La Fabrique du Monde

‎02-05-2016 15:35

La Fabrique du Monde

Meï est une jeune fille, chinoise, ouvrière textile dans une usine de confection à la chaîne.

Meï est une jeune fille, chinoise, ouvrière textile dans une usine de confection à la chaîne. Pendant des heures, diurnes, mais aussi parfois nocturnes, elle coud, attachée à sa machine et sévèrement surveillée par un contrôleur revêche et implacable. La fatigue lui ayant fait commettre quelques erreurs entrainant un léger retard, elle se voit privée de sa paye et ne pourra donc pas rejoindre sa famille pour les fêtes du nouvel an. La voilà donc contrainte de rester seule à l’usine, où elle loge, pendant trois longs jours. Mais ces trois jours vont être bien plus courts et intenses que prévus.

La Fabrique du monde est le premier roman de Sophie Van der Linden, spécialiste de littérature jeunesse. Le choix du personnage adolescent semblait donc s’imposer. Meï est une jeune fille brisée par sa vie en usine. Sophie Van der Linden décrit simplement la déshumanisation du travail à la chaîne et les conditions de travail épouvantable en Chine : le manque de sommeil, des bols de nouilles avalées debout à la va vite pour reprendre rapidement le travail, les gestes répétitifs, la paye dérisoire, l’abrutissement. Mais Meï est différente. Sa grand-mère lui a appris l’amour de la lecture et lui a confié un roman qu’elle lit et relit sans cesse quand elle n’est pas trop fatiguée.

Son esprit aspire à s’évader de ces murs gris, de cette cour d’usine triste. Elle rêve de forêt, d’évasion, de liberté.

Durant les trois jours de « vacances », elle se retrouve seule dans le dortoir. Le contrôleur revêche a été remplacé par une jeune homme qui, lui aussi, doit passer les fêtes dans l’usine désertée. Cette double solitude va les rassembler et Meï va s’éveiller à l’amour sensuel.

Sophie Van der Linden retrace à la fois l’éveil et les désillusions d’une jeunesse brimée et étouffée, elle dit l’horreur d’un travail déshumanisant, rabaissant les hommes à des extensions de machine, sans ouverture d’esprit, sans rêve. Meï sera broyée aussi bien mentalement que physiquement.

Le style simple, parfois un peu trop dans le factuel, décrit cependant assez bien la routine du travail. Il permet aussi une plongée dans une société chinoise dans laquelle les conditions de travail sont perçues de l’intérieur pour mieux en montrer son aspect inhumain. La seconde partie du roman centrée sur l’éveil des sens et des sentiments est d’autant plus puissante qu’elle succède à la première où ces jeunes filles sont décrites abruties par leur travail.

Un premier roman sensible et terrible sur la jeunesse chinoise à notre époque.



van_der_linden_la_frabrique_du_monde.jpg
Balises (1)
Les dernières discussions
Tout afficher >
Une héroïne que rien n'arrêtera et un univers fantasy sombre et fascinant, entre action spectaculaire, magie manipulatoi...
Bonjour mes amis, Je viens de terminer un excellent thriller dystopique, que j'adore, tout comme les thrillers, 04...
À Wynbridge, la neige est revenue. Lorsqu'Anna devient l'aide-soignante d'Angus, le propriétaire de Wynthrope Hall, elle...

Les membres favoris du mois

Tout afficher >