J’ai découvert David Vann avec le bouleversant « Sukkwan Island », un roman sur lequel j’ai déjà posté une chronique et qui m’a rendu accro à la plume de l’auteur. Cette plume est pareille à ces insectes térébrants qui perforent les matières dures telles que le bois ou la pierre. David Vann, lui, perfore l’âme humaine, la psychologie filiale, il fore jusqu’à des profondeurs insoupçonnées à la recherche de quelque chose qu’il a perdu, s’efforce de retrouver ou d’exorciser au fil de ses romans.
Quand j’ai appris l’existence d’une adaptation graphique de « Sukkwan Island », je n’ai pas hésité, d’autant plus qu’elle est l’œuvre d’un jeune artiste français talentueux, qui a fait ses armes à l’école Estienne, puis à la section cinéma d’animation des Gobelins, avant d’effectuer un séjour au California Institute of the Arts de Los Angeles (ou CalArts), une université privée et école d’arts créée par Walt Disney en personne. De retour en France, Ugo Bienvenu rencontre un beau succès avec ses films d’animation. « Sukkwan Island » est son premier roman graphique.
Nous retrouvons dans cette adaptation une retranscription fidèle de l’histoire de David Vann, et il est troublant de découvrir à quel point les images nées de mon imagination à la lecture du roman ont trouvé écho dans les dessins d’Ugo Bienvenu. L’artiste a fait le choix du noir et blanc pour ses planches, ce qui sied bien à une œuvre telle que « Sukkwan Island ». Le style est sobre, le cadrage intelligent, et la tension dramatique habilement échafaudée par l’image. Les silences sont prégnants, les cases grand format éloquentes, et Fabrice Colin évoque dans sa préface une « empathie graphique », termes qui me conviennent parfaitement. Mon seul regret : que cette lecture haletante arrive trop rapidement à son terme !
Sukkwan Island
Arrivée de l'hydravion
Découverte de la cabane
Visite d'un ours
Dans la nuit...
Sous la pluie...
Ce qui se cache sous la jaquette...
Je découvre avec vous qu'il existe une BD tiré du roman de David Vann, et je me vois tout de suite commander cet album, il me le faut tant le roman m'a impressionné.
Juste un peu dommage qu'il soit en noir et blanc, alors que les paysages de l'Alaska doivent être magnifiques en couleur.
Merci pour cette découverte.
Merci à vous, @Kaay. Il est vrai que je préfère la couleur moi aussi, mais finalement le noir et blanc sied bien à cette histoire tout de même très noire. De coloribus non est disputendum...