Très peu de texte dans cet ouvrage consacré aux carnets de voyages du célèbre peintre franco-chinois Zao Wou-Ki, membre de l’Académie des Beaux-Arts de Paris et décédé en 2013. Son œuvre demeure, à l’instar de ces croquis et aquarelles, préfigurateurs de ce que deviendra son art mûri, et au sujet duquel Henri Michaux écrivit : « Montrer en dissimulant, briser et faire trembler la ligne directe, tracer, en musant, les détours de la promenade et les pattes de mouche du pinceau rêveur, voilà ce qu’aime Zao Wou-Ki, et, tout à coup, avec le même air de fête qui anime campagnes et villages chinois, le tableau apparaît, frémissant joyeusement et un peu drôle dans un verger de signes. »
L’ouvrage est préfacé par Dominique de Villepin, grand amateur et connaisseur de l’œuvre de Zao Wou-Ki. S’ensuivent quelques pages écrites par Zao Wou-Ki à Michaux, puis quelques autres rédigées par la femme de l’artiste, Françoise Marquet. On y apprend les voyages du peintre qui ont contribué à son éveil pictural, comment il a rempli ses carnets de montagnes et de forêts, d’animaux et de plantes, de navires et d’architectures, la manière dont l’abstraction finalement s’est imposée, avec cette recherche des signes et des symboles. Paul Klee contribuera beaucoup à cette percée des signes dans l’œuvre de Zao Wou-Ki, juste retour aux sources puisque Klee lui-même emprunta l’usage des signes à la calligraphie chinoise. L’art est ainsi fait, une éternelle conversation entre la forme et l’idée, entre les artistes aussi, qui s’efforcent de les mettre en images.