Impurs, de David Vann

‎09-08-2021 16:25

Impurs, de David Vann

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« Impurs » est le troisième roman de David Vann dans lequel je me plonge. Une troisième incursion dans l’univers glauque, flamboyant et dévorateur d’un auteur qui vit l’écriture comme une expérience cathartique. Chaque roman vous aspire comme dans un puits sombre et humide, et même si « Impurs » m’a déstabilisé dans les premières pages, me donnant l’impression que je naviguais dans des eaux bien différentes de celles de « Sukkwan Island » ou de « Goat Mountain », j’ai vite retrouvé la marque de l’auteur, comme des stigmates qui sans cesse réapparaissent dans son processus créatif. Ces stigmates sont ceux laissés par le dysfonctionnement familial, par le fardeau transgénérationnel, par la perpétuation des schémas destructeurs du père ou de la mère vers l’enfant.

 

La nature sauvage n’a pas ici la place qu’elle tenait dans les deux précédents romans que j’ai lus, même si elle apparaît ici et là par touches contrastées. Les paysages sauvages décrits dans « Impurs » relèvent davantage du monde intérieur du personnage principal. Galen est un garçon de vingt-et-un ans qui vit seul avec une mère oppressante d’amour et étourdissante de vanité. C’est un garçon frêle, perché très haut dans la spiritualité New Age, qui vénère les écrits de Kahlil Gibran et entretient avec la nourriture une relation troublée. Sa vie avec sa mère est ponctuée par les visites qu’ils rendent à sa grand-mère, dont la mémoire s’étiole irrémédiablement. C’est la mère de Galen qui gère l’argent de sa propre mère en fidéicommis, et cette situation rend malades de jalousie et de rancœur sa sœur Helen et sa nièce. Cousine diaboliquement vicieuse à l’égard de Galen, qui se laisse volontiers entraîner vers des sommets de perversion dont aucun détail ne nous est épargné. Quelques jours de retraite passés tous ensemble dans une cabane sur les hauteurs mèneront toute cette petite famille jusqu’à des extrémités rédhibitoires. Quelle issue reste-t-il à Galen pour se libérer de cette malédiction familiale ?

 

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9 Réponses 9
‎04-08-2021 08:45

Re: Impurs, de David Vann

@dvall Merci pour cette chronique Certainement mon prochain David Vann.

Je viens de terminer son dernier roman, Komodo, qui est un peu plus dérangeant, plus intime, notamment parce qu'il entre dans la peau d'une femme de façon assez crue. Encore un roman qui laissera son empreinte.

‎04-08-2021 09:29

Re: Impurs, de David Vann

Merci @IsaPouteau, je suis impatient de lire votre retour sur « Komodo ». C’est le dernier roman de David Vann que j’ai acheté, ce qui fait que j’ai son œuvre complète désormais. N’évoque-t-il pas à nouveau son alter ego romancé, Roy (déjà développé dans « Sukkwan Island ») ainsi que sa soeur Tracy qui est d’ailleurs au centre de ce nouveau roman ? Si celui-ci est dans la lignée de « Sukkwan Island », « Goat Mountain » et « Impurs », alors il devrait me plaire. Il y a chez David Vann une fascination ténébreuse mais aussi lumineuse autour du morbide et du malsain. Ce n’est pas une littérature adaptée à tous les goûts, mais le genre qu’il a créé, axé sur des récits autobiographiques alternatifs et cathartiques, est très original et révélateur d’une psyché torturée qui parvient dans sa torture à un processus créatif particulièrement riche.

‎31-03-2022 17:36

Re: Impurs, de David Vann

Merci pour cette découverte @dvall

Un peu moins prenant que les précédents, ce roman m'a fait néanmoins retrouver David Vann avec plaisir.

 

Voici ma chronique :

A 22 ans, Galen n’est pas encore un homme, tant il est opprimé par sa mère, il reste un grand enfant. Maladivement exclusive, elle le veut pour elle seule et l’isole du monde, l’empêchant de faire des études ou de voyager. Se défendant comme il peut contre cette relation toxique, il se réfugie dans la méditation et la chirurgie éthérique, s’imaginant tantôt être « une vieille âme » qui a traversé les temps, tantôt être le prophète de Khalil Gibran.

La spiritualité apporte un peu de paix dans sa vie, lui permettant d’échapper à la haine qui nourrit les relations entre sa mère, sa tante et sa cousine Jennifer. Seule sa grand-mère, pourtant à l’origine de ce dysfonctionnement familial, semble avoir gardé sa confiance.

Mais lorsque sa mère décide de le renier, il sombre doucement dans une psychose qui emporte son fragile équilibre. S’opère alors une lente et inexorable descente aux enfers qui va voir Galen perdre tous ses repères, mélangeant spiritualité et réalité, dans un tourbillon de violence et d’irresponsabilité.

David Vann sait bien nous entraîner dans la chute de ses personnages si noirs et l’on hésite entre la compassion et l’effroi, spectateur impuissant d’une folie dans laquelle le personnage se noie et que cette phrase de Nietzsche décrit bien : « Si tu regardes longtemps un abîme, l’abîme regarde aussi en toi ».

Assez surréaliste dans la quête de spiritualité, Impurs est moins percutant que les deux précédents romans, Sukkwan Island et Desolations, mais il reste néanmoins une exploration déroutante des mécanismes de la folie qui semble être racontée de l’intérieur.

Une lecture dans laquelle on ne se lance pas la fleur au fusil mais qui, si l’on aime cette écriture très sombre, devient vite addictive.

‎03-04-2022 10:00

Re: Impurs, de David Vann

Merci pour votre retour de lecture, @IsaPouteau. Je suis d’accord avec vous, « Impurs » s’écarte un peu des précédents « Sukkwan Island » et « Goat Mountain ». Même si on retrouve l’obsession de David Vann pour les dysfonctionnements familiaux et les psychologies dérangées, l’ambiance et le ton de ce roman sont très différents. L’aspect glauque et pervers de ce récit peut perturber mais l’immersion reste efficace. Quel sera votre prochain roman de l’auteur ?

‎03-04-2022 11:35

Re: Impurs, de David Vann

@dvall Il me reste L'obscure clarté de l'air et Dernier jour sur terre (qui me fait un eu peur).

Et je crois que je vais commencer par le premier, plus facile d'accès.

Les avez-vous lus ?

 

‎03-04-2022 12:32

Re: Impurs, de David Vann

J’ai lu « L’obscure clarté de l’air », @IsaPouteau, une revisite du mythe de Médée pleine de colère et de sang. L’héroïne de cette épopée est inébranlable et brutale, capable des pires ignominies pour parvenir à ses fins. J’ai retrouvé dans ce roman le style incisif de « Goat Mountain » mais avec parfois un trait trop forcé dans la rupture de syntaxe. Cela reste un bon roman, mais très à part du reste de l’œuvre de David Vann. « Dernier jour sur Terre » devrait être mon prochain de l’auteur. La réflexion sur les armes et le fardeau transgénérationnel devrait être intéressante à suivre même si le thème s’annonce une fois encore assez dur. 

‎04-04-2022 08:41

Re: Impurs, de David Vann

@dvall Je viens de commander L’obscure clarté de l’air et je me réjouis de le découvrir. C'est tellement envoutant de se plonger dans un nouveau roman de David Vann !

‎04-04-2022 13:11

Re: Impurs, de David Vann

Je vous souhaite une excellente lecture, @IsaPouteau.

Hâte de connaître votre opinion au sujet de ce récit épique et barbare...

 

En passant, les couvertures des Éditions Gallmeister sont toujours aussi belles :

L'Obscure Clarté de l'air - David Vann - Éditions Gallmeister

‎04-04-2022 13:42

Re: Impurs, de David Vann

@dvall Oui elles sont toujours magnifiques !

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