Le fils de l'homme, de Jean-Baptiste Del Amo

‎25-09-2021 16:10

Le fils de l'homme, de Jean-Baptiste Del Amo

Le Fils de l'homme.jpg

 

Dans une première rencontre avec un auteur, il y a la découverte d’un style. Un roman sans style, ce n’est qu’une histoire. Un roman avec du style, cela devient une œuvre. Avec « Le fils de l’homme », j’ai été éperonné dès les premières pages par cette patte animale et sensuelle qui caractérise la plume de Jean-Baptiste Del Amo. Outre la précision du rythme et du vocabulaire, c’est la densité des images produites qui éveille l’imagination et les sensations. Bien que le prologue m’ait paru un peu long et en rupture avec le reste du roman, il a le mérite d’immerger le lecteur dans cette plume racée, de poser le thème de ce roman comme un mème anthropologique : ce qui se transmet d’un homme à son fils…

 

La quatrième de couverture résonne comme celle d’un roman de David Vann. Isolement au cœur des grands espaces, fardeau transgénérationnel, entrechoquement familial, drame inexorable… Les personnages principaux ne sont pas nommés : le père, la mère, le fils, comme s’ils étaient tous les trois la cible d’imprécations dépassant les frontières de l’identité et du temps.

 

« Après plusieurs années d’absence, un homme resurgit dans la vie de sa compagne et de leur jeune fils. Il les entraîne aux Roches, une vieille maison isolée dans la montagne où lui-même a grandi auprès d’un patriarche impitoyable… »

 

C’est ainsi que débute ce drame dans le huis clos monumental d’une montagne parée de forêts majestueuses. La nature y est décrite avec un amour palpable tandis que les relations entre les trois protagonistes suintent d’affection retenue et d’appréhensions masquées, ce qui contribue à instaurer une ambiance tout à la fois belle et menaçante, comme une bête sauvage en maraude. J’ai apprécié ce roman pour sa puissance évocatrice et son atmosphère qui colle à la peau tel un vêtement alourdi de sueur. Bien que l’issue m’ait semblé prévisible, j’ai refermé ce roman, lu pratiquement d’une traite, encore sous le charme d’un maléfice délicieux.

8 Réponses 8
‎25-09-2021 16:12

Re: Le fils de l'homme, de Jean-Baptiste Del Amo

La photographie en bandeau est sublime. Visage d’enfant en clair-obscur sous l’ombre de feuillages. Ce portrait est signé Jefferson Hayman et le jeune garçon est son fils Beckett, prénommé en hommage au célèbre écrivain, poète et dramaturge irlandais qui reçut le prix Nobel de littérature en 1969.

‎26-09-2021 08:36

Re: Le fils de l'homme, de Jean-Baptiste Del Amo

@dvall Magnifique photo effectivement et un sujet vraiment intéressant.

‎14-08-2023 11:58

Re: Le fils de l'homme, de Jean-Baptiste Del Amo

Un style effectivement...auquel je n'ai pas du tout adhéré malheureusement...

Des phrases à rallonges, avec des adjectifs qui n'en finissent plus, des descriptions sans fin qui alourdissent le propos. La langue est belle certes, riche (trop?) mais elle n'est à mon avis pas au service du récit...

Je n'ai pas réussi à le lire jusqu'au bout découragée. Dommage!

‎22-08-2023 14:08

Re: Le fils de l'homme, de Jean-Baptiste Del Amo

La couverture, le sujet, il me fallait le lire et je le termine aujourd'hui.

 

Voici mon avis :

 

Une mère, un fils et un père qui revient après 6 ans sans nouvelles. On ne saura rien de plus sur eux.

 

On comprend que le père a disparu lorsque l’enfant n’avait que 3 ans et que la mère a dû se débrouiller seule, trimant pour assurer ses besoins et créant entre eux un lien fusionnel.

On sait aussi qu’ils vivent dans « une ville médiocre, sanglée au creux de la vallée, prise en étau par la montagne ».

 

Cette histoire, c’est le retour du père, aussi inexpliqué que son départ, et son besoin viscéral de retrouver sa place dans cette famille qui n’est plus la sienne, de transmettre à l’enfant ce qu’il a autrefois reçu de son père. Alors, pour recréer les conditions de sa propre éducation, il les emmène tous les deux aux Roches, la maison paternelle isolée en pleine montagne.

Elle, enceinte d’un autre homme ; lui, tentant de se racheter malgré une violence difficilement contenue ; et l’enfant, terrorisé, ne comprenant rien à ce que veut ce père inconnu.

 

Il faut se vider l’esprit pour lire ce roman qui accapare tous nos sens car il n’y aura plus moyen de penser à autre chose une fois que l’on sera parti là-haut, aux Roches.

Par l’écriture tellement riche de Jean-Baptiste Del Amo,  les odeurs, les sons, les images, chaque signe de vie de la faune et de la flore, nous emportent corps et âme dans les profondeurs d’un drame que l’on sent inexorable.

 

C’est déchirant, terrifiant, mais c’est aussi grandiose et d’une beauté saisissante.

J’ai souffert pour cette femme victime d’un homme dont elle croyait s’être libérée, j’ai eu mal pour cet homme qui comprend son incapacité à se faire aimer de son fils et surtout j’ai aimé cet enfant de 9 ans qui porte en lui la force de son père et apprend, dans la peur, à devenir grand. Car, malgré tout, et bien qu’il s’en défendra certainement plus tard, il est bien « le fils de l’homme ».

 

Un roman puissant et captivant qui plonge dans les tréfonds d’une transmission primitive, venue des origines de l’humanité.

 

Il y a du David Vann dans ce roman @dvall qui m'a passionnée.

Je vous le conseille @Kittiwake @kryan @Lectrix16 @JG69 @clo73 @MAPATOU @soff78 @spitfire89 @Lex_libris 

‎22-08-2023 14:24

Re: Le fils de l'homme, de Jean-Baptiste Del Amo

@IsaPouteau Je l'ai emmené dans ma valise cet été mais pas eu le temps de le lire. Je le remonte dans le haut de ma PAL, ta chronique m'a complètement séduite. 

‎22-08-2023 15:16

Re: Le fils de l'homme, de Jean-Baptiste Del Amo

@IsaPouteau , un livre que je découvre avec tous vos avis. 


La lecture et les créations sont les meilleurs remèdes contre la morosité.
‎22-08-2023 17:15

Re: Le fils de l'homme, de Jean-Baptiste Del Amo

Je suis curieuse de lire ce que tu en auras pensé @clo73 

‎26-08-2023 17:29

Re: Le fils de l'homme, de Jean-Baptiste Del Amo

@IsaPouteau oui je le dirai c'est sûr je l'ai bien mis dans un coin de ma tête aussi ! Je le ferai réserver la bibliothèque dès que je peux ! Merci pour cette bonne chronique.

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