Résumé : Parce qu'un viol a fondé leur lignée, les Scorta sont nés dans l'opprobre. A Montepuccio, leur petit village d'Italie du sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riches. Mais ils ont fait voeu de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, créé avec ce qu'ils appellent «l'argent de New York», leur richesse est aussi immatérielle qu'une expérience, un souvenir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie. Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela - dont la voix se noue ici à la chronique objective des événements - confie à son contemporain, l'ancien curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer.
Roman solaire, profondément humaniste, le livre de Laurent Gaudé met en scène, de 1870 à nos jours, l'existence de cette famille des Pouilles à laquelle chaque génération, chaque individualité, tente d'apporter, au gré de son propre destin, la fierté d'être un Scorta, et la révélation du bonheur.
Superbe livre sur la société sicilienne.
Une histoire de famille qui vous emportera loin du quotidien et de la grisaille de l'hiver.
C’est sous la chaleur d’un soleil à fendre la terre que débute cette chronique familiale qui valut à Laurent Gaudé le prix Goncourt en 2004. Présenté par les Éditions Tishina en texte intégral illustré par les dessins naïfs et colorés de Benjamin Bachelier, « Le Soleil des Scorta » débute en 1875 et brillera cinq générations durant en cette contrée aride des Pouilles bordée par la mer Méditerranée. Là où les murs des maisons sont blanchis à la chaux, là où les oliviers représentent la seule richesse éternelle, là où les pierres contemplent le passage des Hommes dans le silence, le destin des Scorta se forge au feu de l’adversité.
La lignée des Scorta débute vraiment avec Rocco, né « d’une erreur, d’un malentendu, d’un père vaurien, assassiné deux heures après son étreinte, et d’une vieille fille qui s’ouvrait à un homme pour la première fois. » De cette union maudite naîtra une lignée maudite, ployant tantôt sous le poison de la vengeance, tantôt sous le joug de la pauvreté et de la sueur. Mais tout comme l’huile s’extrait de l’olive qui lentement mûrit sous le soleil accablant, le bonheur est peut-être un secret qui s’extrait de la peine et du labeur, un secret que les Scorta font vœux de se transmettre génération après génération. Tout commence et finit à Montepuccio, ce petit village d’où les Scorta ne pourront s’extraire qu’en rêves, tant leurs racines se sont infiltrées profondément dans cette terre âpre mais si chaude et belle.
Laurent Gaudé nous livre ici une fresque sincère et humaine, aux mots simples comme les hommes et les femmes dont il narre la destinée. Les visages marquent la mémoire, les images de cette Italie du Sud s’animent avec vigueur, et on regarde passer ces vies qui brûlent, fument et brillent avant de s’éteindre. Les dessins de Benjamin Bachelier oscillent entre naïveté paresseuse et expressionnisme lyrique. J’ai été personnellement plus touché par les paysages d’ocre et d’azur que par la représentation des personnages, plus vivants dans les mots qu’en dessins. L’ensemble est cependant d’un bel équilibre.
Le soleil des scorta : Laurent Gaudé,Benjamin Bachelier - Poésie | Cultura
Et voici quelques illustrations parmi les très nombreuses qui parsèment ce récit :
Bonjour @Linda3 et bienvenue sur CulturaLivres.
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Et pour une précédente chronique sur l'adaptation graphique du texte intégral de ce roman, n'hésitez pas à consulter ce post :
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