C'est un livre dont la lecture ne laisse pas indemne. On peut le rapprocher de l'univers de Simon Johannin avec L'été des charognes édité chez Allia. On retrouve cette noirceur, cette violence sourde.
Le narrateur issu d'une famille violente, tant physiquement que moralement, subissant des sévices corporels et psychique pendant de nombreuses années, s'interroge sur son devenir. Il vient d'être incarcéré et ce livre est son témoignage sur son parcours, une destiné jonchée d'épisodes douloureux avec lesquels il s'est construit, avec lucidité il s'interroge sur sa propre violence. Il a bien essayé d'en réchapper mais inéluctable "le démon" comme il l'appelle lui même a été plus fort que lui. Même quand des moments de joie semblent se dessiner, le mauvais œil, la déveine, font tout dérailler comme s'il lui était interdit de caresser le bonheur, d'être heureux à un moment de sa vie. Quand tout semble fini pour lui il commet l'irréparable en pensant que c'est la solution pour s'échapper de sa condition et d'effacer cette voix qui lui dicte sa mauvaise conduite…
C'est un texte dur, qui remue. Il faut signaler cette écriture remarquable pour restituer cette peur et cette violence à la fois qui habite le narrateur. Avec un langage simple, celui du narrateur nous sommes directement témoin de ses agissements, de ses atermoiements intérieurs, cette lutte avec lui même pour se maitriser. On éprouve malgré de l'empathie pour ce personnage tiraillé dans son intériorité complexe.
Un texte singulier, fort, avec un univers bien affirmé.
Duke est en prison. Dans ce lieu sinistre, Duke se remémore toutes les étapes de sa vie, de sa triste vie. Une existence telle une tragédie grecque. Dans sa cellule, devant sa machine à écrire, que le directeur lui a prêtée, il raconte ses premiers souvenirs, la misère de sa famille, la violence parentale, le démon qui s'envahit, et le désastre qui s'ensuit...
Un premier roman choc où le narrateur surprend par son oralité, sa simplicité, sans aucune virgule. Le style de Dimitri Rouchon-Borie prend à la gorge, il donne l'impression étrange de partager ce que vit Duke, une vraie immersion.
Un roman, certes, sombre mais aussi lumineux grâce à ce personnage, Duke, un peu naïve, mi-ange, mi-démon. Lumineux aussi car l'auteur ne porte aucun jugement, un auteur qui laisse le lecteur réfléchir, ressentir...
Au fil des pages, on découvre la rage, la solitude, des rares moments d'amour. Duke soulève des questionnements sur la relation entre le mal et le bien, sur la définition de la justesse, sur l'aide de la religion, sur la culpabilité, sur le rôle des actes des parents.
Un premier roman que l'on ne feuillette pas avant de dormir, entre deux portes, dans une librairie ou encore sur sa serviette à la plage car la brutalité happe directement, car l'auteur ne prend pas de pincettes, nul artifice dans ce texte. Ce qui rend ce livre fort, puissant, percutant, qui prend aux tripes.
"Le démon de la Colline aux Loups" frappe pour un premier roman par la violence du sujet si bien traité et par la puissance de la plume de Dimitri Rouchon-Borie. Les émotions sont fortes, on aimerait voir la lumière au bout du tunnel, s'accrocher avec Duke aux petits moments de bonheur mais le démon guette.
Avoir le coeur bien accroché il te faut pour partir à la découverte de ce roman à la noirceur éclatante, à la rencontre de cette victime devenue bourreau malgré lui !
La langue choisie par Dimitri Rouchon-Borie pour ce premier roman est un magma vertigineux de sensations, de pensées et d’impressions. Le narrateur est un homme derrière les barreaux, dont l’esprit est bouillonnant et le « parlement » limité, mais qui a pourtant entrepris de mettre des mots sur son histoire et les événements qui l’ont mené jusqu’ici. Par le truchement d’un parler brut et spontané, d’une syntaxe déstructurée à la Kerouac où se mêlent indistinctement narration possédante et dialogues asséchés, l’homme décrit son enfance dont l’horreur va au-delà de ce qui peut être imaginé. Il raconte son parcours dans l’ombre impitoyable de ce passé qui est sa possession, une emprise démoniaque sur sa vie et les choix qu’il a faits.
L’auteur ne verse ni dans le voyeurisme obscène ni dans le pathos larmoyant, et en tant que lecteur, une fois le rythme pris, on se laisse porter par ce verbe animal qui subjugue autant par la forme que par le fond. Le plus surprenant est la perception presque viscérale de cette humanité broyée que le narrateur porte en lui et que l’on ressent à la lecture de ses mémoires. On est au cœur de ses perceptions, de sa compréhension des choses, du combat qu’il mène contre le Démon en lui. Le Démon est ce fardeau transgénérationnel, cet héritage maudit transmis aux enfants qui ont souffert dans leur âme et leur chair, et qui se retrouvent à faire eux-mêmes des choix lorsqu’ils sont devenus grands. Quelle liberté reste-t-il, quelle responsabilité dans les actes commis ? Quelle est la part du destin et celle du libre-arbitre dans une vie qui débute comme un cauchemar ? Ce sont des questions que l’on peut se poser à la lecture de cette histoire tragique et noire, qui marque certainement l’entrée en littérature d’une plume à surveiller avec attention.
Difficile de parler de ce roman stupéfiant et d'une puissance remarquable, retraçant le parcours d'un jeune garçon à l'enfance saccagée, devenu grand.
Duke a vécu l'horreur, la violence, les sévices, la solitude et nous livre ses pensées les plus intimes dans le journal qu'il écrit en prison.
Il raconte son histoire en alternant entre le présent et le passé.
L'écriture est atypique, surprenante et complètement addictive.
Le lecteur est plongé dans un monde très noir mais étonnamment, aussi plein d'humanité, malgré toutes ces monstruosités.
C'est une lecture intense, éblouissante et à la fois, sidérante et très éprouvante à certains moments du récit.
Un livre qui ne se raconte pas mais qui se lit afin de saisir tout le talent de l'auteur et la rareté d'un tel ouvrage.Excellent roman.
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