Le Dernier Enfant
Philippe Besson
Un thème universel, celui de l’envol du dernier enfant. Ce thème me parlait en tant que parent et j’étais curieux de découvrir la manière dont l’auteur, qui avait capté mon intérêt grâce à la sensibilité de sa plume dans « En l’absence des hommes », allait le traiter. Ainsi, dans « Le Dernier Enfant », Philippe Besson nous plonge dans l’introspection mélancolique d’une femme, Anne-Marie, en cette journée si pesante de la prise d’indépendance de son fils cadet. Le roman s’étale sur un dimanche entier, avec le dernier petit-déjeuner pris dans la cuisine familiale, le trajet en voiture jusqu’à la ville voisine, l’emménagement du garçon dans le studio étriqué, le déjeuner au restaurant avant l’aurevoir, le retour à la maison dans la prégnance du manque. Les atermoiements d’Anne-Marie, ses états d’âme, ses regrets et ses peurs sont passés au crible de cette journée lourde de sens. Quelle vie possible après le départ du dernier enfant, quand on perd ce rôle qui était l’épine dorsale de son existence ?
La manière dont cette mère se démène avec ses sentiments et ses angoisses est retranscrite avec beaucoup de crédibilité. Il y a ce fils attachant mais gêné, qui ne veut pas être méchant, souhaite juste entrer dans sa vie de jeune adulte sans que cette transition ne soit un drame. Il y a ce mari facilement bougon mais gentil, peu bavard et faussement stoïque. Il y a la voisine confidente qui est déjà passée par cette épreuve et peut ainsi comprendre l’accablement d’Anne-Marie, son désœuvrement à venir maintenant qu’elle doit redevenir femme et épouse plutôt que mère au quotidien. Tout cela est bien rendu, certes, mais il m’a manqué quelque chose pour réellement apprécier ce court roman. Il m’a manqué un style avec davantage de personnalité et d’élégance, plus de profondeur dans la réflexion. La banalité excessive des situations m’a fait penser aux tranches de vie prolétarienne racontées dans « Strip-Tease », ce magazine documentaire des années 80. Je n’ai pas vraiment été ému, hormis dans les dernières pages qui font vibrer la corde dramatique. Mais je garde l’envie de poursuivre ma découverte de cet auteur.
Merci pour ce post @dvall . Je n'ai jamais lu de roman de P. Besson. Pas sûre que ce soit celui-là qui me tente le plus...
Par contre, j'adore la photo : les ciseaux, c'est pour couper le cordon? Le scotch, c'est pour réparer l'âme des parents? Ou les deux ustensiles sont seulement là pour le déménagement du petit dernier?
Quelle perspicacité, @soff78 ! Effectivement, les ciseaux et le scotch sont bien là comme symboles du déménagement du fils mais aussi au sens métaphorique : le cordon à couper et la vie de couple à consolider. 👏
Pas sûr en effet que ce soit le meilleur Besson. J’avais préféré de beaucoup « En l’absence des hommes » et on m’a vivement conseillé « Arrête avec tes mensonges », sûrement le prochain des romans que je lirai de cet auteur.
@dvall Je note tes autres suggestions de romans de Philippe Besson. Je verrai ce que je trouve dans ma médiathèque.
Je garde un excellent souvenir de son roman "Arrête avec tes mensonges", par contre j'ai moins aimé "Paris-Briançon" que j'ai trouvé juste distrayant
@JG69 , je n'ai pas le souvenir d'avoir lu arrête tes mensonges. Je le note pour une éventuelle prochaine lecture.