Festival d'Angoulême : Découvrez la sélection Cultura 2017 5/6

‎16-01-2017 16:51

Festival d'Angoulême : Découvrez la sélection Cultura 2017 5/6

 

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La BD a ceci de commun avec la littérature qu’elle permet d’explorer les aspects les moins reluisants de l’humanité. Mais lorsque le graphisme est grandiose, lorsque l’abjecte se dit avec le sublime, comme c’est le cas dans Shangri-la et Demi-Sang, la bande dessinée démontre qu’elle est véritablement un art à part entière, capable de prouesses qui n’appartiennent qu’à elle.

 

Shangri-La de Mathieu Bablet, Ankama éditions.

Dans un futur lointain de quelques centaines d’années, les hommes vivent dans une station spatiale loin de la Terre et régie par une multinationale à qui est voué un véritable culte. En apparence, tout le monde semble se satisfaire de cette « société parfaite ». Dans ce contexte, les hommes veulent repousser leurs propres limites et devenir les égaux des dieux. C’est en mettant en place un programme visant à créer la vie à partir de rien sur Shangri-La, une des régions les plus hospitalières de Titan, qu’ils comptent bien réécrire la « Genèse » à leur façon.

 

En ouvrant Shangri-La, c’est tout d’abord une expérience esthétique qui vous attend. Mathieu Bablet est un dessinateur virtuose. Coté ambiance il excelle à inventer d’impressionnants et vertigineux décors comme à susciter un sentiment de claustrophobie dans des espaces exigus. Paradoxalement dans ces scènes ultra-réalistes, les personnages s’incarnent plutôt comme des variations d’une conception symbolique de l’être humain. Toutefois, il marie ces deux types de représentations harmonieusement, et ce notamment grâce à un travail de la couleur tout en nuances d’une maîtrise extrême. Après vous avoir captivé avec son dessin, Mathieu Bablet vous prends au piège se sa narration. Au programme une société a priori idéale proposant tout de même du consumérisme à tous les coins de rue, un racisme latent n’attendant que la première occasion pour exploser, et fondée sur une entreprise scientifique n’hésitant pas à arpenter les sentiers les plus sombres de la manipulation génétique.

 

Demi-Sang, Les Ogres-Dieux Tome 2 de Bertrand Gatignol et Hubert, Soleil éditions.

Dans la lignée de Games of Thrones, l’univers de fantasy médiévale, Les Ogres-Dieux, propose après le succès incontesté de Petit, une nouvelle histoire, celle de Yori, dit Demi-Sang. Son histoire commence avant celle de Petit et se termine au même moment. Les Nobles-Nés dominent le royaume au pied du château des Ogres-Dieux et gouvernent en leur nom. Bien que né parmi eux, la place de Yori n’est pas évidente : si son père le roi l’aime, il n’en reste pas moins un **bleep**, le fils de la favorite, hétaïre de haut vol. Sa grâce et son intelligence ne cessant d’attiser la haine de ses demi-frères légitimes, Yori et sa mère finissent dans les bas-fonds de la capitale. Il est alors prêt à tout pour la protéger : contraint de vivre de ses charmes, Yori amorce une ascension qui le mènera à nouveau, des années plus tard, dans l’entourage du Chambellan et au contact des terribles géants de la montagne... Mais à force de compromissions, ne risque-t-il pas de perdre ce qu’il a de plus précieux, et de devenir pire que ceux qui l’ont toujours rabaissé ?

 

Pour vous donner un aperçu de l’intrigue haletante qu’Hubert a conçu pour ce second tome des Ogres-Dieux, imaginez tout d’abord un univers digne des frères Grimm, où de gargantuesques ogres règnent sur les hommes sans vraiment se soucier de l’existence de ces insectes, à qui ils délèguent les affaires du quotidien. Imaginez ensuite un beau jeune homme, un héros digne de Nicolas Machiavel, prêt à tous les compromis pour dépasser la condition à laquelle sa naissance et un incident de jeunesse le prédestinent. Imaginez enfin que l’élévation de cet éphèbe à la beauté insolente vers les plus hautes cimes du pouvoir, soit quant à elle placée sous l’égide de Pierre Choderlos de Laclos et lie intimement perversion, sexualité et ascension sociale.

Demi-Sang c’est également une claque graphique magistrale où le dessin des personnages convoque tout autant Yslaire que Myasaki. Pour camper un univers baroque à souhait, Bertrand Gatignol n’a recours qu’au noir, au blanc, et à trois nuances de gris qu’il module parfois en dégradés à peine perceptibles. Simple en apparence, c’est un cocktail d’une redoutable efficacité qui confère aux Ogres-Dieux une ambiance aussi somptueuse qu’inquiétante, en parfaite harmonie avec l’histoire.

 

 Votez pour Shangri-La ou pour Demi-Sang comme le prix du public Cultura 2017.

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