Ce qui est merveilleux dans la littérature, c’est que l‘on peut tout lire et tout accepter. Parce que ce ne sont que des histoires et que c’est ce qu’on aime.
Alors deux petits monstres qui vivent avec leur mère dans un terrier, protégés de la méchanceté des hommes et de la pollution meurtrière, et qu’aucun humain n’a jamais vus, et bien oui, c’est une histoire comme une autre et, grâce à la plume envoûtante de Maud Mayeras, on y adhère instantanément.
Leur gardien Aleph, les nourrit et les élève en leur racontant des contes qu’il écrit lui-même. Ces contes leur apprennent à se méfier de l’extérieur et à se défendre férocement de ceux qui y vivent. Des petits monstres éduqués dans un mélange de crainte et de vénération, purs chefs d’œuvre de leur créateur qui les veut « plus intelligents, plus fins, plus réceptifs que les hommes ».
Mais un jour, en l’absence d’Aleph, ils s’échappent et la réalité les rattrape dans toute son horreur.
Malgré leur vie enterrée puis leur évasion en pleine tempête, ces monstres sont animés de la force et de la conviction qui leur ont été inculquées et le doute ne peut, en aucune façon, s’insinuer en eux.
Maud Mayeras, en alternant le récit de la vie de ces petits et de leur mère, avec les contes qui ont rythmé leurs journées pendant tant d’années, mêle l’imaginaire au réel d’une manière fascinante.
Le choc de ce thriller est violent et il m’a été impossible que quitter une seconde cette histoire ensorcelante. A la réflexion, je me dis que nous devrions mieux décortiquer le sens des contes que nous racontons aux enfants, au risque d’altérer leur jugement et de les laisser, insidieusement, en tirer d’irréparables conclusions.
Car rien n’est jamais innocent, à part les enfants .…. bien sûr.
Un quatrième roman particulièrement réussi.
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