Cela fait 10 jours que le virus U4 accomplit ses ravages. Plus de 90% de la population mondiale est décimée. les seuls survivants sont des adolescents. L’électricité et l’eau potable commencent à manquer, tous les réseaux de communication s’éteignent. Dans ce monde dévasté, Koridwen, Yannis, Jules et Stéphane se rendent, sans se connaître, à un même rendez-vous. Parviendront-ils à survivre, et pourront-ils changer le cours des choses ?
Stéphane est la fille d'un célèbre épidémiologiste lyonnais. Convaincue qu'il a survécu à l'épidémie, elle ne veut pas rejoindre le groupe d'adolescents qui s'organisent pour survivre. Si son père ne revient pas ou si les pillards qui contrôlent le quartier arrivent avant lui, son dernier espoir résidera dans un rendez-vous fixé à Paris.
Comme dirait notre ami Joey Starr, c'est d'la bombe bébé ! (on a les références qu'on peut, hein.) U4, c'est l'histoire d'un coup de cœur instantané, avant même sa parution. Ça a commencé lorsque la représentante Nathan m'a présenté le projet un jour de travail comme un autre, et j'ai eu le flash sur la maquette et l'idée même du projet : quatre auteurs français, quatre personnages de fiction, une même histoire... et donc quatre romans à la fois indépendants et complémentaires pour encore plus de plaisir !
U4 s'est révélé à la hauteur de toutes mes espérances. Sur les quatre romans publiés, j'ai choisi de commencer par Stéphane la lyonnaise (les autres sont Koridwen la bretonne, Jules le parisien et Yannis le marseillais) pour trois raisons :
- j'ai découvert Vincent Villeminot avec Instinct et j'avais bien accroché ;
- Stéphane est, contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, une fille !
- j'ai vécu deux ans à Lyon et j'étais impatiente de me retrouver dans les rues que j'ai bien connues...
Et là, dès les premières pages, la magie fonctionne. Stéphane est une adolescente sans chichi, assez mature et dégourdiepour qu'on n'ait pas envie de lui mettre des claques toutes les deux pages. La mise en place est rapide, le décor sobre et réaliste. On est immédiatement plongé dans un univers très familier et pourtant complètement bouleversé par un cataclysme sans précédent. Le sentiment d'urgence est palpable ; le drame est encore frais mais l'on est déjà un être différent : un survivant. Les descriptions de la ville sinistrée sont frappantes, on imagine presque sentir la fumée des feux de voitures. Vincent Villeminot n'hésite pas à décrire de façon assez crue les cadavres qui jonchent les rues mais je n'ai pas eu un seul instant l'impression qu'il en rajoutait ou qu'il s'y attardait plus que de raison : tout est fait pour qu'on s'immerge complètement dans l'histoire et qu'on s'imagine aux côtés de Stéphane.
Quid de notre héroïne d'ailleurs ? Persuadée que son père est encore en vie quelque part, elle l'attend patiemment dans leur appartement. Mais à la disparition des adultes et de toute forme d'autorité, le chaos s'installe et sa sécurité n'est plus assurée: vols, pillages, destructions et violences se multiplient. Elle se voit contrainte de rejoindre le R-Point du Parc de la Tête d'Or, administré et géré par des adolescents. Et c'est là que je tire mon chapeau à l'auteur qui a su écrire plus qu'une simple histoire de rescapé. Certes, on s'attache à Stéphane et à son destin, mais la catastrophe permet à Vincent Villeminot d'aborder des thèmes plus profonds et extrêmement intéressants. Comment s'organiser lors d'un événement de cet ampleur ? Face à la disparition de l'autorité établie, qui doit prendre le relais ? L'urgence et la gravité de la situation autorisent-elles des mesures extraordinaires ? Qui endosse les responsabilités ? Toute la crédibilité du roman est issue de ces problématiques incontournables, et l'on se projette et s'interroge sans mal sur ce que nous ferions nous-même dans cette situation.
Par ailleurs, on attend avec impatience la rencontre avec les trois autres personnages de la série et cela rajoute une dose de suspense très appréciable. Lorsque les quatre adolescents finissent par être réunis, je me projetais déjà dans les autres romans, imaginant la même scène vue par les yeux de chacun. Tout le génie de la chose est que la fin de n'importe quel des quatre romans ne gâche pas celle des autres. C'est même l'effet inverse puisqu'en refermant Stéphane, je n'avait qu'une envie : lire les autres !