Haruki Murakami
Recueil éclectique, et c’est bien normal puisque la compilation de ces nouvelles s’est faite a postériori, rassemblées après avoir été publiées sur différents supports. Le point commun est cependant évoqué dans le titre, puisque l’auteur rapporte ici des histoires qui l’ont touché personnellement et elles sont en effet écrites à la première personne du singulier.
Elles ont faites de rencontres, plus ou moins originales, parfois au confins du réel, avec ce flou que Murakami sait si bien évoquer. Rencontres ratées, imaginaires, perturbantes, elles ont marqué le parcours de l’auteur, ou sont au moins présentées comme cela. Difficile de percevoir leur genèse, et la part de réel qui les a fait naitre de l’imagination fertile de Murakami.
Femme laide, singe parlant, mais aussi spectre de Charlie Parker, ou échanges furtifs sans lendemains et pourtant encore présents en mémoire des décennies plus tard, la galerie de personnages est variée.
On reconnait sans aucune hésitation ni surprise le style de l’auteur de Kafka sur le rivage et la lecture est agréable, d’autant que le genre particulier de la nouvelle laisse rarement totalement sur la touche le lecteur qui pourra passer rapidement sur des textes moins attractifs.
Merci à Netgalley et aux éditions Belfond
Belfond 20 janvier 2022 150 pages
#HarukiMurakami #NetGalleyFrance
https://www.cultura.com/p-premiere-personne-du-singulier-9782714495471.html
Citations
Boire une bière avec un singe et discuter avec lui, c'était plutôt une expérience des plus baroques. Et quand ce même singe vous confiait que ses pulsions sexuelles (ou son amour) le poussaient à voler des noms de femmes, ce n'était plus seulement intéressant, mais carrément loufoque.
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Ces choses-là arrivent parfois, lui dis-je. des événements inexplicables, illogiques, mais qui parviennent pourtant à vous bouleverser. Quand ils surviennent, je crois que nous devons juste fermer les yeux, ne penser à rien et les laisser passer sans rien faire. Comme si nous glissions sur une énorme vague.
Haruki Murakami est un écrivain japonais, né en 1949.Haruki Murakami a reçu plusieurs prix littéraires comme le prix Yomiuri Literary Prize, le prix Kafka 2006, le prix Jérusalem de la liberté de l’individu dans la société en 2009.
Murakami divise son œuvre en six catégories : les romans longs, les romans courts, les nouvelles, les traductions, les essais et les enquêtes.
Merci pour votre avis @Kittiwake. J'avoue je n'ai encore jamais lu de livre de Haruki Murakami.
@Kittiwake @LeaCultura Je ne sais pas pourquoi mais je fais un blocage sur cet auteur. Je n'arrive pas à me décider à le lire
Oh ! Tout un univers à découvrir ! Je vous conseillerais de commencer par Kafka sur le rivage
Même réponse que pour Léa : commencer par Kafka sur le rivage !
Bonjour @Kittiwake
Je le note aussi pour moi, qui voudrais sauter le pas mais ne l'ai pas encore fait!!!
Première personne du singulier – Confessions passagères
Haruki Murakami
Murakami en personne se pose en « je » dans ces huit nouvelles à l’élégante inventivité. Dans le souvenir de ces moments vécus, où s’estompe la réalité et où débute le rêve ? Ces réminiscences sont-elles de simples fantaisies sorties de l’esprit du romancier ou des reflets de son individualité profonde ?
Ainsi Murakami se souvient, de cette femme obsédée par la mort et qui criait le nom d’un autre pendant l’acte d’amour, de ce vieil homme rencontré par hasard après un rendez-vous manqué et qui par le truchement d’une formule mystique lui révéla peut-être le secret de l’existence, de cette blague potache faite quand il était étudiant au sujet d’un disque de Charlie Parker qui n’a jamais existé, de sa discussion impromptue avec l’étrange frère de sa première petite amie fan des Beatles, de sa passion pour l’équipe de baseball des Yakult Swallows qui malgré ses défaites à répétition mérita ses poèmes, de cette femme moche mais cultivée cachant derrière le masque de sa laideur et de son assurance bien plus qu’une personnalité charismatique, du singe de Shinagawa employé dans un ryôkan délabré et qui lui avoua voler le nom des femmes qu’il aimait, de cette accusation intolérable reçue au comptoir d’un bar alors qu’il cherchait simplement à siroter une vodka gimlet dans un beau costume…
Des éclats de vie, de ses années étudiantes comme de son âge d’homme mûr, qui jettent un rai de lumière sur la personnalité de Murakami ou peut-être de son alter ego de papier. Les textes sont courts mais toujours d’une profondeur inattendue, avec cette coloration chimérique qui est le propre de l’auteur. L’étrange, l’incongru, l’improbable ne sont jamais loin, et pourtant révèlent tant de choses sur la réalité de notre monde et de ses habitants. Voilà un recueil bien divertissant qui parvient à faire réfléchir au temps qui passe, à la fragilité de la vie, aux passions et aux tourments de l’âme…