Cris
Laurent Gaudé
Récit polyphonique sur la Grande Guerre, « Cris » raconte des morceaux de vie et de débâcle de poilus jetés dans la boue gelée des tranchées et l’horreur rageuse des combats. Les offensives s’enchaînent comme la marée, tantôt montante tantôt descendante, et la violence du ressac désarticule les corps comme les esprits.
Il y a Boris, Marius et Jules, unis par les liens d’une amitié solidaire qui dépasse les frontières du conflit. Il y a les soldats Ripoll et Barboni, le lieutenant Rénier et le médecin qui soigne les plaies purulentes à l’arrière du front. Il y a le jeune Castellac et le salutaire M’Bossolo. Sous la menace des obus, des baïonnettes et des lance-flammes, tous doivent affronter le spectre de la mort et de la folie, lutter contre les cauchemars réels ou imaginés. Car de l’autre côté des tranchées, dans les champs boueux et dévastés, grêlés de trous d’obus, agonise un gazé perdu entre deux camps, et hurle l’homme-cochon, créature bestiale et nue qui erre dans la dévastation comme une âme en peine ou un monstre prêt à faire jaillir le sang.
Les voies de ces hommes perdus loin de chez eux, jetés par la folie humaine dans une folie plus grande encore, alternent et résonnent, comme autant de tristes témoignages, de cris tragiques dans la nuit. D’innombrables récits ont été écrits sur la Grande Guerre. Celui-ci ajoute une petite pierre à l’édifice du souvenir. Dans un récit polyphonique, j’aime la diversité des voix et des styles, chose que je n’ai pas vraiment retrouvée ici. On ne sait rien de ces hommes, de leur histoire, ils sont vides et interchangeables. Mais c’est ce qu’ils sont pour les gradés qui les envoient au front après tout. Juste de la chair à canon. Seul Jules en permission loin de ses camarades laisse entrevoir quelques bribes de son existence hors des tranchées.
J’ai apprécié dans ce récit l’irruption de la folie, à travers la dérive de Barboni ou plus encore dans la silhouette spectrale de l’homme-cochon. Ce n’est pas dans cette histoire que Gaudé brille le plus par son style et sa verve épique, mais il parvient à saisir l’attention tout de même et à aiguillonner l’esprit.
https://www.cultura.com/p-cris-9782253108603.html
Merci @dvall pour ce retour, j'ai lu quelques romans de cet auteur, j'en garde de bon souvenir
Oui, j’aime beaucoup Laurent Gaudé. Lequel de ses romans avez-vous préféré, @spitfire89 ?
@dvall , j'ai une préférence pour chien 51 et je me rappelle que tu l'avais lu.
Oui, effectivement j’ai lu « Chien 51 » mais ce n’est pas celui qui m’a séduit le plus. Pour ma part, j’avais beaucoup aimé « La mort du roi Tsongor » et « Salina ». Les as-tu lus, @spitfire89 ?
@dvall , j'ai lu tes avis mais je n'ai pas lu ses livres.
@dvall ,un livre que j ai également beaucoup apprécié. D ailleurs, tout ce qu écrit Laurent Gaudet mérite notre attention.
@dvall Je ne connaissais pas ce roman de Laurent Gaudé. Le sujet de la Grande Guerre m'a toujours intéressée et touchée car je suis née et ai grandi sur les champs de bataille à Verdun. Autant te dire que c'est un sujet que l'on découvre très tôt.
Je te recommande la lecture du dernier roman de Gilles Marchand " Le soldat désaccordé" qui vient d'obtenir le Prix Eugène-Dabit.
Mon roman préféré de Laurent Gaudé est "Le soleil des Scorta".