Michael Christie
Lorsque l’on fait la connaissance de Jake, guide sur un îlot encore partiellement boisé de magnifiques pins d’Oregon très anciens, la menace se fait de plus en plus évidente, l’homme a eu la main trop lourde et les dégâts n’en finissent pas de se manifester comme une punition, une ardoise à payer de plus en plus sévère.
A partir de Jake, le temps se prend à défiler à l’envers, la génération précédente puis de chapitre en chapitre, on est convié à l’exploration de la famille jusqu’au couple improbable à l’origine de la lignée.
Les présentations à rebours étant faites, la machine à voyager dans le temps reprend son sens habituel et l’on revivra chaque époque pour compléter l’histoire.
En toile de fond, ces forêts, que certains détruisent quand d’autres tentent de les protéger, sont des personnages à part entières, avec qui l’on souffre lorsqu’ils sont mis à mal, et ce d’autant que nous le devons l’air pur nécessaire à notre survie.
Formidable saga écologique, que l’on déchiffre comme on lit le destin d’un arbre sur les lignes que révèlent sa coupe, c’est aussi un hymne à la nature, et une fresque historique grandiose.
Un grand moment de lecture .
Citations
Ce récit se ramifie de 2038 à 2008 puis vers 1974,1934 et jusqu’en 1908 comme des anneaux de croissances des arbres, devrai-je dire décroissance pour la première partie, avant de repartir dans le sens contraire.
Une forme intelligente élaborée pour le plan du livre pour parler du duramen de l’écologie et de l’oxygène de ce livre.
Une histoire qui se déroule par cycle et nous alerte sur les arbres qui pourraient disparaître dans un vocabulaire idoine, mais dans ce beau roman qui se veut une fenêtre d’alerte écologiste, on lit au cœur de la cathédrale (forêt dans le roman), que les Pèlerins (les hôtes dans le roman) prennent une place plus importante.
La dendrologie laisse place à la généalogie adoptive d’un personnage et le Grand dépérissement s’effeuille quelque peu durant la lecture.
C’est un beau roman, pas un coup de cœur, mais je peu comprendre qu’il est emporté le prix des lecteurs « littérature » 2023 des livres de poche avec une histoire qui s’enracine au fil des pages.
@Kittiwake @IsaPouteau @Ymel Un roman qui me tente bien et comme j'ai l'occasion de l'écouter en livre audio, c'est l'une de mes prochaines écoutes. Vos avis me donnent envie de le découvrir à mon tour.
Merci @Kittiwake , @Ymel pour vos retours de lecture. Voici le mien en partage.
@IsaPouteau , @clo73 , n'hésitez pas plus longtemps et lancez vous dans cette grande aventure familiale et écologique qui vous happera dés les premières pages.
Michaël Christie tente ici de résoudre la question de notre humanité en lien avec l’environnement, ce monde naturel avec lequel nous avons une relation d’inter dépendance dont nous sommes de plus en plus conscients.
C’est au travers des 4 générations de la famille Greenwood, famille qui n’a rien de conventionnel, que l’auteur nous raconte le destin de l’humanité et la façon dont nous avons inconsciemment mis notre avenir en danger en mettant à sac le monde naturel et l’environnement dont nous faisons partie.
La structure de l’histoire est très particulière, elle peut se comparer à celle des anneaux de croissance d’un arbre.
Le livre commence dans un futur proche , en 2038 et remonte le temps jusqu’en 1908 avant d’effectuer le mouvement inverse.
Chaque génération à quelque chose à voir avec les arbres.
Il y a un capitaine de l’industrie forestière en la personne d’Harris Greenwood, une militante écologique Willow Greenwood, un charpentier Liam Greenwood et enfin une scientifique spécialiste des arbres Jake Greenwood.
2038, le « Grand dépérissement a eu lieu, les arbres ont dépéri et de nombreux oiseaux sont tombés du ciel, foudroyés par l’épuisement faute d’avoir trouvé d’arbre où nicher et se reposer. Des tempêtes de poussière envahissent les habitations et les poumons des plus pauvres qui meurent de ne pouvoir se soigner, quand les plus riches vivent dans des tours climatisées, le plus souvent au Canada, qui, pour quelque temps est encore une oasis. Jake Greenwood est dendrologue sur l’Ile de Greenwood (hasard que de porter le même nom que cette île ?), dernier sanctuaire mondial d’arbres millénaires où le « Grand Dépérissement » n’a pas encore œuvré. Pour un salaire de misère qui lui permet de rembourser son prêt étudiant, elle guide dans cette forêt primordiale de très riches « pèlerins » qui paient une fortune pour enlacer des arbres et respirer l’air pur.
2008, Liam Greenwood et Meena violoniste vivent une relation mouvementée et finiront par se séparer . Liam, charpentier de son état, chute lors d’un chantier.
1974, Willow Greenwood, activiste écologique en guerre contre son père, va chercher son oncle Everett à sa sortie de prison. Quel crime a-t-il bien pu commettre pour mériter trente-huit ans d’incarcération ?
1934, Everett trouve un bébé dans une couverture clouée à l’un des arbres de l’érablière de RJ Holt sur laquelle il vit clandestinement et récolte le sirop d’érable. Parallèlement son frère, Harris Greenwood, est devenu un riche capitaine de l’industrie forestière.
1908, la collision de deux trains laisse deux orphelins miraculés, Harris et Everett.
Cette histoire aborde les sujets de la transmission et de la dégradation de l’environnement. Il traite également du disfonctionnement familial, des conflits entre les générations et des traumatismes qui se transmettent de l’une à l’autre. Le tout agrémenté d’un irrésistible mystère que l’auteur sait entretenir jusqu’au bout.
Ce livre a été finaliste du « Giller Prize » et a été récompensé par le « Arthur Ellis Award du Meilleur roman » avant de remporter chez nous le « Prix des lecteurs du Livre de poche 2023 », il sera très prochainement adapté en série.
L’auteur, Michaël Christie, vit au plus proche de la nature avec sa famille sur une petite île près de Vancouver où il y a construit lui-même sa maison avec les arbres qui se trouvaient sur sa propriété.
Ce pavé de 668 pages extrêmement bien construit entretient une tension permanente et nous met au supplice car le mystère est bien gardé . Tous les petits cailloux blancs semés au fil des chapitres se mettent en place peu à peu pour nous révéler ce secret de famille d’où tout découle. Nous sommes happés par ces personnages qui tous portent le fardeau hérité des générations précédentes et du poids des non-dits.
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