Dans une première rencontre avec un auteur, il y a la découverte d’un style. Un roman sans style, ce n’est qu’une histoire. Un roman avec du style, cela devient une œuvre. Avec « Le fils de l’homme », j’ai été éperonné dès les premières pages par cette patte animale et sensuelle qui caractérise la plume de Jean-Baptiste Del Amo. Outre la précision du rythme et du vocabulaire, c’est la densité des images produites qui éveille l’imagination et les sensations. Bien que le prologue m’ait paru un peu long et en rupture avec le reste du roman, il a le mérite d’immerger le lecteur dans cette plume racée, de poser le thème de ce roman comme un mème anthropologique : ce qui se transmet d’un homme à son fils…
La quatrième de couverture résonne comme celle d’un roman de David Vann. Isolement au cœur des grands espaces, fardeau transgénérationnel, entrechoquement familial, drame inexorable… Les personnages principaux ne sont pas nommés : le père, la mère, le fils, comme s’ils étaient tous les trois la cible d’imprécations dépassant les frontières de l’identité et du temps.
« Après plusieurs années d’absence, un homme resurgit dans la vie de sa compagne et de leur jeune fils. Il les entraîne aux Roches, une vieille maison isolée dans la montagne où lui-même a grandi auprès d’un patriarche impitoyable… »
C’est ainsi que débute ce drame dans le huis clos monumental d’une montagne parée de forêts majestueuses. La nature y est décrite avec un amour palpable tandis que les relations entre les trois protagonistes suintent d’affection retenue et d’appréhensions masquées, ce qui contribue à instaurer une ambiance tout à la fois belle et menaçante, comme une bête sauvage en maraude. J’ai apprécié ce roman pour sa puissance évocatrice et son atmosphère qui colle à la peau tel un vêtement alourdi de sueur. Bien que l’issue m’ait semblé prévisible, j’ai refermé ce roman, lu pratiquement d’une traite, encore sous le charme d’un maléfice délicieux.
La photographie en bandeau est sublime. Visage d’enfant en clair-obscur sous l’ombre de feuillages. Ce portrait est signé Jefferson Hayman et le jeune garçon est son fils Beckett, prénommé en hommage au célèbre écrivain, poète et dramaturge irlandais qui reçut le prix Nobel de littérature en 1969.
@dvall Magnifique photo effectivement et un sujet vraiment intéressant.