Les envolés d'Etienne Kern - 5 coeurs

‎08-08-2021 17:45

Les envolés d'Etienne Kern - 5 coeurs

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PREMIER ROMAN

 

" Les gens que nous aimons, nous ne pouvons rien pour eux."

 

4 février 1912. Devant une trentaine de badauds et des reporters qui le filment, un homme s'élance du au premier étage de la tour Eiffel, il veut tester son invention, un "costume-parachute d'aviateur". On l'a prévenu : il n'a aucune chance. C'est une des premières fois de l'histoire qu'une caméra saisissait la mort en direct.

 

L'homme avait trente-trois ans, il s'appelait Franz Reichelt et était tailleur pour dames. Né en Autriche, le jeune homme avait tenté sa chance à Paris, capitale de la mode, il avait réussi à se faire embaucher grâce à son ami Antonio Fernandez. 

En ce début de siècle les français se sont pris de passion pour les aéroplanes, certains construisaient des appareils dans leur arrière-boutique ou dans la cour de leur ferme, des foules se rassemblaient pour admirer ces pionniers qui n'hésitaient pas à lancer leurs gros jouets dans le ciel.

 

Pour son premier roman Étienne Kern a choisi de se pencher sur le geste d'un inventeur qui s'est jeté de la tour Eiffel pour tester le parachute qu'il venait de faire breveter et avec lequel il espérait gagner le Prix Lalance doté d'une belle somme. Étienne Kern remonte le fil de l'histoire de Franz à la recherche ce qui a bien pu mener cet homme à ce geste fou. A cette histoire vraie romancée, il mêle, dans des chapitres en italiques, des éléments intimes dont il n'est pas toujours aisé au début de comprendre le sens ou même de savoir à qui ils s'adressent, je me suis laissée porter par ces passages d'une grande sensibilité qui renvoient pour certains au souvenir de ses propres disparus, autres "envolés". 

Étienne Kern brosse minutieusement le portrait de Franz, un homme réservé et solitaire, hanté par la culpabilité, un homme pour lequel j'ai éprouvé immédiatement beaucoup d'empathie, un homme qui ne rêve pas de gloire et dont les raisons pour mener à terme son projet sont très touchantes. " Franz est appelé par des voix qu'il est le seul à entendre. Il porte son rêve comme une blessure au flanc." L'auteur nous montre bien comment cette invention d'un costume qui imite une chauve-souris déployée mènera le jeune homme au bord de la folie et combien il a été difficile pour la personne qui partageait sa vie de le voir dériver, happé par un rêve où elle n'avait pas de place. 

 

J'avais déjà vu les images du saut de ce parachutiste mais les revoir après avoir lu ce roman est particulièrement émouvant, le voir hésiter puis finalement sauter... Et ce parachute qui ne s'ouvre pas... Des images impressionnantes qui interrogent sur le pouvoir d'attraction des images et qui nous obligent à nous demander si la présence de la caméra n'a pas contribué à ce qu'il n'abandonne pas son projet.

 

Étienne Kern m'a embarquée dès les premiers chapitres de son roman pour ne plus me lâcher. Un premier roman admirablement bien maîtrisé et très sobre. Une écriture ciselée, des personnages bien incarnés, une construction audacieuse, des passages d'une infinie poésie ... Sobriété, pudeur et délicatesse caractérisent ce grand livre. Un auteur à suivre...

 

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