Avant que le monde ne se ferme d'Alain Mascaro - 4 coeurs

‎04-10-2021 11:28

Avant que le monde ne se ferme d'Alain Mascaro - 4 coeurs

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 PREMIER ROMAN

A découvrir sur Cultura.com

 

Anton Torvath est tzigane et dresseur de chevaux. Né au cœur de la steppe kirghize en Asie centrale peu après la Première Guerre mondiale, il grandit au sein du cirque, œuvre de son grand-père paternel, entouré d'une tribu de jongleurs, de trapézistes et de dompteurs. "L'enfance ne fut qu'errance et mouvement... dans les steppes libres et calmes. Je suis un "Fils du vent", un Tzigane, un gitan... "

 

Il est adolescent quand sa vie bascule en 1941 alors qu'Hitler entre triomphalement dans Vienne. Les tziganes sont assignés à résidence à la périphérie de Cracovie puis Anton va vivre dans le ghetto tzigane du camp de Lodz où sa communauté sera encore plus maltraitée que les juifs à tel point qu'il choisira de se faire passer pour juif, Anton le Tzigane deviendra Julek le Juif.

 

Anton va voir les siens disparaître les uns après les autres dans des camps où le typhus, la faim et la folie des hommes font des ravages. Conformément aux rêves de son père Anton sera le seul de sa famille à survivre. "Fils, nous allons être engloutis. Sauve-toi et tu nous sauveras tous !" Ce jeune homme qui avait des connaissances en médecine et parlait plusieurs langues deviendra la mémoire d'un peuple sans mémoire, des centaines de noms tourneront dans sa tête dans l'attente d'une sépulture, les membres de sa famille, les morts du ghetto tzigane, les morts de Mauthausen, quelques figures fortes qu'il a rencontrées en chemin " Je suis un tombeau, il n'y a que des morts dans ma mémoire, des morts et des cendres..." En lui vivaient des centaines de fantômes qui attendaient une sépulture... mille trois cent quatre noms hantaient sa mémoire."

 

Tout au long de sa vie, Anton va voyager à travers l'Europe accompagné par ses souvenirs d'enfance, les horizons infinis, les plaines immenses, les libres galops, la longue procession des roulottes dans la steppe, la joie et les chants autour du feu, les contes de Jag, l'homme au violon de son enfance... Il fera des rencontres déterminantes, croiser la bonté de Simon, le médecin philosophe qu'il va côtoyer dans un camp, croiser l'humanité de Katok et la mystérieuse Yadia, ex-officier de l'Armée rouge.

 

Ce roman est une belle page d'histoire qui laisse une forte place au romanesque. J'ai aimé suivre le destin d'Anton, le personnage principal, un "Fils du vent", un Tzigane, un gitan...". On découvre sa vie avant la guerre, la façon dont il a réussi à traverser la longue nuit du ghetto et des camps par les présences imaginaires qu'il appelait dans ses rêves. Il a tenu grâce à eux, il a tenu avec eux tous... La description des camps est réaliste, on y découvre, outre la faim qui y sévit, la faim de l'esprit qui frappe les prisonniers, la valeur d'un morceau de papier, d'un bout de crayon, d'un livre, des contes, des mots qui soulagent les maux.

 

Mort-vivant, survivant des camps d’extermination nazis, Anton vivra accompagné de ses morts, ses fantômes, "ses engloutis", il devra raconter pour se délester, se libérer mais surtout il devra leur offrir la sépulture qu'il leur a promis. La scène au bord du Gange où il peut enfin déposer son fardeau est très forte.

 

Ce roman nous offre une magnifique immersion dans la culture tsigane, nous montre leur soif de liberté, leur communion avec les animaux, avec la terre, leur sagesse et l'importance des oracles dans cette communauté. 

J'ai trouvé ce roman bien maitrisé, j'ai fermé les yeux sur certaines rencontres, certaines coïncidences parfois un peu irréalistes. L'écriture est soignée sans tomber dans l'ostentatoire.

Cultura Champagne
13 Réponses 13
‎01-10-2021 10:37

Re: Avant que le monde ne se ferme d'Alain Mascaro - 4 coeurs

Mon retour sur ce magnifique roman qui m'a bouleversée :

 

Premier roman d’Alain Mascaro. Professeur de lettres, il a décidé en 2019 de laisser derrière lui la vie quotidienne pour parcourir le monde, sans prévoir de date de retour.

 

Il est quand même venu à Paris début septembre à la Maison de l’Amérique Latine car il fait partie des Talents Cultura 2021, catégorie romans.

 

Anton Torvath naît dans les steppes kirghizes dans une famille de tziganes. La Première Guerre mondiale vient de s’achever. La famille d’Anton possède un petit cirque qui reprend la route pour se produire dans toute l’Europe.

 

Le jeune garçon se révèle un incroyable dresseur de chevaux, tout en douceur et uniquement par sa voix.

La vie sur les routes au rythme des roulottes plaît beaucoup à Anton. Tous les adultes qui l’entourent, à commencer par ses parents, sont des artistes accomplis pour qui la Beauté et l’Humanisme sont très importants.

 

Malheureusement, le cataclysme de la Seconde Guerre mondiale va s’abattre sur eux. Anton sera emporté par ce tourbillon destructeur mais la Vie mettra sur son chemin des êtres qui lui permettront de garder son humanité.

 

J’ai été profondément touchée par l’écriture d’Alain Mascaro, très poétique et à la fois profonde. On sent le souffle des steppes, celui de la Vie qui est malgré tout plus forte que tout. La puissance de caractère et la sagesse de ses personnages fait qu’on aurait envie de les rencontrer.

 

« Etre ici, présents au monde, c’est notre seul bien, disait Jag. Hier n’existe plus ; demain est encore improbable, mais cette seconde qui passe, ce moment, cette présence, toi et moi ici, assis sur cette pierre à regarder le désert, et tes pupilles ouvertes comme des oisillons affamés, et ma vieille main ridée posée sur mon genou, et cette femme en sari bleu sur le balcon là-bas, regarde ! et le rire de Katia derrière nous, et cette pierre rugueuse sous nos doigts : voilà la seule vérité. Ces instants qui passent et glissent sont nos seuls trésors, Anton, nos seuls trésors. (…) Il faut aimer, Anton ; sans quoi il n’est pas de vie possible… »

 

Précipitez vous pour vous procurer ce roman et lisez le tranquillement pour vous laisser imprégner de cette magnifique histoire.

‎07-10-2021 19:34

Re: Avant que le monde ne se ferme d'Alain Mascaro - 4 coeurs

@MAPATOU @JG69 J'ai beaucoup aimé aussi ce roman.

 

Voici ma chronique :

 

Lorsqu’Hitler entre à Vienne en 1938,  le cirque tzigane Torvath, originaire de Sary Moghol au Kirghizistan, installe son chapiteau dans toutes les petites villes d’Europe centrale, au gré de son inspiration.

Mais rapidement, cette famille de nomades sera stoppée dans son errance par les nazis et ceux qui survivront seront enfermés dans le ghetto de Lodz, en Pologne.

Après avoir été déporté dans les camps de concentration d’Auschwitz puis de Mauthausen, et survécu à « la longue marche de la mort », Anton le dresseur de chevaux, sera le seul survivant de cette famille tzigane décimée.

Inspiré par la sagesse des grands penseurs tziganes et hindouistes, ce « fils du vent » emportera avec lui la mémoire des victimes de la barbarie qu’il aura croisées dans son terrible périple, pour finalement revenir à ses racines et à ses valeurs.

Au croisement de plusieurs cultures, cette ode au nomadisme et à la non-violence porte en elle le souvenir des disparus qui donnent aux survivants  la force de reconstruire le présent.

Mélange de conte poétique aux limites de l’imaginaire et de témoignage historique sur le génocide des tziganes, ce roman d’Alain Mascaro nous entraîne sur les traces d’un peuple baigné de traditions ancestrales et nous offre une belle leçon de résilience.

J’ai aimé ce contraste entre la difficile réalité du nazisme et la grandeur de la sagesse tzigane, et j’ai voyagé avec émotion sur les traces de cet homme qui parlait aux hommes et aux chevaux.

Une belle découverte.

‎30-10-2021 17:40

Re: Avant que le monde ne se ferme d'Alain Mascaro - 4 coeurs

Pour être honnête, je ne pensais pas que j'aimerais autant ce roman. Je n'ai pas trop accroché au début. Il faut dire que je n'aime pas du tout le monde du cirque, les animaux détenus en captivité, esclaves de l'Homme etc. Puis, au fil des pages, je me suis laissée prendre par l'histoire tellement touchante du jeune Anton. J'ai beaucoup aimé l'écriture tendre, délicate et pleine d'humanité. L'auteur nous emmène loin, très loin : dans la steppe, avec les chevaux, sur les routes, et dans les camps de concentration. L'auteur nous raconte l'enfance d'Anton, la vie de famille, le clan puis l'horreur de la guerre, la solitude, la solidarité et la mort qui plane au-dessus de tout. C'est triste, beau, fragile et plein d'espoir, comme la vie au fond. C'est donc une très belle découverte.

"Les livres sont nos guides et les mots sont notre force."
‎31-10-2021 18:23

Re: Avant que le monde ne se ferme d'Alain Mascaro - 4 coeurs

@SandraC03 @JG69 @IsaPouteau Je trouve dommage que l'on ne parle absolument pas de ce roman dans la presse. Smiley triste

‎01-11-2021 10:34

Re: Avant que le monde ne se ferme d'Alain Mascaro - 4 coeurs

@MAPATOUC'est vrai qu'il y en a peu, contrairement aux sites de bibliothèques, librairies et blogs...
"Les livres sont nos guides et les mots sont notre force."
‎15-11-2021 15:05

Re: Avant que le monde ne se ferme d'Alain Mascaro - 4 coeurs

Bonjour.

 

Le début de ce livre m'a beaucoup fait penser à "Le témoin imprévu" de Jo Wajsblat et Gilles Lambert.

 

Belle histoire ou beau témoignage car beaucoup de faits sont réels mais je n'ai pas "accroché".

J'ai eu du mal à le terminer.

‎15-11-2021 19:06

Re: Avant que le monde ne se ferme d'Alain Mascaro - 4 coeurs

@comecheznous C'est ça qui est intéressant dans les échanges autour de la lecture, nous n'avons pas tous les mêmes ressentis.

‎16-11-2021 19:02

Re: Avant que le monde ne se ferme d'Alain Mascaro - 4 coeurs

Une belle fresque, une belle découverte du monde du cirque, des gitans, des fils du vent... dans un contexte de guerre... j'ai tout aimé et beaucoup appris de ce récit, de ce roman... 

Plus généralement, je trouve que les premiers romans de cet automne sont vraiment de très haut niveau... la littérature a encore apparemment de beaux jours devant elle, et c'est tant mieux !!

 

‎16-11-2021 19:57

Re: Avant que le monde ne se ferme d'Alain Mascaro - 4 coeurs

@indiennimes je partage entièrement votre avis en ce qui concerne les premiers romans. Et je trouve dommage qu'on n'en parle pas assez. Y en a un peu marre d'entendre parler de ceux qui sont déjà bien installés et ont leur lectorat qui les suit. 

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