Marie Bardet
Marie Bardet choisit cet épisode peu glorieux du conflit pour le romancer, à travers le destin de deux enfants, qui ont échappé miraculeusement au crash du Galaxy C-5 : cent cinquante enfants y ont perdus la vie, peu après le décollage de Saïgon.
Sean et May ont été adopté, malgré leur apparence déroutante : ces deux petits asiatiques sont noirs. C’est un couple de cousines dévotes qui prend en charge leur éducation.
Mais lorsque qu’on fait leur connaissance, alors qu’ils sont ados, c’est dans un contexte dramatique : Sean est accusé d’avoir violé et tué une jeune fille et d’avoir eu des relations incestueuses avec sa soeur, enceinte de ses oeuvres.
Il faudra un procès et un avocat commis d’office motivé pour faire le clair dans ce drame.
Le roman a le mérite de mettre en lumière cet épisode tragique et honteux de la guerre du Vietnam, et renvoie à d’autres trafics d’enfants et aux innombrables secrets de famille que peuvent engendrer les conflits internationaux dont les victimes collatérales subissent les conséquences. Si pour les américains, l’opération a été interprétée comme un sauvetage pour ces enfants au statut complexe dans leur pays d’origine, on peut tout de même se demander quelle peut être leur place dans le pays d’accueil.
Les personnages du roman sont fictifs, et l’histoire est poignante, mais la multiplication des coups du hasard lors de la recherche des origines rend le récit peu vraisemblable.
Ecrit avec beaucoup d’humanité, et de compassion pour ses personnages, Babylift reste un bon moment de lecture et une découverte de cette affaire qui a été peu médiatisée en France.
Le lieutenant en second Margareta Gardner est à bord du galaxie C5-A de l'US Air Force lorsque l’avion-cargo se pose sur le tarmac de l'aéroport Tan Son Nhat. Le cadran de la tour de contrôle indique 10h00 . La température extérieure est de 28°. L'appareil va rester immobilisé jusqu'en début d'après-midi, puis il décollera pour San Francisco après avoir fait le plein de passagers. Des enfants et des nourrissons vietnamiens en provenance des orphelinats de Saïgon, dont l'identité ne figure sur aucun aucune liste d'embarquement. Environ trois cent d'entre sont attendus pour ce vol très spécial.
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Julien ouvre les yeux et regarde cet homme en robe noire trop large, avec son regard de chien battu et sa mimique inénarrable, qui a pris à revers les fausses accusations, la bien-pensance et les préjugés avant de retourner à l'envoyeur une bombe à fragmentation. Il ménage son suspense, l'animal. Intérieurement il doit jubiler, le petit avocat commis d'office dont personne ne sait se défier. Son talent tient en haleine toute la salle.
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Mais elle éprouve le même sentiment pénible que lorsqu'on assiste à la projection d'un film mal synchronisé. Les sous-titres, décalés, rendre l'intrigue confuse. Alors qu'un soldat américain, son paquetage à l'épaule, fait un dernier signe par la portière d'une jeep, une femme en pleurs presse ses petits contre elle, et, de l'autre main agite un mouchoir. La caméra se recule, et on peut voir la maison construite à l'aide du bienfaiteur dans un style qui rappelle les chalets de la Louisiane, avec une terrasse en bois coiffé d'une vraie véranda et non d'une vulgaire plaque de tôle. Puis on pénètre à l'intérieur. Au plafond, tourne un énorme ventilateur. Un transistor grésille sur le buffet. Et luxe inouï, un réfrigérateur ronronne tel un chat repu. Mais l'héroïne du film est douteuse. Comment se fier à une jeune fille appeler Dièm dans une vie, Flower dans une autre et enfin, May ?