L’escadron de Catherine de Médicis – Tome 1 La fille sage
Manon Textoris
L’escadron de Catherine de Médicis fait référence aux demoiselles d’honneur qui entouraient la reine-mère auréolée d’une légende noire, la dépeignant comme un être cruel et manipulateur ne reculant devant aucun crime pour conserver son pouvoir. Les historiens modernes tendent à réhabiliter cette femme d’influence et à la décrire comme une habile politicienne qui tentera toute sa vie de réconcilier catholiques et huguenots. Selon Jérémie Foa, qui signe l’intéressante postface de cette BD, « pour bien les voir, il faut enchâsser les beautés de « l’escadron » au cœur du subtil appareil esthétique d’État imaginé par la reine-mère. Des courtisanes-espionnes dont les charmes devaient servir à « envoûter les guerriers les plus pugnaces, (…) à discipliner les corps et à les soustraire aux passions belliqueuses ».
L’Histoire, habilement retranscrite à partir de sources historiographiques, est ici narrée du point de vue de Gabrielle, petite fille du Comte de Rostaing, qui a appris à rester sage et discrète comme on l’attend d’une jeune fille noble de cette époque. Bien qu’il s’agisse d’un personnage imaginaire, elle n’en reste pas moins très crédible et nous permet d’assister à travers un regard original à l’aube des guerres de Religion qui débutèrent en 1562. Malgré les mises en garde de son indocile cousine Justine, Gabrielle se fait une joie de rentrer au service de la reine-mère sur les recommandations de sa marraine. Mais la naïve et délicate jeune fille ne va tarder à découvrir que l’univers de la cour royale n’est pas fait que de faste et de beauté, et que les actes ont toujours des conséquences, parfois terribles.
Le scénario de cette BD est très réussi, ponctué ici et là de citations et références historiques, à Michel de L’Hospital ou encore Etienne de La Boétie avec son « Discours de la servitude volontaire ». L’autrice émoustille même son héroïne et ses lecteurs avec une gravure licencieuse issue des « Sonnets luxurieux du divin Piétro Aretino ». J’ai donc été tout aussi emballé par l’histoire que par le souci de documentation de Manon Textoris. Quel dommage cependant que les qualités esthétiques de cet album ne soient pas parvenues à me convaincre. J’ai trouvé le trait trop simpliste, la mise en couleurs un peu fade, le travail sur la lumière et la profondeur quasiment inexistant. Mais cela ne m’empêchera pas de guetter avec intérêt le Tome 2.
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