Une violente tempête s'abbat sur l'île, ne laissant qu'une dizaine d'hommes en vie.
Endeuillées et seules, les femmes doivent pourtant survivre.
C'est le cas de Maren, 20 ans, qui a perdu son père, son frère et son fiancé dans cette catastrophe.
Le roi d'Ecosse voit d'un mauvais oeil cette indépendance et envoie sur place un ambassaseur Absalom Cornet et sa jeune épouse Ursula inexpérimentée pour empêcher ce peuple lapon d'avoir recours à leur "magie" et lui faire suivre un seul chemin celui de Dieu.
Mais toutes ne l'entendent pas de cette oreille et bientôt les actes de rébellion se multiplient.
La situation est sur le point d'exploser.
https://www.cultura.com/les-graciees-9782221239261.html
Je partage ici ma chronique sur ce roman que j'ai apprécié :
Agée de 30 ans, Kiran Millwood Hargrave est une dramaturge reconnue en Angleterre. Elle signe là son premier roman pour adultes. Elle a choisi de prendre pour point de départ un fait réel : « Le 24 décembre 1617, une tempête a frappé l’île de Vardo, à l’extrême nord-est de la Norvège, si brusquement que plusieurs témoins ont dit qu’elle semblait avoir été conjurée. En quelques minutes, quarante hommes ont péri noyé. Dans cette contrée déjà isolée et dépeuplée, cet évènement fut une véritable catastrophe. »
L’héroïne principale de ce roman, Maren, voit ainsi périr son père et son frère. Elle se retrouve seule avec sa mère et sa belle-soeur Diina, Lapone, sur le point d’accoucher. Le minuscule village, dans lequel elles vivent, se retrouve vidé de la totalité de sa population masculine.
Les femmes vont devoir batailler pour survivre dans cet environnement plus que difficile. Sur l’île de Vardo, les arbres ne poussent pas, il faut faire venir le bois. Certaines, dont Maren, vont oser braver un interdit : prendre la mer pour aller pêcher afin de nourrir le village.
On pourrait penser que dans de telles conditions de vie, voire de survie, l’entente et l’entraide règnent dans le village. Or, il n’en est rien. Des inimitiés, des jalousies existent depuis longtemps. Ces sentiments seront exacerbés par l’arrivée sur l’île d’un pasteur, puis d’un envoyé du roi, Absalom Cornet. Ce dernier, écossais, s’arrête à Bergen afin d’y trouver une épouse avant d’arriver à Vardo.
C’est la jeune Ursa, fille d’un armateur en faillite, qui sera choisie ou plutôt sacrifiée par son père. Ursa et Maren, contre toute attente, deviendront amies.
Elles verront, avec stupeur et horreur, se révéler au grand jour la mission d’Absalom Cornet : éradiquer l’île de ses sorcières. Cet écossais sinistre a été choisi par le roi pour avoir fait brûler en Ecosse des femmes. Il saura manipuler les jalousies et inimitiés entre les villageoises pour les entraîner à dénoncer celles ayant la plus forte personnalité en tant que sorcières.
L’auteure a su rendre avec brio les conditions de vie dans cet endroit aux conditions climatiques extrêmes (le froid, les mois d’obscurité en hiver), elle a brossé des portraits très justes des différents protagonistes dans le contexte historique du 17ème siècle. Elle nous fait aussi découvrir un pan de l’histoire norvégienne avec la volonté des gouvernants d’éradiquer les Lapons, en accusant leurs chamans de sorcellerie, alors que le peuple (et surtout les pêcheurs) vivaient en bonne intelligence avec eux.
Enfin, on en revient toujours au même thème : au nom de la religion, on accuse à tort, on torture et on tue. Les femmes accusées de sorcellerie n’ont servi que d’exutoires à des hommes misogynes et pervertis.
-
330
-
198
-
154
-
108
-
100
-
98
