Découvrez La petite Couronne de Gilles Rochier, album en lice pour le Prix du Public Cultura 2018.
A l’extérieur du périph’, rien de nouveau. Les jeunes de **bleep** ont grandi. Ils ont même pris un sacré coup de vieux mais ils sont toujours là, au milieu des blocs. Ils se retrouvent presque cinquantenaires, entre gamins à chercher à l’école et combines foireuses pour dissuader le dealer de squatter le hall. Dans les tranches de vie compilées par Gilles Rochier, il y a des pépites d’humour plus ou moins noir avec du désespoir coincé dedans... à moins que ce soit l’inverse.
Un banc, des barres d’immeuble et un quotidien loin des clichés. Le temps s’écoule lentement, ponctué par des dialogues de compétition ou des scènes surréalistes. Différents fils rouges s’entrecroisent : les passages d’une vieille et son chien, les gamins à gérer et même l’achat d’un pistolet...
Dans une palette d’ocre, Gilles Rochier étire le temps à l’ombre des tours. Dans un découpage qui alterne cases classiques, paysage urbain et même dialogues sans images, il arrive à faire sourire avec des moments de blanc, de gêne ou de pure lose. Que ses anti-héros découvrent un hipster (ça se mange ? A tes risques et périls.) ou soient abasourdis face à la fusillade à Charlie Hebdo (Le début de la fin... Je vais aller faire des courses...), ils ont toujours la repartie qui fait sourire.
Face aux grands ensembles écrasants, les personnages principaux accusent le coup. Pas idéalisés pour un sou, ils sonnent juste. Casquette, burger ou terrain de basket, les détails qui séparent deux de leurs aventures tombent à pic pour aérer le récit qui cultive un sacré sens de la chute.
Pas de lauriers pour les habitants de La Petite Couronne, mais un quotidien croqué avec ce qu’il faut de distance pour créer un tableau efficace et pince-sans-rire.
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