
J’ai eu beaucoup de mal à terminer cette "première partie" des mémoires de Sarah Bernhardt (la deuxième partie n’a en réalité jamais été écrite). Pas à cause du style, parce que j’ai plutôt aimé, mais je trouve qu’elle détaille beaucoup trop certains événements et passe bien trop rapidement sur d’autres, c’est très inégal. Je suis aussi un peu déçue par la personne et son niveau de dissonance cognitive sur plusieurs sujets (due plus à de l’ignorance cependant qu’à des idées douteuses).
Plusieurs extraits m’ont quand même bien plu :
"je me suis rendu compte que des êtres bons, intelligents, pitoyables, deviennent inférieurs lorsqu'ils sont groupés. Le sentiment de l'irresponsabilité personnelle éveille les mauvais instincts. La crainte du ridicule chasse les bons."
"Nous ne voulons pas que Jeanne d'Arc soit la fruste et gaillarde paysanne repoussant violemment le soudard qui veut badiner, enfourchant comme un homme le large percheron, riant volontiers des gaudrioles des soldats, et, soumise aux promiscuités impudiques de son époque encore barbare, n'en ayant que plus de mérite à rester vierge héroïque. Mais nous ne voulons pas de ces vérités inutiles. Elle reste, dans la légende, un être frêle, conduit par une âme divine. Son bras de jeune fille qui tient le lourd étendard est soutenu par un ange invisible. C'est de l'au-delà qu'elle a dans ses yeux d'enfant, dans lesquels tous ces guerriers puisent force et courage. C'est ainsi que nous la
voulons.
Et la légende reste encore triomphante."
"Je visitai Canghnanwaga et n'y pris aucun plaisir. Le même enserrement du gosier, la même angoisse rétrospective me laissaient révoltée contre la lâcheté des hommes, qui cachent sous le nom de civilisation le plus injuste et le plus protégé des crimes."
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