Océan mer
Alessandro Baricco
Avec un art consommé de la narration, Alessandro Baricco nous promène là où sept personnages semblent devoir affronter le naufrage de leur propre existence. Aucun d’eux ne semble plus important qu’un autre en ce lieu où ils se retrouvent tous face à l’océan : la pension Almayer, « posée sur la corniche ultime du monde ».
Un peintre décidé à saisir l’image de la mer et dont toutes les toiles restent blanches, un professeur passionnément investi dans l’écriture d’une encyclopédie sur les limites observables de la nature, une femme adultérine envoyée là par son mari pour la guérir de son infidélité, une jeune fille de baron atteinte d’une maladie mortelle que seule la mer pourrait sauver, le drôle-malgré-lui et émouvant homme d’église qui l’accompagne, un convive placide et taiseux qui a vu les beautés comme les horreurs du monde, jusqu’au septième et mystérieux hôte qui reste cloîtré dans sa chambre loin des regards…
Tous confrontent leurs solitudes, leurs désirs et leurs peurs à la pension Almayer, tenue par une poignée d’enfants bizarres, à la maturité inquiétante, presque des figures fantastiques. L’un contemple l’horizon assis sur un rebord de fenêtre tout en manifestant une implacable logique, l’autre inspire des rêves sur commande, une troisième sait bien des choses que les gens taisent…
Il y a ce naufrage aussi, qui vient casser le rythme tranquille de la première partie du roman. Une tragédie aux allures de Radeau de la Méduse, où les pulsions de survie se mêlent à celles de mort, où les âmes se révèlent, où les destins se font et se défont.
Il y a quelque chose d’ensorcelant et de déroutant à se laisser aller dans ce récit, comme si le lecteur dérivait lui-même dans une barque sans rame au milieu de l’océan. Le personnage principal de ce récit n’est finalement rien ni personne d’autre que l’océan. Il est le grand articulateur, tantôt sujet d’observation tantôt matrice de transmutation, prodigue ou assassin, merveilleux et redoutable tout à la fois. Ce roman énigmatique déroutera plus d’un lecteur mais en fascinera bien d’autres par son pouvoir fabulatoire, son élégance simple et sa construction baroque.
Océan mer : Alessandro Baricco - 2070419584 - Livres de poche | Cultura
@dvall , merci une nouvelle fois tu m'hypnotise par ce genre de découverte.
Tu m'intrigues une fois de plus avec ce roman @dvall . Il m'a l'air d'y avoir un drôle de suspense dans cette histoire. J'en prends note.
Ta photo de présentation est très réussie, très "ambiance".
Merci pour cette présentation @dvall, on a très envie de se laisser porter par ce livre.
Merci pour vos retours, @spitfire89 @soff78 @CharlotteV. J'avais été véritablement emporté par "Soie" du même auteur, dans son adaptation graphique du texte intégral par Rébecca Dautremer, et j'étais curieux de lire autre chose de Baricco. Le genre est résolument différent, même si on retrouve parfois cette syntaxe lapidaire. "Océan mer" verse beaucoup dans l'étrange et je serais curieux de connaître votre opinion sur ce roman potentiellement déstabilisant. Quant à la photo, j'ai juste posé le roman sur un de mes tableaux en cours... Contrairement à Plasson (le peintre dans le roman), je n'ai pas choisi de peindre la mer en blanc... ;-)
@dvall J'ai lu il y a longtemps "Soie" que j'avais beaucoup aimé. Le moment est peut-être venu de découvrir les autres romans de Baricco, dont celui que tu nous as présenté.
Tout à fait, @MAPATOU ! Ou bien de relire "Soie" dans sa version illustrée par Rébecca Dautremer, tu ne le regretteras pas.
De Baricco, on m'a aussi fortement conseillé "Novecento : pianiste".
https://www.cultura.com/p-novecento-pianiste-9782072722271.html