Franck Bouysse
Ils sont quatre : Matthieu, le lecteur qui ne peut assouvir sa passion qu’en cachette, Marc, l’amoureux des arbres, Luc, le petit dernier, simple d’esprit, et Jean, que personne n’appelle ainsi, même avec l’accent anglais, et Mabel lui convient beaucoup mieux. Ces quatre-là sont unis par leur nom de famille et par les frissons qu’ils se donnent en se suspendant du haut d’un pont, au-dessus de la retenue d’eau du Gour noir, fuyant ainsi l’ambiance délétère de la maison familiale entre une mère bigote (indice quelques lignes plus haut) et un père muré dans un silence post traumatique et enclin à dégainer le ceinturon pour dresser sa progéniture.
Dans la vallée, tout tourne autour de la centrale, conçue et administrée par un fou de pouvoir qui règne en tyran sur la petite communauté rurale, distribuant à son envie le travail et les rôles, en s’accordant les privilèges qu’il estime mériter, y compris le droit de cuissage.
Toute la question est de savoir comment déboulonner cet édifice puissant, comment introduire le grain de sable qui va enrayer le processus…
On s’attache bien sûr rapidement aux personnages, ces quatre gamins déterminés, chacun à sa façon, et prêts à tout pour pouvoir vivre sans se trahir, sans perdre leur âme pour un pouvoir de pacotille.
L’histoire ne manque pas d’accroche, de moments d’angoisse savamment distillée, et l’on accompagne avec frissons et délices le chemin semé d’embuches des gamins.
L’écriture est d’emblée envoutante, avec cette ambiance qui aimante le lecteur, et incite à poursuivre la découverte, sans lâcher le récit.
C’est puissant, c’est fascinant et addictif.
Citations