Jacqueline Woodson
Au son d’une playlist riche et variée, qui fait référence à des titres iconiques d’une musique rythmée, Jacqueline Woodson dresse le portrait d’une famille noire américaine qui s’apprête à fêter l’intronisation de Mélody, selon la tradition qui ouvre les portes du monde aux jeunes filles de seize ans. Cette fête dont l’on a privé sa mère, alors enceinte. Les femmes des générations successives vont prendre la parole au cours des chapitres, qui mêlent les voix et les époques, et mesurent le chemin parcouru et celui qui reste à faire.
C’est une réflexion sans tabou sur la maternité, (et un peu la paternité), la famille et ses liens qui unissent ou entravent. Sur la place des afro-américains, qui malgré les progrès accomplis sur le plan des droits de l’homme restent complexe. Sur les choix de vie et la sexualité, l’éducation et l’héritage.
C’est un roman riche et plus dense qu’il n’y paraît, les émotions qu’il suscite génèrent une réflexion plus profonde.
Merci à Netgalley et aux éditions Stock.
Citations
Au cours de sa première année à l'université d' Oberlin, Iris découvrit la solitude et le tabagisme. Elle vivait dans une chambre de Heritage House, la seule résidence noire du campus. Le soir, lorsque, penchée sur son bureau, elle découvrait Ne suis-je pas une femme ? De Bell Hooks, elle entendait les étudiants qui s'attardaient dans la pièce commune.
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Ce n'est pas possible, se lamentait sa mère, la tête dans une main, le paquet de serviette dans l'autre. O Dieu tout-puissant, notre Père, au nom de Ton fils et de la très sainte Mère, dis-moi que je rêve. Dis-moi que ce n'est pas un piège que nous tend Satan. Pas ma petite fille. Pas mon adorable petit fille.
"Si j'attends un bébé, avait dit Iris calmement, sans cesser de toucher son ventre, je le garde"