Le journal intime d'Isabelle Rimbaud, la soeur du poète. Ce dernier est rapatrié d'Afrique, à Marseille, où il est gravement malade et subit une amputation de la jambe. L'enfant du pays va rentrer sur ses terres des Ardennes, dans ce pays qu'il n'a jamais aimé et a toujours rejeté, comme ses origines, d'être un enfant de "gens de peu". Arthur est souffrant, convalescent dans la ferme familiale où vit encore sa mère, muette de réprobation et d'aversion, et sa soeur Isabelle, compatissante, frustrée et partagée entre son amour pour son frère et sa colère après lui.
"Les médecins sont des hommes de science, pas des hommes de cœur. C'est bardés de leur savoir, de leur érudition, mais sans le moindre ménagement qu'ils m'annoncent qu'Arthur est perdu."
Portrait romancé de la relation entre Isabelle et son frère Arthur Rimbaud. Philippe Besson s’est richement documenté, à la fois sur Rimbaud et sa sœur, on a d’ailleurs l’occasion de lire directement leurs mots au sein du récit. Isabelle grandie dans l'ombre de son frère scandaleux mais surdoué. Il y a beaucoup de choses qui ne se disent pas de vive voix dans cette famille. Isabelle, fragile témoin d'une dégénérescence, d'une mort annoncée, est émouvante dans son amour pour son frère, pourtant si éloigné d'elle. Amour, pudeur, intimité, cruauté, fragilité, des grains dans un sablier du temps. Fatalement beau mais sinistre. Ma note 3,9/5. Sur cultura.com
Merci pour cet avis @spitfire89, vous l'avez lu @Lex_libris @clo73 ?
@CharlotteV @spitfire89 Non pas lu. Le résumé ne m'attire pas plus que cela. Par contre, j'ai adoré Paris-Briançon que je vous recommande. J'ai aussi apprécié son dernier ouvrage sur les violences faites aux femmes.
@CharlotteV @spitfire89 @clo73 un des seuls que je n'ai pas lu de Philippe, il doit être quelque part dans une de mes PAL ^^
Les Jours fragiles
Philippe Besson
Voilà un sujet qui a retenu mon attention. Les derniers mois de vie d’Arthur Rimbaud éprouvés et racontés par sa sœur cadette Isabelle, appelée à devenir la légataire universelle du poète maudit devenu négociant en Afrique. C’est en grande partie grâce à elle que l’œuvre de Rimbaud passera à la postérité. D’Isabelle, je n’avais qu’une image confuse en tête, héritée du film Total Eclipse réalisé en 1995 par Agnieszka Holland (je soupçonne d’ailleurs Besson d’avoir été marqué par une scène de ce film). Avec ce roman, l’auteur imagine la voix de cette femme empreinte d’un amour dévoué pour son frère et qui ploya la majeure partie de sa vie sous le joug d’une mère froide et autoritaire. Contrairement à Arthur, Isabelle n’a pas eu le courage de fuir la stricte éducation puritaine maternelle. Elle est restée dans la maison familiale des Ardennes, « confinée dans son noir pays, de bois coupé et d’arbres nus, d’ardoise gondolée et de volets fermés ». C’est quand Arthur doit rentrer à Marseille, et que les médecins doivent l’amputer d’une jambe du fait d’une carcinose du genou droit, que démarre le récit de ces Jours fragiles sous le triste regard d’une Isabelle narratrice tenant le journal de bord de cette chute dans l’abîme.
C’est entre la cité phocéenne et les Ardennes que s’égrènent les journées maussades ou tragiques du poète au « Cœur supplicié ». De ce fameux poème à la symbolique sexuelle, Besson a choisi de retenir l’interprétation controversée du viol de Rimbaud par des Communards, dans la jeunesse de ses seize ans. Les attractions contre-nature du poète sont évoquées, de même que sa liaison ravageuse avec Verlaine, des péchés qui font honte à la mère et qui incitent la sœur à prévoir de taire ces déshonneurs lorsqu’il faudra entretenir la mémoire. De « sœur de charité », Isabelle passera à sœur de la mort, accompagnant pour son dernier voyage son frère accablé. Dans ce journal imaginé, Besson glisse quelques phrases en italique, écrites par Isabelle ou Arthur, mais ne guettez nulle poésie rimbaldienne. Le style est agréable, même si on attend parfois une fulgurance qui ne vient pas. L’ensemble reste plutôt réussi.