieu nous livre avec une grande justesse un éclatant roman sur les combats de notre temps.
Recit sensuel et politique,actuel et poétique
J’ai eu un peu de mal à rentrer dedans , mais après je ne l’ai pas quitté
Bon moment !!
N’hésitez pas à le lire