Soleiman et Jamal, deux frères soudanais tentent l’aventure : atteindre l’Eldorado européen. Mais leur parcours est semé d’embûches. Leur destin se greffe à celui du commandant Piracci qui est en charge de la surveillance des frontières maritimes, au large des côtes italiennes. Depuis 20 ans, il sillonne les mers et intercepte les embarcations des immigrés clandestins. Un jour, il croise le regard d’une survivante de ces traversées souvent vouées à l’échec, et sa vie va être bouleversée. Il remettra en cause ses convictions, son travail, sa vie… Cathy - Cultura Terville Retrouvez ce livre sur Cultura.com
Eldorado
Laurent Gaudé
Avec ce roman parfumé aux embruns marins et à la poussière des chemins tortueux, Laurent Gaudé nous entraîne sur la piste de ces migrants qui cherchent à traverser les déserts et la mer Méditerranée pour rejoindre l’Eldorado européen, la terre de tous les espoirs. À travers le regard du commandant sicilien Salvatore Piracci, qui dirige une frégate d’interception de navires clandestins, nous découvrons l’absurdité d’une chasse à l’homme sans fin, où l’empathie peut entraver la neutralité et détourner du devoir. Sous les yeux de Soleiman qui cherche à fuir le Soudan avec son frère, nous apprenons la douleur du cheminement, les sacrifices qu’il faut faire pour avancer coûte que coûte, au péril de sa propre innocence.
Deux hommes qui chacun à leur façon doivent arpenter leur destin, tourner le dos à leur existence passée, se remettre en question, pour in fine découvrir le véritable visage de celui qui sommeille au plus profond d’eux-mêmes. Cette structure narrative avec deux arcs distincts qui progressent par alternance, est tout à la fois classique et efficace, car elle permet d’opposer deux mondes qui s’entrechoquent, s’interpénètrent. J’ai moins adhéré à la manière dont l’auteur provoque l’appel à l’action chez le commandant Piracci, introduisant un personnage secondaire mais important pour l’abandonner ensuite à une fin dont nous ignorons tout. Mais il en est ainsi de ces vies en fuite qui prennent la mer sans savoir si elles reverront un jour la terre. Il faut accepter la perte et l’oubli.
Le style de Laurent Gaudé est toujours aussi fluide et agréable, même si je l’ai trouvé dans ce roman moins affiné et vibrant que dans d’autres. « Eldorado » n’est donc pas mon roman préféré de l’auteur, mais il fut une expérience intéressante dans un univers différent de ceux que j’ai déjà explorés avec lui.
Merci pour ce beau coup de cœur @dvall. J'avoue ne pas avoir encore lu de romans de Laurent Gaudé mais j'ai pas mal de fans dans mon entourage !