Mathilde Forget
« Je me suis livrée à la police moi-même »
C’est ainsi que la narratrice débute son récit. Et si elle s’est livrée, elle, victime d’un viol, c’est qu’elle craint d’être l’auteur d’un meurtre.
A l’unisson de l’état de confusion que l’on imagine bien dans un tel contexte, les phrases émergent et se mélangent, parfois répétées telles des mantras, parfois dénuées de sens. Et peu à peu la soirée apparaît dans toute son horreur.
C’est un court roman, original dans sa forme et son écriture, et dérangeant par son propos.
Sexisme, homophobie , crédit accordé aux victimes tous ces thèmes apparaissent en filigrane. Et il est hautement louable de donner ainsi la parole à ceux que la crainte des retours de bâton rend muets. Cependant la forme s’essouffle, même sur 140 pages, il est difficile de tenir la distance.
Citations
Je me suis livrée à la police moi-même. J'essaie d'enlever la crasse coincé sous mes ongles mais c'est compliqué. Il en reste toujours un peu. Il me faudrait une fine lame comme la pointe de mes ciseaux en acier, celle rangée avec ma brosse à dents sur l'évier de ma salle de bain. Mes ongles sont suffisamment longs pour se salir mais trop court pour m'aider à racler cette terre. Il faudrait que je me lave les mains. Je veux me laver les mains. Non, ce n'est pas ça. L'idée ne vient pas de moi. En ce moment je ne pense pas à ma saleté comme un problème.
Ça m'occupe, c'est tout. Mais en rentrant dans le bureau, l'un deux s'est adressé à moi .
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Au collège, forcée de constater que le Ciel ne déniait pas me changer un garçon pour pouvoir aimer Charlotte en toute légalité, j'ai eu d'autres prières et espéré me réveiller en fille normale qui aime les garçons. Je préparais déjà ma défense.