"Leur domaine" de Jo Nesbo (Editions Gallimard): frères d'âmes (torturées)

[laureleenette]

Jo is back. Sans Harry. Mais avec un tandem de frères qui ont aussi leur lot de casseroles à trainer et une même propension à pencher du côté obscur. 

Digne d'une tragédie grecque, Leur domaine nous enfonce page après page dans une fatalité implacable qui broie les âmes sur son passages, laissant quelques cadavres au fond des ravins.

Une réussite pour les amoureux de romans noirs!

Pitch (4ème de couv):

Carl et Roy ont seize et dix-sept ans lorsque la voiture de leurs parents tombe au fond d'un ravin. Roy s'installe comme mécanicien dans une station-service du bourg voisin pour subvenir à leurs besoins. Carl, aussitôt sa scolarité finie, file au Canada poursuivre ses études et tenter sa chance.

Des années plus tard, Carl revient au pays avec une trop ravissante épouse, mû par un ambitieux projet pour le modeste domaine familial: construire un hôtel spa de luxe qui fera leur fortune et celle de leur communauté, sur laquelle il compte pour financer les travaux. Mais le retour de l'enfant prodigue réveille de vieilles rancœurs et les secrets de famille remontent à la surface. Tandis que les murs du palace peinent à s'ériger, les cadavres s'amoncellent.

Clic! Paf! Crouic! Plonc! Vous les entendez ces rouages qui grincent, qui claquent avec leurs dents grandes comme celles d'un monstre? C'est le machiavélique Jo Nesbo qui a mis en place cette machinerie à broyer des êtres et leur faire ressortir cette substance noire qu'ils tentent de cacher sous une confiance affichée ou une apparente placidité. Mais ils n'en réchapperont pas, ces frangins: la main du destin va s'attacher à faire ressortir leurs souffrances et leurs secrets. Frères jusqu'à la mort. Celle de leurs parents… et la leur? Vont-ils décider de s'entretuer ou de se protéger coûte que coûte, même des pires atrocités?

Jo Nesbo s'érige en maitre lorsqu'il s'agit de faire se rencontrer des âmes torturées, de les soumettre à des choix impossibles et immoraux, de questionner les limites de l'amour.

Le mécanisme de cette tragédie est parfaitement huilé: Carl et Roy ne peuvent rien contre la fatalité. Le retour de l'un va faire le malheur de l'autre. Dès le premier regard, ils savent déjà qu'ils vont finir au bord du précipice. Le Norvégien arrivant presque à convaincre le lecteur d'excuser l'inexcusable… ou tout du moins de lui trouver des circonstances atténuantes. Du grand art!

Alors, elle est pour qui la première Baignoire d'Or de l'année???? Elle est pour Jo Nesbo! Modig! 💗

[soff78]

Bonjour @laureleenette 

Je ne me suis toujours pas lancée dans l lecture d'un roman de Jo Nesbo. Oui, je sais, ce n'est pas bien, mais les séries avec le même inspecteur me lassent un peu.

Alors, je crois comprendre que ce polar est un one-shot, donc déjà, je suis intéressée, et en plus votre post donne vraiment envie.

Est-ce là le premier Jo Nesbo que je vais lire? Ben, ça se pourrait bien car il est déjà dans ma PAL...

Merci pour la découverte.

[sauniercat79]

Merci @laureleenette  pour cet avis qui donne envie de découvrir cet auteur venu des pays du nord que je ne connaissais pas. 

[LeaCultura]

Merci pour votre avis @laureleenette. Tout comme vous @soff78 je n'ai encore jamais lu de livre de l'auteur. 

J'ai d'ailleurs pas mal de lacunes en matière de polars venus du Nord !! J'ai lu un Arnaldur Indridasson qui ne m'avait pas convaincue, la saga Millénium au moment de sa sortie et le premier roman de Camilla Läckberg. 

J'adore voyager dans les pays du Nord... mais je ne suis pour le moment pas emportée par leur littérature !! 

[soff78]

Bonjour @laureleenette @LeaCultura @sauniercat79 

Ca y est , j'ai sauté le pas et je viens de finir "Leur domaine". C'est donc le premier Jo Nesbo que je lis.

On est là dans la tension permanente, il faut le dire. Carl et Roy ont vécu une jeunesse tempêtueuse dans un petit village où tout le monde connait tout le monde. La vie est rude dans le froid norvégien, les comptes se règlent à l'ancienne, chaque secret est une raison de plus de se mêler de la vie des autres. On sent que partir serait la seule solution, mais non, chacun reste à sa place pour voir qui va gagner. Et puis il reste la famille, les liens du sang incassables malgré la distance et le temps qui passe.

Alors voir ces morts s'accumuler peut paraitre un peu "too much", mais on est dans la fuite en avant, dans l'obligation d'aller au bout du plan, coûte que coûte. On arrive au bout du roman essoufflé, ébahi de s'en être sorti, la conscience ébranlée tout de même.

En refermant ce livre, j'ai pensé à la fois à certains romans de John Grisham et à "Ce lien entre nous" de David Joy : un plan machiavélique dans une atmosphère assez pesante. J'en suis sortie ébouriffée, presque groggy, mais heureuse de ma lecture.

Je vais attendre un peu avant de lire un autre roman de Jo Nesbo, et démarrer quelque chose de plus... léger!